Se mettre en retraite d'une carrière internationale est monnaie courante dans le paysage rugbystique mondial. Dan Carter, Richie McCaw, Ma'a Nonu et consorts y sont déjà passés, rebattant au passage les cartes de leur succession dans l'équipe de Nouvelle-Zélande comme ça se voit actuellement à l'occasion du Rugby Championship.

La Namibie aussi a son lot de départs. Johnny Redelinghuys, Jaco Engels ou encore Jacques Burger sont de ceux-là. Depuis, les Welwitschias sont en reconstruction bien que les fondations, à en croire l'entraîneur Phil Davies, ont commencé à être coulées lors du dernier tournoi mondial.

Un dernier coup pour le pilier de la Namibie, Johnny Redelinghuys
Le pilier de la Namibie Johnny Redelinghuys a marqué son dernier match international lors de la Coupe du Monde de Rugby 2015 d'une manière surprenante, en tapant une transformation à la 82e minute de son 50e match.

« Déjà lors du processus de sélection pour la Coupe du Monde de Rugby, on s'était dit qu'il fallait faire venir de jeunes joueurs pour commencer à pallier les départs de Jaco, Johnny et Jacques », confie Phil Davies. « Nous avions besoin de sang frais, particulièrement en deuxième ligne et à l'ouverture où l'on manque un peu de profondeur. »

Le défi de l'âge

La Namibie avait aligné son XV le plus âgé (29 ans et 13 jours) en Coupe du Monde de Rugby à l'occasion du match – presque gagné – contre la Géorgie au Sandy Park d'Exeter en octobre 2015. A cette occasion, le talisman et capitaine de l'équipe Jacques Burger égalait le record de 11 apparitions en Coupe du Monde de Rugby pour la Namibie, record détenu jusqu'alors par Hugo Horn. Redelinghuys devenait de son côté le premier joueur de son pays à disputer 50 tests lors de cette défaite étriquée 17-16.

Il y avait néanmoins, pour Davies, quelques raisons de commencer à préparer la suite avec notamment la présence sur le banc du troisième-ligne Wian Conradie qui jouait-là sa deuxième sélection.

La succession a continué à s'organiser dans le courant de l'année 2016 mais, à l'image de ce qu'ont vécu les All Blacks, sans pour autant baisser d'un niveau. Les signes sont d'ailleurs sur ce point encourageants comme récemment lorsque la Namibie a terminé 4e – sa meilleure place – dans le World Rugby U20 Trophy au Zimbabwe. La place de la Namibie est d'ailleurs assurée dans le tournoi de l'année prochaine grâce à une récente victoire lors du Rugby Africa U19 Championship.

« Les cycles du joueur sont importants et nous les prenons en considération dans chacune de nos décisions. Le fait de prendre de jeunes talents aujourd'hui et de les faire évoluer devrait nous permettre d'arriver à une moyenne d'âge de 25-26 ans à la prochaine Coupe du Monde », détaille Davies. « Jusqu'à maintenant, les résultats ont été satisfaisants. Nous avons disputé cinq matches et nous en avons gagné quatre ; dont deux de ces victoires ont été contre des pays de la World Rugby Nations Cup, l'Espagne et l'équipe de développement de l'Italie, ce qui n'avait jamais été réalisé auparavant. C'est ça qui est très positif ! »

Se chercher un nouveau talisman

Une difficulté de la Namibie est que les joueurs viennent d'horizons très différents, ce qui rend plus ardue la tâche de mettre en place « un groupe cohérent », de même que de trouver le prochain Burger.

« C'est très compliqué de remplacer des gens comme Jacques Burger », admet Phil Davies. « C'était un véritable talisman pour nous, mais même les meilleurs joueurs vont et viennent. C'est arrivé chez les Gallois comme en Nouvelle-Zélande plus récemment. Mais vous devez toujours trouver de nouveaux joueurs, prêts à éclore et à devenir à leur tour de nouveaux talismans. Je suis convaincu que nous allons découvrir plusieurs Jacques Burger. »

Burger s'est retiré de la scène internationale fin avril 2016, non sans avoir aidé son équipe des Saracens à réaliser le doublé Coupe d'Europe-championnat en Angleterre. Il est depuis retourné au pays se consacrer aux travaux de sa ferme.

« Nous avons un certain nombre de joueurs professionnels, mais la majorité des joueurs sont soit semi-pros en Afrique du Sud ou étudiants, soit amateurs ; nous devons faire évoluer tout ça », encourage Davies. « Nous devons réussir à faire converger ces trois catégories de joueurs vers un groupe cohérent. C'était le challenge que l'on devait relever avant la Coupe du Monde de Rugby 2015 et c'est celui que l'on va une nouvelle fois devoir réussir pour la qualification en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon. »