Alexandre Ruiz est le seul officiel de match français à arbitrer les épreuves de rugby à 7 aux Jeux Olympiques. C'est le 11 avril, au lendemain des matches du tournoi de Hong Kong, que Paddy O'Brien, le manager des arbitres du 7, lui a annoncé la nouvelle ; à lui et à l'ensemble des autres arbitres, lors d'entretiens individuels. « Il m'a dit que je faisais partie du groupe, qu'il fallait encore continuer à travailler car il restait trois tournois – Singapour, Paris et Londres – pour encore prétendre à faire des gros matches sur les Jeux », raconte Alexandre Ruiz.

Pour lui, après quatre années passées sur le circuit mondial à 7, cette sélection est une consécration. « J'ai bossé quatre ans pour ça et ce fut le Graal », sourit-il aujourd'hui. « Quand j'ai commencé, je n'avais aucune connaissance que le rugby à 7 soit olympique. Mais quand je me suis pris au jeu, j'ai bossé. Et quand j'ai su que le rugby était olympique, je me suis dit pourquoi pas essayer de tout faire pour y être. » Sur le circuit mondial, il n'y a aucune française officiel de match. Et en France, pour les garçons, il n'y a que lui. S'il devait n'y en avoir qu'un de sélectionné dans le groupe, ce devait donc être lui !

"Pour avoir une bonne analyse de ce qu'on voit, il faut prendre des décisions hyper rapides : soit donner une sanction, soit laisser jouer, mais il faut aller vite."

Alexandre Ruiz

100 matches des World Series

A 25 ans, Alexandre Ruiz était promu arbitre du Top 14 ; le plus jeune s'il en est, après avoir commencé à siffler dès l'âge de 16 ans. Depuis, il a monté les échelons : Fédérale 3, Fédérale 2, Fédérale 1, Pro D2 et Top 14 aujourd'hui. Natif de Béziers il y a 29 ans, il a mis sa carrière d'agent hospitalier dans la restauration entre parenthèses pour parcourir le monde. En moyenne, il dispute chaque année sept tournois des HSBC World Rugby Sevens Series dans le monde entier. Alexandre Ruiz a d'ailleurs fêté – modestement – un petit événement dans sa vie récemment : son 100e match de 7 lors de la rencontre Fidji-Canada à Hong Kong le 8 avril 2016.

Malgré l'expérience, Ruiz reconnaît toujours la difficulté du job au 7. « Pour avoir une bonne analyse de ce qu'on voit, il faut prendre des décisions hyper rapides : soit donner une sanction, soit laisser jouer, mais il faut aller vite. Les équipes montent énormément de niveau, sont de plus en plus exigeantes envers nous. Ça devient très compliqué. Cette année est très différente des années d'avant car la pression est plus forte. C'est la première année où il y a autant de pression », admet-il.

« Un tournoi, c'est épuisant... »

Pour autant, celui qui considère Jérôme Garçès comme un modèle, ne s'émeut pas et a su montrer sa capacité à passer du 7 au XV et inversement sans jamais faiblir. La marque d'un professionnel.

« Une journée de tournoi (à 7, ndlr), c'est épuisant », dit-il. « Sur une journée qui commence à 9 h et qui se termine à 21 h, on va faire trois matches qui vont être répartis. La gestion du temps est très difficile. Pour un match du Top 14, on fait le match, on rentre et terminé. Tandis que là on fait le match, on fait la récupération, les bains de glace, l'analyse vidéo du match, les rapports, on se repose un peu avant de repartir sur un autre match. Ça va très, très vite. »

Ce rythme effréné, c'est celui qu'il aura lors des Jeux Olympiques de Rio début août. Après un mois de juillet de vacances, il s'envolera pour une semaine de préparation en Argentine avec l'ensemble des officiels de match sélectionnés par World Rugby. Le groupe prendra ensuite ses marques au Brésil deux jours avant le début des JO, non sans une certaine émotion. « C'est l'événement en lui-même que l'on ne connaît pas : le contexte, l'environnement... Par contre ce qu'on peut maîtriser, c'est le match 7 contre 7. Ça, on a l'habitude », assure Alexandre Ruiz.

Avant cela, il a une saison de 7 et de Top 14 à terminer, tout en veillant à se préserver pour éviter de passer à côté du plus grand événement sportif au monde.