À l'approche du dernier match de poule du Rugby Europe Championship masculin 2024, la Belgique sait qu'une victoire à domicile contre la Pologne et un résultat favorable entre la Roumanie et le Portugal lui garantiront une place dans les quatre premiers pour la première fois à ce niveau.

Les Diables noirs n'ont jamais terminé plus haut que la cinquième place dans la compétition internationale du tier 2 du rugby européen, qui a débuté en 2000 sous le nom de Coupe d'Europe des nations avant d'être rebaptisée en 2016 Rugby Europe Championship.

Une victoire sans point de bonus au Stade du Pachy samedi 17 février suffira à la Belgique pour se qualifier pour les demi-finales, à moins que le Portugal ne gagne ou ne fasse match nul, tout en marquant trois essais de plus que les Chênes lors de leur match, dont le coup d'envoi sera donné quelques heures plus tôt à Bucarest. Une victoire de la Belgique avec un point de bonus lui garantira une place en demi-finale si le Portugal ne bat pas la Roumanie.

La Roumanie, invaincue, se trouve actuellement en tête du classement de la poule B avec neuf points, le Portugal est deuxième avec six points et la Belgique est quelques points plus loin, à la troisième place. La Pologne clos le tableau après deux défaites consécutives.

La victoire 10-6 de la Belgique sur le Portugal lors de la première journée pourrait être déterminante, car la règle du face-à-face sera le premier critère utilisé pour décider de l'ordre d'arrivée si les équipes sont à égalité de points.

Alors que le Portugal s'est vite remis de l'une des plus grosses surprises dans le classement mondial masculin de World Rugby présenté par Capgemini en battant la Pologne 54-7 lors de la deuxième manche, la Belgique s'est inclinée 33-18 face à la Roumanie, ce qui signifie que tout reste encore ouvert ce week-end.

Pour Laurent Dossat, la victoire contre le Portugal a constitué un début idéal pour lancer son mandat de sélectionneur de la Belgique, mais le joueur polyvalent Jordan Gott - qui peut jouer aux postes 10 et 15 - estime que le mérite revient également à son prédécesseur, Mike Ford, pour les fondations qu'il a mises en place.

« Mike est un homme exceptionnel. L'année dernière, j'ai eu quelques problèmes en dehors du terrain et il m'a aidé de manière considérable. Lorsque j'ai signé avec les [Cornish] Pirates pour cette saison, il a été l'un des premiers à m'envoyer un message », explique Jordan Gott, l'ancien joueur des moins de 18 ans de l'Angleterre, né en Belgique.

« Il a renforcé le professionnalisme au sein de l'équipe, la structure et l'environnement, et je pense que c'est ce dont la Belgique avait vraiment besoin. Le staff et les cadres ont vraiment progressé à partir de là. »

Professionnalisme et passion

Alors que Mike Ford a entraîné au plus haut niveau des géants du rugby comme l'Angleterre et l'Irlande avant de passer par l'Allemagne puis la Belgique, Laurent Dossat vient d'un milieu plus modeste, ayant exercé son métier à Niort, en Nationale 2.

Mais en peu de temps, l'ancien ingénieur en électronique a fait forte impression sur l'équipe des Diables Noirs.

« Laurent est un Français très, très passionné, il a le cœur sur la main. Quand il parle à l'équipe, on voit qu'il pense chaque mot qu'il dit », explique Gott.

« Il est très compréhensif, mais quand les choses ne vont pas, il dit 'tu recommences'. C'est un dur à cuire, mais je suis fan des deux.

« Je pense que la Belgique a eu besoin de ces deux approches, et ça paye aujourd'hui. »

En tant qu'ouvreur, Jordan Gott a permis à la Belgique de prendre l'avantage contre la Roumanie et a fait partie de l'équipe héroïque lors de la célèbre victoire contre le Portugal alors qu'il jouait arrière.

Les Diables Noirs ont pêché sur la discipline, avec cinq cartons jaunes et 30 pénalités, un record dans la compétition, lors des deux premières journées.

Ils ont particulièrement souffert en mêlée et les statistiques indiquent que la meilleure approche de la Pologne serait d'essayer de les prendre à défaut sur les phases de conquête.

Cependant, les visiteurs ont du mal à marquer des points - ils n'en ont passé que 15 jusqu'à présent - et la Belgique aborde ce match décisif en tant que favorite pour la première fois dans la compétition cette année.

Avec un maximum de 0,28 point, la Belgique (26e) ne pourra pas rattraper la Russie au classement mondial, même si elle bat la Pologne sur un score sans appel.

Dans ce cas, la Pologne restera à la 33e place, toujours légèrement devant le Zimbabwe, mais pourrait gagner entre deux et quatre places en cas de deuxième victoire en huit rencontres depuis sa promotion à ce niveau.

