La mauvaise nouvelle pour les adversaires de l'Angleterre avant le Tournoi des Six Nations féminin 2024 est que le nouvel entraîneur principal John Mitchell pense que les championnes du Grand Chelem en titre peuvent encore faire mieux.

L'Angleterre n'a pas perdu un seul match du Tournoi des Six Nations féminin depuis 2018 et entame sa quête d'un sixième titre consécutif sur une série de 24 victoires dans le tournoi.

L'année dernière, les Red Roses ont réalisé un cinquième sans-faute en battant la France 38-33 lors d'un match palpitant disputé devant 58 498 spectateurs à Twickenham, un record mondial pour un test féminin.

Elles ont ensuite remporté une série de deux tests contre le Canada et le premier titre du WXV 1 en Nouvelle-Zélande, exorcisant au passage certains des démons de l'équipe pendant la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2021.

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Mais alors qu'il va tenter d'offrir une troisième Coupe du Monde de Rugby à domicile en septembre 2025, le sélectionneur - qui a bénéficié d'un poste d'observateur lors du WXV 1 - a identifié un domaine important dans lequel son équipe peut encore progresser. Il souhaite que les Red Roses deviennent « une seule équipe en attaque ».

« Cette équipe a une mentalité de vainqueur, c'est déjà très important pour nous. Mais si nous nous concentrons uniquement sur cela, je ne pense pas qu’on y prenne beaucoup de plaisir », explique John Mitchell.

« Ce que j'aime dans cet environnement, c'est que les filles veulent toujours faire mieux et qu'elles se concentrent sur leur progression. Il y a quatre mois, je pense qu'elles ont envoyé un message au reste du monde : nous voulons vraiment nous améliorer.

« La façon dont nous nous y prenons est très simple : nous voulons être plus rapides dans notre jeu. Nous voulons créer plus de pression sur l'adversaire, et nous voulons nous créer des opportunités, des opportunités d'attaque, mais nous voulons aussi nous donner plus d'options dans la façon dont nous attaquons. »

La capitaine aux 100 sélections

Tout aussi stimulant que les propos de John Mitchell en direction des cinq autres équipes qui tenteront d'arracher le trophée aux Red Roses est le fait qu'il ait pu intégrer Emily Scarratt (108 sélections), Zoe Harrison (46 sélections) et Abbie Ward (61 sélections) dans son effectif.

L'importance de ce trio expérimenté pour le développement de l'Angleterre dans la perspective de la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2025 est soulignée par leur présence dans le XV de départ pour leur premier match contre l'Italie à Parme dimanche 24 mars.

Le stade Sergio Lanfranchi s'est révélé être un terrain de chasse heureux pour les Red Roses, qui y ont remporté leurs trois matchs, et ne manquera pas d'occuper une place spéciale dans le cœur de la capitaine Marlie Packer à l'issue de ce week-end.

Packer devrait en effet devenir la septième Anglaise à remporter sa 100e cape lorsqu'elle conduira les Red Roses à Parme, même si elle insiste sur le fait que cette étape n'est pas au premier plan de ses préoccupations.

« Je suis très excitée, mais je suis plus excitée à l'idée de commencer le tournoi », a-t-elle déclaré dans la semaine. « Je veux juste aller sur le terrain et jouer. Nous avons des joueuses comme Abbie Ward, Emily Scarratt et Zoe Harrison qui reviennent.

« Nous n'avons pas vu des joueuses de ce calibre depuis la finale de la Coupe du Monde. Je suis plus excitée à l'idée de les voir revenir qu'à l'idée d'obtenir ma 100e cape. »

L'Italie voudra prendre un départ positif lors de la dernière rencontre de la première journée, notamment en raison de sa campagne décevante de 2023 - au cours de laquelle elle n'a remporté qu'une seule rencontre - et du fait que le tournoi sert à la fois de voie de qualification pour le WXV et la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2025.

Une place dans le Top 3 est l'objectif des six équipes qui tenteront d'accéder au WXV 1, tandis que la nation la mieux classée autre que l'Angleterre et la France obtiendra également sa place pour le tournoi mondial de l'année prochaine.

« Nous voulons gagner le plus possible et nous qualifier pour la Coupe du monde », a déclaré Elisa Giordano, capitaine de l'Italie.

