Après trois éditions blanches, le Championnat du Monde des Moins de 20 ans fait son grand retour à partir du 24 juin en Afrique du Sud. Fin observateur des catégories jeunes, l’ancien international français Olivier Magne ne perdra pas une miette du tournoi alors qu’il a été invité à le commenter sur l’Équipe TV.

Lui-même ancien entraîneur de l’équipe de France U20 (2014-2017), il est convaincu de l’importance de cette compétition pour cette classe d’âge, même du besoin de compétition.

« Ce sont des joueurs qui sont pratiquement « finis » et qui sont potentiellement capables aussi d'aller jouer une place dans la grande équipe de France, et ça, c'est vraiment nouveau », assure-t-il.

« Il y a quand même une situation très, très bénéfique pour l'ensemble du rugby, pas seulement français mais aussi mondial. Il y a un développement qui se fait assez rapidement et qui part des nouveaux publics qui découvrent ce jeu et qui ont un réel intérêt à regarder un spectacle de cette qualité.

« On peut le trouver aussi chez les jeunes et chez les féminines. C'est aussi un moyen de faire rayonner le rugby de manière un peu plus large. Quand on regarde les moins de 20 ans… Évidemment, c'est pas le même niveau que les grandes équipes nationales, mais on s'en approche et c'est vraiment des matchs qui sont d'une intensité remarquable. Le fossé se réduit de plus en plus entre ces jeunes de moins de 20 et les adultes, les grands comme on dit. »

Une coupure qui peut rebattre les cartes

Reste que tout ce temps sans se mesurer aux meilleurs joueurs du monde de sa catégorie devrait rebattre les cartes lors du Championnat U20 2023.

« C'est évident que c'est une longue coupure qui handicape un peu cette génération », reconnaît l’ancien troisième-ligne aile. Et c’est là toute l’ambiguïté. Comment vont se comporter tous ces joueurs qui ont vécu sans compétition ou presque pendant cette période qui a suivi le Covid ?

« Oui, c'est la grande interrogation par rapport à cette compétition qui n'a pas eu lieu pendant les trois dernières années », dit-il.

« Évidemment que l'équipe de France reste la double tenante du titre avec la génération que l'on connaît et qui a permis à beaucoup de joueurs de se retrouver en équipe de France maintenant. Mais ça ne donne aucune garantie.

« Quoi qu'il en soit, c'est une équipe de France qui, me semble-t-il au vu des performances que l'on a vue notamment sur le Tournoi cette année et au vu du potentiel athlétique, rugbystique, mental que l'on voit de ces joueurs qui évoluent en division professionnelle, c'est une équipe de France qui a quand même de grandes chances d'aller jouer sa chance à nouveau pour un titre mondial. »

Opposés à la Nouvelle-Zélande, au Pays de Galles et au Japon, les Bleuets voudront finir en tête de leur poule A et poursuivre au-delà pour tenter de décrocher un troisième titre mondial.

Se méfier… de la Géorgie

Sauf qu’en face, c’est la grande inconnue. De qui doit-on se méfier ? Des Baby Blacks qui ont pris un coup sur la tête en 2019 en terminant à la 7e place ? De l’Angleterre qui n’a pas performé comme elle l’aurait voulu lors du dernier Tournoi des Six Nations des U20 (4e place) ? De l’Afrique du Sud chez elle ?

« Les nations de l'hémisphère sud sont des nations dont il faut se méfier », rappelle Olivier Magne. « Pour autant, je trouve que les Blacks ont peut-être quelques difficultés au niveau de leur formation, avec un réservoir peut-être moins important que par le passé.

« L'Afrique du Sud est évidemment une nation majeure parce qu'elle est capable de sortir une génération de très grande qualité, avec des joueurs qui peuvent être assez exceptionnels et qui peuvent faire la différence sur des compétitions comme celle-là.

« Et puis l'Australie est toujours un petit peu l’interrogation, à la faveur d'une génération un peu incroyable qui est capable de faire de grandes choses.

« Mais je ne mettrais pas mon attention sur une équipe de l'hémisphère Sud cette année. Plus sur une équipe de l'hémisphère Nord et une équipe comme la Géorgie qui montre de réelles qualités, qui montre aussi un développement très important chez ces jeunes et qui a une équipe chez les jeunes qui est de plus en plus performante. J’aurais un œil quand même assez avisé sur cette équipe géorgienne. »

La Géorgie se retrouvera pourtant dans une poule C très compliquée avec l’Afrique du Sud, l’Argentine et l’Italie. Doit-on s’attendre cette année à des surprises ? Rendez-vous du 24 juin au 14 juillet.