« C'est un tournoi mi-figue, mi-raisin », admet sans fard Didier Retière, le directeur technique national de la fédération française de rugby (FFR). Ce Tournoi des 6 Nations 2018 semblait mal engagé : un nouveau staff qui n'a que quelques semaines pour mettre en place un schéma de jeu et une équipe soudée, un nouveau management à imposer, des premiers matches difficiles (deux défaites d'entrée de jeu contre l'Irlande et l'Ecosse), puis deux éclaircies (victoire contre l'Italie puis l'Angleterre) avant de céder face au Pays de Galles.

Retière voit deux aspects à ce résultat. D'abord le positif : « on a la satisfaction de retrouver un groupe motivé, volontaire, avec des joueurs qui sont impliqués dans le projet et qui ont relevé le défi. Et on peut se dire qu'on n'est vraiment pas loin. D'ailleurs, je pense que le public l'a ressenti. L'équipe a regagné une bonne dose de sympathie et on en avait tous besoin. »

"L'équipe a regagné une bonne dose de sympathie et on en avait tous besoin !"

Didier Retière

Ensuite le négatif : « après, ce qui est rageant, c'est de se dire que ce sont des détails, mais qui reviennent trop souvent. Il y a encore beaucoup de travail. On reste fragile sur certaines choses, on est capable de produire le mieux et à certains moments on fait des erreurs, on n'est pas attentif et ça ne pardonne pas dans le rugby de haut niveau. »

« On a retrouvé un standing »

En clair : « On est dans un entre-deux. Je pense que l'on a rétabli ce qui doit être le minimum d'une équipe de France - c'est à dire un engagement, des gens impliqués à 100%, qui sont contents d'être là – et maintenant c'est le travail qui doit se mettre en place. Les joueurs doivent être acteurs de leurs ambitions et de l'ambition de l'équipe de France », assure le DTN.

Selon lui, le nouvel état d'esprit du staff, de nouveaux schémas de jeu simplifiés (face auxquels les joueurs ne peuvent plus se sentir perdus), un management basé sur l'écoute et l'intégration du joueur dans la stratégie ont insufflé des éléments positifs. « On a montré qu'on était compétitif car ça se joue à un drop à la fin (celui de Sexton contre l'Irlande, ndlr) et à une pénalité contre les Gallois et tu peux finir deuxième du Tournoi sans faire de scandale. On est très près et on est en train de retrouver un standing. Mais il nous reste une marge par rapport aux plus grandes équipes du monde et c'est là-dessus qu'il faut qu'on travaille. »

Prochain rendez-vous face à la Nouvelle-Zélande

Les grandes équipes du monde, ce sera notamment celle de Nouvelle-Zélande, le prochain rendez-vous du XV de France au mois de juin. Pas facile de gagner en confiance face à la meilleure équipe du monde qui n'a pas l'habitude de montrer des faiblesses et faires des cadeaux aux visiteurs, surtout sur ses terres.

« A l'inverse, t'as aucune pression ! », nuance Retière en retournant le problème. Même si d'aucuns ne donnent pas de grandes chances de victoire aux Tricolores. « Les seules choses sur lesquelles il va falloir travailler, c'est de bien jouer au rugby, de faire des bons matches et après on verra bien. Il n'y a pas de pression à avoir », assure Didier Retière.

« On sait que les problèmes de tournée seront dans trois mois, après pas mal de journées de Top 14, ce qui veut dire que le groupe ne sera pas au niveau de ce qu'il a été pendant le Tournoi. Pour les coachs, c'est toujours difficile de repartir presque de zéro à chaque fois. » Mais ils le feront. Car à ce moment, on ne sera plusqu'à quinze mois du coup d'envoi de la Coupe du Monde de Rugby au Japon.