« Notre premier match contre l'Angleterre est bien sûr le plus difficile, mais on peut aussi le voir comme un test pour nous améliorer et voir où nous en sommes. »

La France vise le Grand Chelem

Le coup d’envoi du Tournoi des Six Nations féminin 2024 sera donné au Mans samedi 23 mars, lorsque la France - finaliste de chacun des quatre tournois précédents - affrontera l'Irlande.

Les Bleues sont passées à deux doigts de stopper le parcours de l'Angleterre dans le Tournoi il y a 11 mois, mais elles ont enchaîné avec une campagne du WXV 1 mitigée, battant les Black Ferns mais s'inclinant face à l'Australie et au Canada.

Avec des matchs à domicile à suivre contre l'Italie et l'Angleterre, la France devrait assurer sans problème son retour au plus haut niveau du WXV, alors qu'elle est déjà assurée de jouer pour England 2025 grâce à sa performance en Nouvelle-Zélande en 2022.

Mais lors de la journée de lancement à Londres, la capitaine Manaé Feleu a laissé entendre que son équipe avait l'intention de viser plus haut.

« Nous sommes très impatientes. Je pense que tout le monde l'attend et se prépare pour le départ », a-t-elle confié.

« Nous voulons toujours être performantes et notre objectif est de réaliser le Grand Chelem. »

Les espoirs des Bleues d'y parvenir et de mettre fin à six ans d'attente pour le titre, pourraient dépendre d'un match final du tournoi très attendu contre l'Angleterre à Bordeaux.

Quant à l'Irlande, son adversaire de samedi, l’équipe aborde le Tournoi gonflée à bloc par sa victoire dans le WXV 3 et vise la qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2025.

« Se qualifier pour la Coupe du monde, c'est aussi simple que cela », a affirmé la co-capitaine Edel McMahon, qui n’avait pas joué lors de la dernière campagne ternie par la cuillère de bois en raison d'une blessure, lorsqu'on lui a demandé quels étaient les objectifs de l'Irlande.

« Nous avons évoqué le sujet avec l’équipe et c'est ce que nous voulons absolument obtenir, la qualification pour la Coupe du monde. C'est très important pour nous. »

Pays de Galles et Écosse, une rencontre serrée

L’autre match le plus marquant de ce premier week-end sera sans aucun doute celui du milieu, puisque le Pays de Galles et l'Écosse s'affronteront à l'Arms Park de Cardiff.

Le Pays de Galles sera déterminé à conserver sa place dans le WXV 1 et à poursuivre les progrès réalisés ces deux dernières années en terminant pour la troisième fois consécutive parmi les trois premiers du Tournoi des Six Nations féminin.

Cependant, l'Écosse aborde le Tournoi forte d’une série de six victoires - sa meilleure série depuis plus de vingt ans - et avec la confiance que lui confère sa victoire sur l'Italie pour le titre du WXV 2 en octobre.

La montée dans le WXV 1 est un objectif logique cette année et nous aurons une idée de la situation des deux équipes après le coup de sifflet final à Cardiff samedi soir.

Ce match a été l'un des plus disputés de l'histoire récente des tests féminins, six des huit dernières rencontres des deux équipes, toutes compétitions confondues, s'étant décidées par sept points d'écart ou moins.

Bien que le Pays de Galles ait remporté les trois dernières rencontres, il lui a fallu un essai de Ffion Lewis en fin de match pour s'imposer 24-19 à l'Arms Park de Cardiff lors du Tournoi des Six Nations féminin 2022.

L'équipe qui sortira vainqueur de ce duel engrangera une énorme confiance pour la suite de la compétition, mais il y aura encore beaucoup de travail à faire - pour l'Écosse en particulier, qui n'a que deux matchs à domicile cette année, contre les éternelles favorites que sont la France et l'Angleterre.

« En Écosse, nous sommes très excités par l'intérêt que suscite le tournoi », a assuré Rachel Malcolm, capitaine de l'équipe d'Écosse.

« Nous allons probablement battre des records de fréquentation pour nos deux matchs à domicile. C'est ce que nous essayons de faire depuis longtemps, c'est-à-dire inciter plus de gens en Écosse à s'intéresser à l'équipe féminine et inciter plus de gens à s’engager.

« Je pense donc que cette petite excitation a ajouté une nouvelle dimension à cette année. Mais je pense aussi que l'équipe que nous avons à l'aube de ce Tournoi est probablement la plus forte dont j'ai fait partie avec l'Écosse. »