Une septième place au classement de l'étape parisienne. Maigre résultat de l'équipe de France à 7 comparé à sa troisième place sur le même tournoi l'an passé, mais un bien meilleur classement que le reste de l'année où les Français commençaient à être habitués à une place en dehors du Top 10. Pourtant, avec deux victoires pour trois défaites, le HSBC Paris Sevens ne restera pas dans les mémoires pour le coup que l'équipe aurait pu réaliser. L'engouement populaire – 40 000 billets vendus et 517 000 € de recette selon le président de la fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte – le sacre de l'Afrique du Sud, le soleil et une parfaite organisation font de ce Paris Sevens un événement important sur le circuit mondial.

Barraque l'éclair

Dans cet écrin, d'aucuns espéraient que l'équipe de France serait transcendée. Elle l'a été en partie d'entrée de jeu en battant le Kenya 14-22. Le match à ne pas perdre en attendant l'Angleterre (défaite 24-7) puis l'Espagne (victoire 33-0) pour espérer se qualifier en quart de Cup.

« On a toujours l'impression qu'on n'est pas loin, mais le gouffre est énorme par rapport à l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Angleterre, les Fidji... », analyse Nicolas Dupin de Beyssat qui a commenté le tournoi sur les antennes du groupe Canal tout le week-end. « On a un peu tremblé pour le goal average avec l'Angleterre et du coup mentalement les joueurs étaient au bord du trou. On a une équipe qui, contrairement aux années précédentes, quand elle prend le bouillon, elle prend le bouillon. Heureusement que le Kenya n'a pas fait un coup ! Techniquement, c'est difficile contre l'Angleterre et contre l'Espagne il faut cinq minutes pour ouvrir le score et encore, sur un éclair de Barraque qui est le seul vrai joueur de niveau mondial ! Popelin est un immense espoir et Jacquelain a fait des rentrées intéressantes. »

Jean-Pascal Barraque figure dans l'équipe-type du HSBC Paris Sevens. Il termine troisième meilleur marqueur de points (37) derrière l'Américain Perry Baker (40) et l'Ecossais Scott Wight (39), ainsi que quatrième meilleur marqueur d'essais (5) à un essai de l'Anglais Dan Norton (et trois de Perry Baker).

La force du collectif

Si pour certaines équipes le fait de jouer à domicile peut apporter un plus, compte tenu de la situation – beaucoup de joueurs et l'entraîneur en partance après le tournoi de Londres, des cadres de l'équipe blessés et la 12e place au classement général avant le tournoi - la pression semblait différente pour l'équipe de France.

« Le premier jour, ils n'ont pas réussi à se libérer ; ils sont arrivés tendus, fermés. Ils avaient peur de passer tellement à côté devant leur public et les caméras », remarque Dupin de Beyssat. « Contre le Kenya, c'était chaud, mais ça passe. Ils ont la bonne vision, ils savent comment il faut jouer, les

schémas sont clairs et établis. Le schéma de départ de tous les matches, c'est de jouer comme l'Ecosse. Et à chaque fois, les individualités prennent le dessus sur le collectif... »

C'est d'ailleurs ce que se reprochaient les joueurs après leur défaite face à l'Angleterre, comme le confia Jonathan Laugel, ne se trouvant aucune excuse à ne pas avoir répondu présent.

« Quand tu reviens en collectif en fin de match, comme contre l'Espagne, tu les atomises ! », rappelle Dupin de Beyssat. « C'est là où des nations comme l'Ecosse ou le Pays de Galles sont remarquables car elles sont capables de faire tourner le ballon, où l'individu s'efface face au collectif. Et ça marche ! L'Ecosse en finale, on devrait être capable de faire la même chose. « On a le même vivier – voire meilleur – on a plus de joueurs de rugby. Mais ils sont préparés pour ça, ils ont cet objectif et quand ils appliquent un plan de jeu, ils s'y tiennent. Il y a de la solidarité sur le terrain, les soutiens sont là... Techniquement, c'est plus élaboré.

« Dans leur quart de finale contre les Fidji, les Écossais font plus de 60 passes... et une seule faute de main. Ils gagnent 24-0 contre les Fidji. Faire circuler le ballon réduit les impacts si tu es en difficulté. C'est là le génie de la stratégie écossaise. Ça nécessite de se fondre dans un collectif, ce qui est un peu notre problème sur ce tournoi. »