David Gérard face à son ancienne équipe

Quant au match au sommet entre la Roumanie et le Portugal, le vainqueur terminera premier de la poule B.

Le Portugal a perdu ses cinq derniers déplacements en Roumanie, depuis sa victoire 22-21 à Bucarest en mars 2009, mais il a toutes les chances d'inverser la tendance, surtout s'il mène à la pause. Lors des deux premiers tours, les Os Lobos ont marqué deux tiers de leurs points en première période des matchs et n'ont pas concédé le moindre point en seconde mi-temps.

Les trois dernières rencontres ont toutes été marquées par des scores élevés, avec un total moyen de 59 points. Les deux équipes ayant l'intention de jouer un rugby offensif, à en juger par le nombre de franchissements, de offloads et de mètres parcourus, ce match pourrait en être un nouvel exemple.

Outre l'avantage du terrain, la Roumanie est entraînée par l'ancien sélectionneur adjoint du Portugal, David Gérard ; il a pris ses fonctions après la Coupe du Monde de Rugby 2023.

En termes de classement, une victoire n'entraînerait pas nécessairement une progression pour l'une ou l'autre équipe, car les permutations dépendront du résultat du premier match du week-end - Géorgie contre Espagne à Tbilissi.

Le Portugal passera devant la Géorgie et se hissera à la 15e place en cas de victoire, mais seulement si les Lelos s'inclinent à domicile face à l'Espagne pour la première fois.

Les Os Lobos se rapprocheront de leur meilleur classement de tous les temps, à savoir la 13e position, s'ils gagnent par plus de 15 points à Bucarest et que la Géorgie s'incline.

La Roumanie remplacera l'Espagne au 19e rang si elle bat le Portugal et si les Leones ne reviennent pas de Tbilissi avec une victoire.

Les Lelos défendent leur longue série d'invincibilité

La Géorgie et l'Espagne, les deux équipes invaincues de la poule A, sont déjà qualifiées pour les demi-finales, mais le vainqueur de ce match terminera en tête et disputera une demi-finale contre le deuxième de la poule B.

L'Espagne n'a jamais battu les Lelos en Géorgie en 12 tentatives et a eu du mal à marquer des points lors de ces déplacements, avec une moyenne de seulement 11,5 points par match. La victoire la plus proche des Leones en Géorgie remonte à 2008, lorsqu'ils se sont inclinés 22-20.

La Géorgie, six fois championne en titre, se présente sur le terrain avec une série de 30 matchs sans défaite dans la compétition, et ce malgré une prolifération de cartons jaunes contre elle ces deux dernières années (16 en 13 matchs).

Les Lelos ont connu leur dernière défaite dans le Rugby Europe Championship le 19 mars 2017, s'inclinant 8-7 face à la Roumanie à Bucarest, et il faudrait une immense performance de la part de l'Espagne pour les faire dérailler.

Aucune des deux équipes ne peut grimper au classement mondial World Rugby en cas de victoire ce week-end, cependant, les Lelos perdront au moins deux places en cas de défaite, peut-être même trois, en fonction de la marge et du résultat du match Roumanie-Portugal, tandis que le poste de l'Espagne, 19e, est menacé par la Roumanie.

Les Néerlandais veulent doubler la mise

Le dernier match du week-end opposera les Pays-Bas à l'Allemagne, dimanche 18 février à Amsterdam. Il s'agit du même match que l'an dernier pour la cinquième place, que les Néerlandais avaient remporté haut la main (50-28).

Les Pays-Bas n'ont pas fait preuve d'un tel sens de la finition lors de leurs deux premières rencontres - les défaites contre l'Espagne et la Géorgie - avec seulement deux essais marqués en 19 visites dans les 22 de l'équipe adverse.

Mais l'équipe de Lyn Jones, qui progresse rapidement, évaluera ses chances de prendre un bon départ face à une équipe allemande sans victoire, qui peine à gagner du terrain et à avoir la possession du ballon et qui a encaissé les trois-quarts de ses points dans le premier quart de ses matchs.

En cas de victoire, les Pays-Bas passeront devant le Brésil, mais aussi devant la Belgique si les Diables Noirs ne gagnent pas et que les Néerlandais battent l'Allemagne avec plus de 15 points d'avance.

Une victoire moins large suffirait aux Pays-Bas pour remonter à la 27e place en cas de défaite de la Belgique.

Une courte victoire de l'Allemagne sur les Pays-Bas se traduirait par un gain de trois places. Mais s'ils gagnent avec plus de 15 points d'avance et que cette marge est égalée par la Pologne à Waterloo, les Black Eagles peuvent gagner quatre places et se retrouver à la 28e position.