L'arbitre sénégalais Sylvain Mané, 28 ans, a confié qu’il avait « réalisé un rêve » d’arbitrer lors du dernier World Rugby U20 Trophy à Nairobi, au Kenya.

Mané a arbitré deux rencontres - la victoire 40-13 de l'Écosse sur les États-Unis et l'impressionnante victoire 64-10 du Zimbabwe sur le Kenya lors du match pour la cinquième place - alors qu'il continue à gravir les échelons de l'arbitrage.

Ancien footballeur converti au rugby, il a été encouragé à l'âge de 14 ans par son ami Lahad Diop. Il a commencé à jouer et à arbitrer à la Maison du rugby, un programme socio-éducatif conçu pour donner un coup de main aux jeunes et les initier à ce sport.

« J'avais toujours aimé le football avant, mais quand je suis arrivé au rugby, j'ai vu dans ce sport ce que je n'avais pas vu dans d'autres sports, des gens qui vivaient avec certaines valeurs. C'est devenu mon sport préféré. »

Après avoir quitté la Maison du rugby de Dakar, Mané a rejoint le Panthers RFC et a fini par intégrer l'équipe senior, avec laquelle il a remporté plusieurs titres au niveau national.

Troisième-ligne ouvert typique en ce sens qu'il a toujours su surfer à la limite des règles, c'est en remettant en cause une décision arbitrale bien précise qu'il s'est orienté vers la voie de l'arbitrage.

« Je suis venu au rugby en 2009 et j'ai commencé à arbitrer en 2010 », raconte-t-il.

« La Fédération (sénégalaise de rugby) avait demandé à chaque club de détecter des joueurs susceptibles de faire partie des équipes d'arbitrage et mon entraîneur Papis Mavpris m'a suggéré de m’inscrire.

« J'avais écopé d'une suspension de trois mois pour avoir crié sur un arbitre. Ça m'a poussé à me concentrer sur l'arbitrage parce que je savais que j'avais raison sur la décision que j'avais contestée.

« J'ai atteint le niveau que j'ai aujourd'hui parce que la Fédération a rapidement détecté mon talent et m'a aidé à progresser dans ma carrière d'arbitre.

« Dans le cadre de mon développement, j'ai également effectué un stage d'un mois en Afrique du Sud, organisé par Rugby Afrique. »

VIVRE SA PASSION

Sylvain Mané vit aujourd'hui en France, au cœur du pays du rugby, dans une ville du sud-ouest appelée Souillac, où il travaille pour un fabricant d'aluminium spécialisé dans les flacons et les bouchons de parfum.

À terme, il aimerait devenir arbitre à plein temps et suivre les traces de son « idole », Jérôme Garcès, qui a réussi à atteindre le sommet.

Actuellement, il officie dans les ligues nationales et est affilié au club de Cahors, dans la région Occitanie.

Pour la saison prochaine, un coach des arbitres a été désigné pour travailler avec lui, et avec les leçons qu'il a apprises lors du Trophy U20, sa progression devrait continuer à s'accélérer.

« Je suis allé en France pour vivre ma passion et me perfectionner.

« Pour l'instant, j’évolue en Nationale. C'est mon rêve d'aller en Pro D2 et en Top 14 mais je viens d'arriver en France, je n'ai fait qu'une saison, il ne faut pas que je brûle les étapes et que je me monte trop la tête. »

Arbitrer sur le Trophy des moins de 20 ans a toutefois permis à Mané de goûter à l'arbitrage international au-delà de ce qu'il a déjà connu, à savoir cinq tests, dont un Namibie-Burkina Faso dans le cadre des éliminatoires régionales de la Coupe du Monde de Rugby 2023 et le Trophy des moins de 20 ans 2022.

« C'était vraiment un rêve de devenir arbitre pour World Rugby. Le jour où j'ai reçu l'appel, je n'y ai pas cru, j'ai dansé dans ma chambre.

« J'ai beaucoup appris pendant le tournoi, surtout à la fin lorsque j'ai arbitré le match Zimbabwe-Kenya. »

Mane n'a pas seulement été inspiré par Garcès ou par le meilleur officiel sud-africain du rugby à sept, Rasta Rasivhenge, mais aussi par Precious Pazani, qui faisait également partie du panel lors du Trophy U20 et est devenue la première femme à arbitrer le tournoi en 15 ans d'histoire lorsqu'elle a pris en charge la victoire de l'Espagne sur Hongkong China lors de la première journée.

« Aujourd'hui, Precious et moi avons montré aux arbitres africains ce qu'il est possible de faire si l'on travaille dur et si l'on est patient.

« Precious est plus qu'une sœur pour moi ; elle mérite d'être là et elle est une source d'inspiration pour nous tous. »