Sept mois avant que le comité international olympique (CIO) ne se réunisse à Copenhague pour savoir si le rugby et le golf feront prochainement partie des disciplines olympiques, Dubaï accueille la cinquième édition de la Coupe du Monde de Rugby à 7. Une nouveauté cependant, c'est la première fois que hommes et femmes disputeront cette compétition planétaire.

Seize nations ont ainsi participé à ce premier tournoi féminin : l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, l'Angleterre, la France, l'Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Espagne, la Thaïlande, l'Ouganda et les USA.

Le tournoi masculin en revanche rassemblait 24 équipes réparties en six poules qui souhaitaient toutes ravir le titre détenu par les Fidji lors de l'édition précédente à Hong Kong en 2005. Les autres participants étaient l'Argentine, l'Australie, le Canada, l'Angleterre, la France, la Géorgie, Hong Kong, l'Irlande, l'Italie, le Japon, le Kenya, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, les Samoa, l’Écosse, l'Afrique du Sud, les Tonga, la Tunisie, les Émirats arabes unis, l'Uruguay, les USA, le Pays de Galles et le Zimbabwe.

L'ambiance était brûlante au 7he Sevens Stadium dans le désert de Dubaï. En plus de grands moments en matches de poule, cette édition reste dans les mémoires pour ses quarts de finale de folie dans les deux tournois.

L'effet domino

Chez les filles, les USA et la Nouvelle-Zélande sont passés sans difficulté en battant respectivement la France 19-0 et le Canada 33-12. Mais la sonnette d'alarme a commencé à retentir lorsque l'Afrique du Sud a eu du mal à surmonter une valeureuse équipe d'Espagne 7-15, puis lorsque l'Australie s'est heurtée au mur anglais – alors dressé par Simon Amor et Mike Friday – pour finalement l'emporter 10-17.  

En demi-finales, seule une transformation d'écart permit à la Nouvelle-Zélande de laisser les USA derrière (12-14) alors que l'Australie n'eut son salut face à une engageante Afrique du Sud que grâce à un essai de plus (10-17).

Chez les garçons, la tension était nettement plus palpable alors que la France (2e de la Poule des Fidji) avait échoué à se qualifier en Cup et perdait contre l’Écosse en quart de finale de Plate. L'autre surprise vint des Gallois qui avaient certes battu la Nouvelle-Zélande – vainqueur des Series 2007-2008 et champion du monde en 2001 - un peu plus tôt dans la saison, mais que l'on n'imaginait pas capables d'un nouvel exploit. Et finalement, l'équipe de Paul John réussit à les battre une nouvelle fois, d'un petit point, 15-14.

Ce n'était que la première partie d'un effet domino. L'Angleterre de Ben Gollings fut balayée dans le temps additionnel par les Samoa 31-26. L'Afrique du Sud, encore auréolée de sa victoire en World Series 2008-2009, fut trépassée par l'Argentine 14-12 et, plus surprenant encore, les double-champions du monde fidjiens (1997 et 2005) furent littéralement anéantis par le Kenya 26-7.

Deux sacres totalement inédits

Les « big guns » éliminés prématurément, les cartes étaient largement rebattues pour les demi-finales. Le Pays de Galles vint à bout des Samoa 19-12 alors que l'Argentine disposa sèchement du Kenya 12-0. La finale Pays de Galles v Argentine – une grande première à ce niveau de la compétition - se présentait alors comme un remake du match de la Poule F, sauf que cette fois ce n'est pas l'Argentine qui l'emporta 14-0, mais bien les Gallois qui tinrent là leur revanche, 19-12, et furent sacrés champions du monde.

Chez les filles, rarement une finale de Coupe du Monde n'aura été aussi intense. Avec trois Coupes du Monde de Rugby à XV à son palmarès, la Nouvelle-Zélande semblait assurée de remporter cette première coupe qui manquait à son tableau. Jouer contre les Australiennes ? Une formalité face à ce groupe composé de joueuses de rugby, touch rugby, netball, basketball et même de foot.

Et finalement, menée par Cheryl Soon, avec Nicole Beck et Debby Hodgkinson, l'Australie prit d'entrée de l'avance 10-0 ; vite rattrapée par Justine Lavea et Carla Hohepa à la faveur d'un avantage numérique avant la pause. Le score resta ainsi toute la seconde période, ce qui déclencha le temps additionnel. Mais à seulement 36 secondes de plus, l'Australienne Shelly Matcham prit de court la défense néo-zélandaise et réussit à marquer pour porter le score à 15-10. C'est ainsi que l'équipe féminine d'Australie se retrouva pour la première fois sur le toit du monde.

Une expérience incroyable

« C'était les montagnes russes ! », se souvient l'entraîneur du Pays de Galles Paul John. « Personne n'avait rien vu venir. Mais une chose qu'on avait oublié à ce moment est que lors du tournoi précédent, nous étions allés à Wellington et nous avions battu la Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Zélande !

« Ces gars-là jouaient ensemble au rugby depuis tellement longtemps et avaient tellement confiance en eux. Ils étaient convaincus qu'ils pouvaient battre n'importe quelle équipe ce jour-là. Lorsqu'on a joué la Nouvelle-Zélande en quart de finale, on s'est rappelé notre dernière rencontre cinq ou six semaines auparavant. Je pense que ça a donné confiance aux garçons et ça les a motivé pour les battre à nouveau.

« Quand on y repense, battre la Nouvelle-Zélande, puis jouer contre l'Argentine et gagner encore a été une expérience formidable. »

« C'était la plus incroyable expérience », témoigne à son tour Rebecca Tavo, de l'équipe d'Australie. « Les filles étaient les 12 meilleures joueuses d'Australie, c'est certain. Elles étaient au pic de leur forme, elles jouaient au rugby depuis près de dix ans et elles étaient prêtes à tout. Elles venaient d'horizons différents et notre entraîneur, Jason Stanton, avait réussi à créer une alchimie entre toutes. Il observait chaque équipe, nous donnait un plan de jeu et savait exactement ce que nous devions faire.

« Tout le monde s'inquiétait de jouer l'Angleterre. Elles étaient dans une forme physique éclatante, mais malgré ça, on a suivi nos plans. Nous avions confiance en nous-mêmes et en nos schémas de jeu. Je me souviens d'avoir écopé d'un carton jaune en finale et c'est pendant ces deux minutes que la Nouvelle-Zélande a réussi à marquer ses seuls points. Ça m'a fait du mal et il a fallu que je me rattrape.

« J'ai souffert ; le 7 est le sport le plus difficile que j'ai pratiqué. Mais la foule était dans un tel état ! Je me souviens avoir puisé au fond de moi des ressources supplémentaires. Nous devions nous battre sur tous les fronts pour remporter cette finale. »