A 29 ans, Inès Souissi rechausse les baskets. On l'avait quitté en juillet 2016 après une déception, celle de n'avoir pu se qualifier pour les JO de Rio au tournoi de repêchage à Dublin. « J'ai fait une pause pendant presque six mois avec l'équipe nationale, mais je suis revenue pour la Coupe d'Afrique, qualificatif à la Coupe du Monde », dit-elle.

C'est ce week-end que l'équipe féminine de rugby à 7 joue en effet sa place pour San Francisco 2018. A la clé du Rugby Africa Women’s Sevens Championship, une place sera décernée pour figurer sur le tournoi mondial. « Ça me plaît trop car je souhaite terminer ma carrière en rugby avec la Coupe du Monde », s'enthousiasme la jeune fille.

Une poule A relevée

En 2013 déjà, la Tunisie avait réussi à se qualifier. Elle était tombée dans la Poule A. Pas une mince affaire face aux mastodontes du rugby à 7 mondial : la Nouvelle-Zélande, le Canada et les Pays-Bas. Sans surprise, la Tunisie n'avait rien pu faire, tout juste inscrire trois points face aux Pays-Bas (défaite 26-3), mais mangée toute crue par les Black Ferns Sevens (36-0) puis les Canadiennes (43-0) ; les deux équipes allaient d'ailleurs s'affronter en finale.

« Je n'ai joué que deux minutes », se souvient Inès. « J'étais nouvelle, c'était ma première expérience. C'était une grande fête. Je faisais partie du groupe de 12 filles. »

Pour gagner sa place à San Francisco, la Tunisie devra se défaire de l'Ouganda et du Maroc avant de finir contre le gros morceau de cette Poule A, l'Afrique du Sud. « On espère que le groupe va se qualifier. C'est un rêve pour nous », assure Inès.

Les mêmes insoumises

Avec les filles, elle forme le groupe des insoumises de Tunisie qui avait déjà fait parler d'elles avant le tournoi de repêchage aux JO en 2016. « La société pense qu'une fille doit être douce, fine, se marier et ne doit pas faire ce sport-là. Surtout pas jouer au rugby ! Je ne voulais pas être comme ça, et c'est pour ça que je me trouve là. J'ai jugé que je ferais ce sport et je le ferais », nous confiait-elle alors.

"Notre objectif est de montrer au plus grand nombre qu'on existe, que les filles peuvent tout faire..."

Inès Souissi

Un an après, rien n'a changé selon elle. « En un an, le regard sur le rugby féminin n'a pas tellement changé. Quelques personnes essaient de le changer, mais c'est toujours considéré comme un sport où les filles n'ont pas nécessairement leur place. Notre objectif est de montrer au plus grand nombre qu'on existe, que les filles peuvent tout faire. »

Plus que jamais motivées, portées par le public et l'ambition de briller sur la scène internationale, les Tunisiennes ne veulent pas laisser passer leur chance. « Ce sont les mêmes insoumises. On joue avec le cœur, nous les Tunisiennes. Il nous manque beaucoup de choses, mais on essaie de se battre et d'être les meilleures. Et puis, cette poule difficile nous pousse encore plus à être les premières. On espère faire de grandes choses Inch'Allah... »