Il porte le numéro international 1105. A 21 ans passé, le trois-quart centre de l'équipe de France affiche seulement cinq sélections depuis la tournée du XV de France en Afrique du Sud l'été dernier – la dernière ayant été hier soir contre le Japon - mais n'a pas tardé à taper dans l'oeil des observateurs.

Il fait partie de la short list des nominés au titre de Révélation de l'Année aux World Rugby Awards qui seront décernés à Moncao ce dimanche 26 novembre 2017. Il est à ce titre en compétition avec deux autres futures légendes du rugby international : l'Argentine Emiliano Boffelli et le Néo-Zélandais Rieko Ioane.

« C'est une belle nomination et j'en suis très content », concède-t-il. « Après, ce n'est pas une fin en soit. Il faut continuer à travailler car je n'ai rien gagné. Ca fait plaisir, mais il faut garder les pieds sur terre. »

"Il faut continuer à travailler car je n'ai rien gagné. Ça fait plaisir, mais il faut garder les pieds sur terre."

Damian Penaud

Fils de l'ancien joueur Alain Penaud, il a fait ses classes au CA Brive Corrèze, dans le club de papa, avant d'être détecté par le centre de formation de l'ASM Clermont Auvergne avec qui il s'engage et avec qui il est sacré champion de France à seulement 20 ans. « On a fait une très bonne saison avec Clermont. Cette équipe m'a permis de m'exprimer tout au long de la saison. Je remercie surtout mon équipe avec qui nous sommes allés chercher ce bouclier à la fin », dit-il.

Satisfaction

Selon lui, cette nomination au titre de Révélation de l'Année provient en partie de cette année faste en club. Mais c'est aussi ses performances sous les ordres de Guy Novès qui l'ont révélé au public international. Déjà lors de la tournée décevante du XV de France en juin 2017 en Afrique du Sud où malgré les trois défaites concédées, il s'en sort grandi. Et puis aussi son entrée contre l'Afrique du Sud alors que la France est menée de huit points ce samedi 18 novembre au Stade de France.

« Quand je rentre à la 60e, je me dit qu'avec la fraîcher physique du banc on peut amener quelque chose (la France est alors menée 10-18, ndlr). Je me suis dit qu'il fallait qu'on aille chercher deux essais, ou un essai et deux pénalités et donc qu'il fallait envoyer du jeu pour essayer de les surprendre et de les bouffer dans nos déplacements. Tout le monde était peu cuit, ça tapait beaucoup. J'ai essayé d'apporter ma pierre à l'édifice. Mais je n'ai pas trop réussi... J'étais déterminé », raconte-t-il après coup. La France échouera d'un point, mais Penaud sera l'une des satisfactions du staff ce soir-là à un point tel qu'il sera titulaire contre le Japon une semaine plus tard.

Ce que le haut niveau lui a apporté

Cette expérience du haut niveau international n'a pas tardé à lui servir au quotidien. « L'expérience du haut niveau m'a apporté pas mal de choses, mais surtout la gestion du stress », confie-t-il. « Quand on joue au haut niveau et qu'on retourne en club disputer des matches importants, je suis moins stressé, plus tranquille. Ca reste un match de rugby ; il ne faut pas se poser 10 000 questions. Ca m'a aidé à me canaliser avant les matches. »

"Il a une capacité à saisir les opportunités à sentir les faiblesses de son adversaire direct. C'est inné."

Fabien Pelous

C'est avec les U20, en deux saisons, qu'il commence véritablement à éclore sur la scène internationale. « Au tout début, lorsque j'ai fait ma première apparition contre l'Irlande, j'étais très stressé car j'avais peur de mal faire. J'étais remplaçant et on perdait, mais pas de beaucoup. J'avais peur de mal faire et de faire basculer le match. Après, les matches se sont enchaînés et j'ai pris confiance en moi. Les joueurs qui jouaient avec moi m'ont beaucoup aidé aussi », dit-il, prudent à ne pas attirer la lumière sur ses épaules.

Pelous : « c'est logique... »

En 2015, son manager de l'époque n'est autre que Fabien Pelous chez les moins de 20 ans. Cette nomination au titre de Révélation de l'Année 2017 ne le surprend pas. « J'ai toujours pensé que ce serait un joueur qui arriverait au haut niveau », dit Pelous, fier de l'avoir accompagner chez les plus jeunes.

« Les circonstances et les choix de club font qu'on est plus ou moins valorisé. C'est un joueur qui a un physique important mais qui a surtout un instinct incroyable pour le rugby. Il a une capacité à saisir les opportunités à sentir les faiblesses de son adversaire direct. C'est inné. C'est pour cela que je trouve logique qu'il se retrouve parmi les nominés cette année. »

Lièvremont : « J'ai rarement vu ça chez un jeune... »

L'année suivante, il passe entre les mains du manager Thomas Lièvremont. « Ce gamin est doué d'un physique hors norme ; j'ai rarement vu ça chez un jeune : autant de puissance, d'aisance, de capacité à accélérer... », confie l'ancien manager des moins de 20 ans.

"Sa plus grande chance, et j'espère que ça va durer le plus longtemps possible, c'est que c'est quelqu'un d'assez insouciant."

Thomas Lièvremont

« C'est vraiment un gamin très doué physiquement. Après, rugbystiquement, il a encore une grosse marge de manoeuvre de progression. Il a vraiment du travail à faire. Avec nous, il avait franchi un cap sur la lecture défensive. Il avait compris l'importance de défendre collectivement. Et aujourd'hui, ce qui lui manque, c'est sans doute un peu de justesse technique dans la haute intensité. Mais c'est un gros travailleur qui est bien pris en main. Sa plus grande chance, et j'espère que ça va durer le plus longtemps possible, c'est que c'est quelqu'un d'assez insouciant. Il ne se met pas une énorme pression. Il essaie de jouer en prenant le plus de plaisir possible et c'est sans doute pour cela qu'il est bon. Et ça se voit ! C'est un joueur à la recherche du plaisir. »

Damian Penaud partage ce constat. « Une carrière c'est long et ça peut très vite nous échapper. Il faut travailler pour rester toujours au niveau », assure-t-il. « Joueur de l'Année ? Il va falloir encore attendre un peu ! Je n'ai pas encore assez d'expérience et de maturité. J'ai encore beaucoup de choses à travailler. Je pense que c'est très, très loin. »