Qu’il semble loin le début de saison où les Fidji luttaient pour accéder aux demi-finales des différents tournois ! Quatrièmes à Dubai, cinquièmes au Cap, sixièmes à Sydney, les champions olympiques en titre étaient l’une des déceptions du début de saison. Avec un effectif remanié, beaucoup de nouveaux joueurs, les Fidjiens avaient besoin de prendre leurs marques. Trois mois jour pour jour après le tournoi australien, les nouveaux n°1 mondiaux sont sur une autre planète.

Depuis Sydney, les Fidjiens ont disputé six tournois pour un bilan éloquent : quatre victoires et deux finales. Dans le détail, cela donne des « échecs » à Las Vegas et lors des Jeux du Commonwealth pour des sacres à Hamilton, Vancouver, Hong Kong et Singapour. Un parcours presque parfait qui s’est donc poursuivi à Singapour. Opposés à l’Australie en finale, les coéquipiers de Nacuqu, auteur d’un doublé, ont réussi à prendre la mesure des Aussies au terme d’une finale à couper le souffle (28-22).

Le match de l’année

Les supporters Fidjiens imaginaient certainement que leur équipe avait fait le plus dur en venant à bout de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du sud en quart et demi-finale. Mais la finale face à l’Australie allait réserver une toute autre histoire. Un scénario hitchcockien. Dans le sillage de Nacuqu, les Fidjiens ont rapidement accéléré pour prendre dix points d’avance (10-0). Mais Ben O’Donnell, resplendissant tout le week-end, a porté l’Australie sur ses larges épaules pour recoller et donner un match à suspense (10-10). Et si les Fidjiens pensaient avoir fait un nouveau break décisif (10-21), Quinn puis Porch, d’un plongeon hors-normes en coin ont donné un premier avantage aux Aussies à 30 secondes du terme (21-22).

Pour Tim Walsh, l’ancien coach de l’équipe féminine et qui menait pour la première fois l’équipe masculine australienne, l’explosion de joie est proche. L’Australie a fait le plus dur, d’autant plus qu’elle inscrit un nouvel essai, finalement refusé pour un en-avant qui offre une dernière possession aux Fidji.

Les champions olympiques savent manoeuvrer dans de telles conditions et Naduva, dans le couloir des 5 mètres dans ses 22 mètres, tente sa chance en solitaire. Au bout d’une course de 80 mètres et après 19 minutes de jeu, il peut s’écrouler derrière la ligne d’essai et voir tous ses coéquipiers lui sauter dessus (28-22). « Je suis sans voix, a soufflé Jerry Tuwai qui n’arrivait toujours pas à réaliser quelques instants après le coup de sifflet final. L’Australie a été excellente et nous a donné du fil à retordre. »

Les Fidjiens, n°1 mondiaux

Cette finale, inattendue sur le papier, a offert un spectacle exceptionnel qui a enchanté le monde du rugby. Pour les Fidjiens, ce succès signifie également une troisième victoire consécutive en World Series après Vancouver et Hong Kong. Une performance loin d’être anodine sur ces trois dernières années puisqu’elle n’a été réalisée que par les Blitzboks de Senatla la saison dernière.

Ce titre offre également la première place mondiale aux Fidjiens qui dépassent… les Blitzboks, seulement quatrièmes, leur plus mauvais résultat de la saison. « Nous avions deux objectifs cette saison, les Jeux du Commonwealth et les World Series, expliquait après coup Jerry Tuwai. Gagner ce tournoi va booster le moral des troupes avant les tournois de Londres et Paris. »

Côté français, ce tournoi de Singapour sera à oublier. Jamais dans le coup, battus à trois reprises en phase de poules, les hommes de Jérôme Daret ont enchaîné avec deux nouvelles défaites en Challenge Trophy. Derniers de l’épreuve, les Tricolores vont devoir se remettre avant l’arrivée en Europe des World Series. Douzième mondiale, l’équipe de France vit une saison compliquée mais qui aura permis à de jeunes joueurs de découvrir le haut niveau.