10h37 : l’heure du crime. C’est dans la matinée parisienne que le gang des Anglais, mené par son chef charismatique Tom Mitchell, est venu braquer les champions olympiques fidjiens. Leaders du classement mondial, invaincus depuis 25 matchs avant d’arriver à Paris, les coéquipiers de Semi Radradra avaient les poches pleines. Ils n’avaient plus qu’à déposer à la banque leur butin dimanche soir au terme du tournoi.
Mais les joueurs du Pacifique avaient montré en phase de poules la veille, notamment face au Kenya, qu’ils n’étaient pas souverains dans la capitale. Peut-être trop surs d’eux, ils n’ont pas été suffisamment attentifs. L’occasion était trop belle pour les Red Roses de Tom Mitchell. Au pays des Peaky Blinders, détrousser est un art. Et les Fidjiens l’ont appris à leurs dépends (17-19).

L’Afrique du Sud remercie l’Angleterre…

La question était alors : à qui profite ce crime ? Aux Anglais ? Surement un peu puisqu’ils se sont qualifiés pour les demi-finales - puis la finale - du tournoi. Aux Néo-Zélandais qui avaient perdu la veille en phase de poules face à ces mêmes Fidjiens et voyaient alors d’un bon oeil leur sortie précoce ? Peut-être. Mais les grands gagnants de toute cette histoire étaient probablement les Blitzboks. Deuxièmes mondiaux avec 7 points de retard sur les Fidji, les Sud-Africains s’avèrent être les grands gagnants de cette défaite des hommes du Pacifique. Avec ce revers, les coéquipiers de Senatla ont l’occasion d’aller cueillir le titre mondial s’ils vont remporter le tournoi de Paris.

Mais pour ça, il faut passer différents écueils, à commencer par l’Espagne en quart de finale. Peut-être pris par l’enjeu, les Blitzboks peinent à rentrer dans leur match. Au contraire, les coéquipiers de Pol Pla leur donnent du fil à retordre. Il faut finalement une prolongation haletante pour voir Geduld, à bout de forces, marquer l’essai de la victoire (15-10). Plus compliquée sur le papier, la demi-finale face à Nouvelle-Zélande s’est finalement avérée plus simple sur la pelouse avec un Dewald Human très inspiré pour casser la défense black (24-12).

Avant de la battre en finale !

En finale, l’Afrique du Sud retrouve donc son alliée du jour, l’Angleterre. Celle sans qui rien de tout cela n’aurait été possible. L’occasion de voir si les Anglais étaient vraiment là au service des Sud-Africains. Car avec la cinquième place finale des Fidjiens lors de cette étape parisienne, les Blitzboks étaient dans l’obligation de s’imposer pour récupérer in extremis la première place mondiale et réaliser le doublé. Le début de match donne le ton, l’Angleterre agit à son propre compte. Et si le cerveau est bien Tom Mitchell, le chef de chantier se nomme Dan Norton. Décisif sur l’essai de Lindsay-Hague, le meilleur marqueur de tous les temps s’offre en solitaire son 299eme essai sur le circuit (14-7). Les Fidjiens y croient et deviennent pour un instant les supporters de leurs bourreaux.

Sauf que face à eux, les Anglais ont une jeunesse triomphante. Fougueuse, talentueuse. Kok et Senatla pas ou plus utilisés en deuxième période, Afrika et Smith absents, c’est l’avenir qui a pris le contrôle du présent. Chez les Boks, l’avenir porte deux noms Dewald Human et Justin Geduld. Désigné, homme du match, le premier nommé a pris du plaisir : « Ça a été une fantastique expérience pour moi. L'entraîneur m'a dit de prendre du recul et de savourer chaque minute sur ce terrain. Nous sommes restés fidèles à notre plan de jeu et maintenant nous pouvons savourer notre victoire. »

À 24 ans, Geduld aussi peut savourer. L’ouvreur a régalé avec des transformations en coin passées avec succès et une pénalité qui a scellé le sort du match (14-24). Étouffés, les Anglais doivent lâcher le butin amassé face aux Fidjiens et le donner aux Sud-Africains. Vainqueur du tournoi, vainqueur des World Series lors de cet ultime rendez-vous, l’Afrique du Sud a réussi le casse du siècle !

L’équipe de France prépare l’avenir

Jérôme Daret avait prévenu, cette fin de saison serait compliquée pour les Bleus. Derniers lors de trois des quatre tournois précédents, les Tricolores venaient à Paris avec l’envie de bien faire mais en manque de confiance. Privée de cadres (Dall’Igna, Lakafia), l’équipe de France a retrouvé Veredamu mais c’était insuffisant pour aller chercher mieux qu’une 11eme place finale. Le manager a néanmoins pu compter sur quelques jeunes joueurs qui ont eu l’occasion de se montrer comme Pierre Boudehent ou encore Kevin Bly. Déjà intéressant la semaine passée à Londres, l’ailier de Vannes a montré qu’il avait les qualités athlétiques pour s’imposer au top niveau à l’image de son essai en solitaire de 117 mètres ! Si le présent n’est pas forcément joyeux, l’avenir pourrait sourire à cette équipe de France.