Meilleure marqueuse de points dans toute l'histoire du HSBC Women’s World Rugby Sevens Series, meilleure joueuse du monde en 2015 et médaillée d'or à la Coupe du Monde de Rugby à 7, l'ailier de la Nouvelle-Zélande Portia Woodman est plus connue pour ses exploits dans le format court du rugby.

Mais il y a quelques mois, en novembre 2016 face au public irlandais, elle a donné un bel aperçu de ce qu'elle peut également apporter au rugby à XV pour la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2017.

Même si son nombre d'essais en rugby à XV est de neuf en onze tests, ses débuts internationaux remontent à 2013 contre l'Angleterre. Et à 26 ans, Portia estime qu'elle n'a pas encore atteint son meilleur niveau à XV.

« C'est vrai que je suis bien plus à l'aise sur le terrain à 7 et que j'ai trouvé difficile de m'adapter au XV. C'est plus mental, plus stratégique », reconnaît-elle. « Tu dois t'exprimer beaucoup plus au 7 parce qu'il y a moins de monde sur le terrain, mais j'adore le défi qu'offre le XV pour arriver à créer des espaces notamment. Je suis toujours un perdue parfois et je pose beaucoup de questions aux joueuses autour de moi, mais elles tolèrent mon apprentissage ! »

Sevens Uncovered: Portia Woodman
New Zealand star Portia Woodman has been a shining light in rugby sevens and continues to lead the way

Woodman vient d'un environnement dédié au rugby avec son père et son oncle qui étaient All Blacks dans les années 1980. Mais son arrivée directe dans le rugby ne remonte qu'en 2012 lorsqu'elle est passée du haut niveau en netball à l'équipe des Black Ferns Sevens, en même temps que sa collègue Kayla McAlister, probablement la seule joueuse du groupe qui peut la battre sur un sprint.

Avec sa vitesse, Woodman est une menace sérieuse pour les défenses adverses. Pour autant, elle recèle d'autres atouts. « Ma vitesse me vient bien sûr du netball – semer quelqu'un ou le chasser », dit-elle. « Un terrain de netball est de 30 mètres de long et à mon poste, tu es seulement autorisé à courir deux tiers de la longueur. Tu dois être rapide et agile, mais aussi être amené à sauter. Toutes ces compétences, je les ai transposées au rugby. »

Ceci dit, Woodman peut s'en vouloir d'avoir suivi son instinct de netballeuse lorsqu'elle a pris un carton lors de la finale des Jeux olympiques de Rio 2016 contre l'Australie qui a coûté aux Black Ferns 7s la médaille d'or. On se souvient des larmes de Woodman après le coup de sifflet final. « Juste après, je suis allée voir ma mère, mon père et ma famille qui avaient fait le voyage et ils m'ont dit : tu as une médaille d'argent, tu n'as pas à avoir honte. Nous sommes revenues en Nouvelle-Zélande, nous avons visité sept villes en sept jours et là on s'est vite aperçu de l'impact que l'on avait », se rappelle-t-elle.

L'héritage des Black Ferns

Rapporter à la maison le trophée de la Coupe du Monde aurait aussi un impact extraordinaire en Nouvelle-Zélande, surtout après la 5e place décevante du tournoi mondial 2014 en France pour les quadruples championnes du monde.

« L'autre jour, j'ai demandé à une paire de filles qui avaient joué pour les deux Coupes du Monde, à XV et à 7, comment c'était. Elles m'ont dit que c'était un peu la même chose. Je pense que c'est tout simplement ce que laissent les Black Ferns à la Coupe du Monde qui les rend différentes. Il y a toujours de la pression lorsque tu es une équipe de Nouvelle-Zélande qui joue au rugby. Mais peut-être pas cette fois car nous ne sommes pas têtes de série. Espérons que l'on s'en sorte bien. »

A la deuxième place du classement mondial après avoir perdu face à l'Angleterre lors de l'International Rugby Women's Series au mois de juin, la Nouvelle-Zélande se retrouve dans la Poule A face au Canada - 3e mondial – au Pays de Galles et à Hong Kong.

Woodman considère que son équipe a joué entre 40 et 50 % de ses capacités contre le Canada la dernière fois que les deux équipes se sont rencontrées. Les Blacks Ferns l'avaient emporté 28-16. Pour autant, elle considère que ce ne sera pas simple de les battre à nouveau en Irlande.

Concernant leurs deux autres adversaires, Woodman confie : « ce sont deux équipes totalement différentes. Je pense que le Pays de Galles ne va rien lâché. Les filles vont être très bonnes. C'est un pays de rugby, qui joue dans le 6 Nations et qui a plus de temps de jeu que nous. Elles vont être difficiles à jouer. Nos avants vont avoir du boulot et les arrières vont devoir faire preuve d'opportunisme.

« Quant à Hong Kong, par rapport à ce qu'on m'en a dit, c'est un pays dont il faut se méfier. Elles étaient là il y a une paire de mois, à s'entraîner et à jouer contre les équipes régionales. Elles sont physiques et même si leur niveau n'est pas si élevé, elles ne vont rien lâché non plus. »

Un peu comme Woodman lorsqu'elle s'approche de la ligne.