Il est des dates qui ne s'oublient pas et le 28 janvier 1986 fait partie de celles-là. Pour le commun des habitants de la planète, ce jour est marqué par l'explosion de la navette Challenger, 73 secondes après son décollage, tuant sept astronautes sous les yeux du monde entier. Mais en Afrique, c'est une autre fusée qui est mise en orbite. A Tunis, plusieurs pays sont réunis autour de la table. Ce jour-là, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la Tanzanie, le Zimbabwe, la Côte d'Ivoire, le Kenya et les Seychelles s'unissent pour créer la Confédération Africaine de Rugby Amateur, la CARA, en écho à la FIRA (fédération internationale du rugby amateur créée en 1934 à l'initiative de la France).

« La CARA a été créée sur le papier mais sans réelle activité », reconnaît aujourd'hui Aziz Bougja, actuel président de Rugby Afrique. Peu importe, il fallait une date symbolique, c'est celle-là. « Au départ, il s'agissait clairement d'une volonté politique de faire en sorte qu'une confédération puisse mieux gérer le rugby. »

2002 : la régionalisation

Car cette coquille préfigure le renouveau du rugby en Afrique. Fruit de la colonisation aussi bien anglaise que française, cette pratique sportive s'est implantée sur le continent africain il y a bien plus longtemps. Le rugby marocain naît en 1923, le rugby tunisien en 1971... Cette fois, le rugby commence à s'organiser à l'heure où l'Afrique du Sud reste exclue pour cause d'apartheid. Il faudra attendre 1992 que la puissance du Sud intègre la confédération.

« A partir de 1988, plusieurs pays rejoignent l'IRB pour participer aux éliminatoires de la Coupe du Monde de Rugby car la première, en 1987, était sur invitation », raconte Aziz Bougja. « En 1994, les Francophones prennent la main avec l'idée que l'Afrique doit organiser par elle-même les éliminatoires de la Coupe du Monde. Ce sera fait en 1998 à Casablanca, au Maroc. »

Dès lors, les compétitions s'organisent et la Coupe d'Afrique voit le jour modestement à l'aube des années 2000 entre trois équipes du Nord (Maroc, Tunisie, Côte d'Ivoire) et trois équipes du Sud (Zimbabwe, Namibie et Kenya). « Il n'y a pas de jeunes, pas de femmes, pas de 7, pas de moins de 18 ans... On commence très faiblement », se souvient Bougja.

C'est en 2002 que la confédération prendra une nouvelle dimension suite à un lent processus entamé plusieurs années auparavant sous Vernon Pugh, historique président de l'IRB (décédé en 2003). En 2002, la régionalisation du rugby s'impose dans le monde entier. A partir de cette date, tous les pays appartenant à un continent, doivent rejoindre ce continent. Cette même année, le 2 mai, Aziz Bougja est élu à la tête de la confédération africaine à Yaoundé.

Un budget multiplié par 10

Aujourd'hui, Rugby Afrique a pris un essor incroyable. Aux six pays fondateurs (Maroc, Tunisie, Kenya, Zimbabwe, Sénégal et Côte d'Ivoire) sont venus s'ajouter 32 autres. Le nombre de salariés est monté à 9. Dans l'équipe, un incontournable a permis cet essor sans précédent : Jean-Luc Barthès.

Depuis 2002, le budget du rugby en Afrique a été multiplié par dix et les compétitions se sont multipliées : une compétition-phare avec quatre équipes, une deuxième division (six équipes), une troisième (4 équipes), des tournois régionaux à l'Ouest de l'Afrique, un tournoi en Afrique centrale et un tournoi au Sud, des championnats avec les moins de 19 ans, deux tournois pour le rugby à 7 masculin et féminin... Et ce n'est qu'un début !