• Une vaste étude de World Rugby évoque l'impact que les entraînements et les temps de jeu peuvent avoir sur les risques de blessure.
  • Des recommandations sont formulées pour accompagner les fédérations et les équipes sur la gestion de la santé du joueur
  • Au-delà des recommandations et des règlements, la charge d'activité des joueurs doit être personnalisée pour minimiser les risques individuels

Une étude commandée par World Rugby sur la manière de gérer à la fois le jeu et l'intensité des entraînements des joueurs professionnels apporte des recommandations permettant de minimiser les risques de blessure dans le rugby pro.

Publié dans le British Journal of Sports Medicine et titré «  Managing player load in professional rugby union: a review of current knowledge and practices » l'étude illustre l'engagement de World Rugby de renforcer la prévention des risques de blessure à tous les niveaux du jeu.

La première étude de ce genre - qui se base sur des pratiques courantes ainsi que sur de la documentation portant sur l'intensité de l'activité des joueurs de rugby professionnels - a été conçue pour mieux comprendre l'impact de cette problématique sur la santé physique et mentale des joueurs avec pour objectif de dégager des recommandations concrètes afin de mieux prévenir les blessures.

Un groupe d'experts a étudié le jeu, l'entraînement (individuel et en équipe), le déplacement et les autres obligations vécues par plus de 2 300 joueurs évoluant dans des championnats nationaux et internationaux au cours de la saison 2013-2014.

Les données confirment que :

  • 40% des joueurs professionnels ont joué 20 matches ou plus, mais que 5% des joueurs n'ont disputé que 30 matches ou plus
  • La durée moyenne jouée par les joueurs sur toute la saison est de 852 minutes, soit l'équivalent de 10,7 matches en entier
  • En moyenne, les matches représentent entre 5% et 11% du temps où le joueur professionnel est exposé (jeu, équipe, durée de l'entraînement), mais comptent pour 70% à 75% des blessures subies
  • Les joueurs consacrent entre 15% et 27% de leur charge totale d'activité par match en termes d'efforts fournis
  • Les joueurs subissent au moins une blessure nécessitant une mise au repos par saison, soulignant la nécessité de renforcer les stratégies de réduction de blessure

Le groupe de travail a identifié un certain nombre de facteurs susceptibles d'augmenter le risque de blessure qu'il faudrait prendre en considération dans toute stratégie mise en place pour prévenir les risques

  • Les joueurs qui montent d'un niveau de compétition sont plus exposés aux blessures
  • Des changements soudain dans la fréquence des entraînements, dans l'intensité ou autres peuvent avoir un impact sur les blessures
  • Les joueurs qui reviennent de blessure ou qui ne se sont pas entièrement remis, sont plus sujets au risque de blessure
  • Les joueurs qui s'entraînent et jouent peu sont plus exposés aux blessures du fait d'un manque de préparation
  • Les joueurs qui au contraire s'entraînent et jouent beaucoup peuvent devenir à l'inverse plus sensibles aux blessures de plus en plus sérieuses en raison de la fatigue physique et mentale accumulée.

L'étude souligne que si la charge totale d'activité représente un risque de blessure, alors les efforts devraient être prioritairement portés sur l'entraînement. Le groupe recommande que les actions suivantes soient suivies et respectées par les administrateurs, les organisateurs de tournois, les entraîneurs et les équipes :

  • Les entraîneurs doivent gérer avec efficacité les charges d'activité en établissant un planning, des sessions d'entraînement adaptées, une communication claire à la fois sur le court et le long terme, ce qui permet de fixer des objectifs précis
  • Attention aux changements intempestifs dans la fréquence des charges d'activité, dans l'intensité et le type d'entraînement au cours de la pré-saison, de la saison ou pendant les plages de repos en compétition
  • Les charges d'activité doivent être considérées de manière individuelle.Certains joueurs peuvent être plus que d'autres sujets au risque de blessure. C'est le cas de ceux qui reviennent de blessure, des joueurs ayant le moins d'expérience ou bien ceux qui débutent dans le haut niveau. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour bien mesurer les facteurs de risque sur les blessures
  • La surveillance doit aussi se faire sur des activités extra-rugby. De plus amples investigations peuvent être menées sur les déplaceements aériens ou toute autre moyen pouvant avoir un impact sur le risque de blessure.

« En tant que fédération internationale, World Rugby s'engage à accompagner des recherches complémentaires dans ce domaine avec pour objectif de mettre en place des stratégies permettant de réduire les risques de blessure », explique le Docteur Martin Raftery, médecin chef à World Rugby. « L'impact des charges d'entraînement et de jeu est connu dans les taux de blessures et la fatigue a tendance à augmenter les risques. Les joueurs devraient être considérés de manière individuelle étant donné que les données confirment que des joueurs qui reviennent de blessure sont susceptibles de se blesser plus facilement que d'autres.

« Ces données permettent d'avoir une approche globale quant à la prévention des blessures, d'aller plus loin dans la compréhension de cette problématique et de donner des pistes d'action aux entraîneurs et aux responsables médicaux. »

« Le joueur se bat toujours pour être au meilleur de sa forme », ajoute Alex Corbisiero, pilier de l'Angleterre, des British et Irish Lions et membre du groupe de travail. « Nous espérons que les résultats de cette équipe vont permettre d'ouvrir les yeux et de travailler étroitement avec le staff des équipes pour prévenir les risques tout en améliorant la performance. »