C'est une anecdote que le talonneur du XV de France raconte peu. C'est une partie de sa vie privée, intime, mais qui explique à elle seule cette volonté farouche de tout donner pour en arriver là où il est. De ne rien laisser passer, quitte à sacrifier des moments précieux.
La scène remonte quatre ans en arrière, en 2011, à la veille du départ pour la Coupe du Monde de Rugby en Nouvelle-Zélande. Guilhem Guirado ne fait pas partie du groupe de préparation pour la Coupe du Monde de Rugby qui doit se jouer en Nouvelle-Zélande. Une déception dont il s'accommode. C'est donc l'esprit tranquille qu'il prépare son mariage.
Appelé en renfort
« Quand j'avais eu le calendrier que le staff m'avait donné au mois de mars, on avait tout préparé en quatre ou cinq mois. Ça tombait bien parce que même avec le club (Perpignan, ndlr) je savais que le week-end était libre à ce moment-là », raconte Guirado.
Le mariage est alors programmé pour le 23 juillet 2011. Mais quelques semaines avant, le 19 juin, soit deux jours après son anniversaire, le talonneur est finalement appelé en renfort par Marc Lièvremont. William Servat doit se faire opérer du genou gauche et devrait être indisponible pendant deux mois. Le staff ne veut pas être pris au dépourvu et étend le groupe France de 32 à 33 joueurs. Incluant Guilhem Guirado, 25 ans à l'époque et 12 sélections dans les jambes.
La décision est vite prise : il faut partir, ne pas manquer une opportunité. Quitte à bouleverser les plans en dernière minute. « On avait tout fait en amont. Ma femme s'occupait de petits détails », raconte-t-il.
Malgré tout, il faut faire passer la pilule. Une drôle de lune de miel s'annonce. « C'est notre quotidien. Parfois on part un mois, deux mois. Là, c'était pour la Coupe du Monde. Elle devait me rejoindre et... elle n'a pas pu », dit-il, désolé.
C'est en effet en partant pour la Nouvelle-Zélande que Guilhem le jeune marié apprend qu'il va être papa. La petite Maëlys est déjà en route.
La séparation
Un peu de frustration s'empare du joueur qui aurait aimé vivre ce moment à deux. Plongé pleinement dans l'expérience de la Coupe du Monde de Rugby, à l'autre bout du globe, à mille lieux de cette famille qu'il s'apprête à construire, Guirado ne regrette rien.
Finalement, il ne sera sélectionné qu'une fois lors de cette Coupe du Monde de Rugby. C'était contre le Canada, le 18 septembre 2011 à Napier ; un match remporté 46-19 par les Tricolores.
« On pourra lui raconter dans quelques années comment ça s'est passé », sourit le jeune papa qui aimerait voir la petite Maëlys venir le regarder jouer en Angleterre en septembre prochain si il est retenu dans le groupe final.
Pendant ces trois dernières semaines, entre Marcoussis et Tignes, Guirado n'a pas eu beaucoup de temps de voir sa petite et son épouse. « Ce sont des moments un peu durs à vivre », admet-il. Les cinq jours de répit accordés actuellement par le staff s'avère donc salutaire. De quoi se regonfler pour la suite.