« 136, c'est un numéro qui me parle depuis quelques semaines… », sourit Fabien Pelous... « Mais pour moi, c'est un numéro comme un autre. » Le géant – à deux centimètres du double-mètre – n'est pas du genre à chercher les honneurs. Et pourtant, il y a quelques jours, il a reçu un message de John Eales, son alter-ego australien, lui annonçant son entrée prochaine dans le Hall of Fame de World Rugby, sous le numéro 135. « Je savais que ça existait, mais je ne m'attendais pas du tout à être nominé », nous confie l'intéressé. « Peut-être plus tard... quand je serais plus vieux... par rapport à l'ensemble de mon œuvre... Mais là, non. C'est une grande fierté de rentrer dans ce cercle assez fermé. »

Le joueur français le plus capé de l'histoire

Né le 7 décembre 1973 à Toulouse, Fabien Pelous est entré dans l'histoire du rugby tricolore et international comme étant le joueur français le plus capé de l'histoire avec 118 tests en 12 ans de carrière.

"Le point de départ, il est là : c'est le petit bonhomme qui m'a vu, un peu grand, et qui m'a dit qu'il allait m'inscrire au club..."

Fabien Pelous

Véritable totem dans le pack des Bleus entre 1995 et 2007, il a été le premier deuxième-ligne et le deuxième Français, après Philippe Sella, à avoir passé le cap des 100 tests. Alors que les Wallabies surnommaient John Eales (lui aussi deuxième-ligne et capitaine de l'équipe) « Nobody » - parce que « Nobody is perfect » - Pelous se décrivait comme « moyen »... Il a pourtant mené l'équipe de France à 42 reprises, dont lors de deux Coupes du Monde de Rugby (1999 et 2003) avant de céder le brassard de capitaine à un autre du pack, Raphaël Ibanez, pour son troisième mondial en 2007. Seul Thierry Dusautoir a été capitaine plus souvent.

En 18 ans de carrière, Pelous a passé 12 ans avec Toulouse avec qui il a remporté deux championnats européens, et trois championnats de France avant d'annoncer sa retraite à la fin de la saison 2008 – 2009.

11e français à être intronisé

Vendredi 10 novembre, il fera son entrée officielle dans le panthéon des légendes internationales du rugby. « C'est quelque chose d'assez marquant », admet-il. « Dans la rue, les gens me remercient encore spontanément. Mais à l'international, avoir une telle reconnaissance, ça veut dire que j'ai un peu marqué le monde du rugby et pas que la France du rugby.

« Je ne suis pas le seul à avoir beaucoup de sélections. Mais je pense qu'il y a à travers ça une reconnaissance d'un certain rugby d'engagement... Je suis plutôt un joueur d'engagement. Avoir porté ce rugby-là et que ce soit reconnu à travers moi, ça me fait plaisir, même si je me régale devant le rugby maintenant. »

Il sera le 11e français à être intronisé. Avant lui, on compte Pierre de Coubertin (en 2007), Philippe Sella (2008), Serge Blanco (2011), Lucien Mas (2011), Jean Prat (2011), André Boniface (2011), Nathalie Amiel (2014), Jo Maso (2014), Marcel Communeau (2015) et Jean-Pierre Rives (2015).

Fabien Pelous ne sera que le 2e deuxième-ligne français – derrière Lucien Mias – à faire son entrée. « Deuxième-ligne ? C'est une denrée rare », rigole-t-il. « Ce n'est pas une question de poste, mais de joueurs qui ont marqué leur temps. Serge Blanco était arrière mais a commencé ailier. Mais au-delà de son poste, c'est ce qu'il a fait sur le terrain... J'ai joué une finale de Coupe du Monde n°8 et tout le monde sait bien que je suis deuxième-ligne ! »

Le rugby des anonymes

Le jour de son intronisation, dans la ville de Rugby, Pelous aura une forte pensée pour les siens, pour ceux qui l'ont précédé, comme pour ceux qui ont hissé haut ce grand gaillard alors qu'il n'était qu'un gamin.

« Je suis allé dans mon club d'origine il y a quelques jours, pour aller voir l'équipe-fanion. Un club de 3e division près de Toulouse... Ça m'a ramené au fait que cette nomination-là, je la partage avec tous ceux qui ont œuvré pour que j'en arrive là : le formateur, celui qui m'a incité à aller au rugby, les entraîneurs qui m'ont fait confiance.

« Le point de départ, il est là : c'est le petit bonhomme qui m'a vu, un peu grand, et qui m'a dit qu'il allait m'inscrire au club et tout est parti de là. Ce sont aussi ces gens-là, ces anonymes qui œuvrent aussi pour le rugby et qui font qu'ils ont réussi à mener ce grand gamin jusqu'à inscrire son nom dans le temple du rugby... »