L’équipe de France masculine de rugby à sept s’apprête à jouer chez elle. Et à la quatrième place du classement, elle vit l’une de ses plus belles saisons avec pour l’instant trois médailles en neuf tournois : deux fois le bronze à Hongkong et l’argent à Vancouver. A Toulouse du 12 au 14 mai, France 7 a un défi de taille pour tenter de sortir de la Poule C face aux Fidji, médaille de bronze à Singapour, à l’Afrique du Sud, vainqueur de Dubaï en début de saison, et aux Etats-Unis, double médaille de bronze au Cap et à Hamilton cette saison.   

Parmi les stars de cette équipe – Grandidier (blessé en début d’année et dont ce sera le grand retour), Iraguha, Laugel, Parez-Edo, Riva, Sepho ou Trouabal - deux OVNI sont arrivés à se distinguer cette saison, deux pépites comme celles que la France aime à offrir, deux merveilles qui font briller le rugby à sept français : Théo Forner et Varian Pasquet. Ces deux-là ont contribué à offrir une médaille à la France coup sur coup.

Au tournoi de Vancouver du 3 au 5 mars dernier, septième étape du HSBC World Rugby Sevens Series 2023, les Français Varian Pasquet et Théo Forner ont été deux des artisans de la médaille d’argent de l’équipe de France. Un double exploit lorsque l’on sait que ce n’était que la deuxième médaille d’argent de la France sur le circuit (après Vancouver, déjà, en 2019), et que la semaine précédente à Los Angeles les Bleus avaient terminé à une triste 9e place.

Un mois plus tard, ils étaient encore sur la feuille de match pour arracher la médaille de bronze au tournoi de Hongkong. Seul Pasquet était conservé pour la 7e place à Singapour le week-end suivant, tandis que Forner rejoignait l’USAP où l’ailier ou arrière devait jouer en Top 14 (défaite contre Toulon, puis victoire contre le Racing 92).

Bilan de Varian Pasquet à Vancouver : 18 plaquages, 3 franchissements, 10 offloads (59 depuis le début de la saison, soit le meilleur pour le moment devant le Fidjien Manueli Maisamoa) et 23 ballons portés (huitième meilleur résultat de la saison avec 152).

Bilan de Théo Forner (petit-fils d’un quinziste et fils d’un treiziste) sur le même tournoi : 13 plaquages, 7 franchissements, 7 offloads et 22 ballons portés. Avec 70 points chacun, ils devançaient largement au classement l’Américain Perry Baker (61 points), l’Argentin Matias Osadczuk (57), l’Australien Darby Lancaster (56) et le Samoan Taunuu Niulevaea (55).

Ces deux performances ont contribué à la bonne dynamique de la France sur ces deux week-ends. Pourtant, Pasquet et Forner ne sont pas des débutants sur le circuit. Le premier compte déjà 73 sélections (depuis Dubaï 2021) et le second 38 (depuis Hongkong 2022).

FRANCE DEVELOPPEMENT, LE CREUSET

« Il faut également ajouter un troisième, Enzo Salles, qui était à Los Angeles avec l’équipe Développement (où la France termine 4e, ndlr) et qui resté avec l’équipe de France pour remplacer Jefferson Lee Joseph qui a eu une commotion. Ces trois-là sont plus fraîchement passés par France Développement », précise Thierry Janeczek, en charge de la détection des talents pour France 7.

Janeczek, l’ancien coach de France 7 (1995-2000) avant Fred Pomarel, s’appuie désormais sur ce qu’il nomme « des informateurs » dans chaque club pour lui faire remonter telle ou telle pépite ayant du potentiel qui évolue en Top 14 ou Pro D2. Si Pasquet est directement sous contrat avec la fédération après être passé par le Stade Français, Forner évolue toujours avec l’USA Perpignan et Enzo Salles à l’US Colomier Rugby.

Il y a moins d’un an, Forner le Catalan avait ainsi été repéré pour ses qualités de vitesse et de déplacement. « Les joueurs que l’on prend sont des joueurs qui présentent de grosses qualités mais ne sont pas titulaires dans le championnat et donc ont besoin de temps de jeu », explique Thierry Janeczek. « Le premier filtre est l’équipe de France Développement qui leur apporte de l’expérience avec trois ou quatre tournois dans la saison, en plus du championnat d’Europe. C’est dans ces compétitions-là que l’on valide le potentiel du joueur et la marche suivante c’est de partir avec la grande équipe sur le World Series. »

En plus de France Développement, véritable creuset de France 7 dont s’occupe Janeczek, un autre groupe intéresse particulièrement les sélectionneurs français, c’est l’association francilienne des Seventise qui a remporté dès sa première participation le tournoi de Los Angeles face à Irlande Développement au Dignity Health Sports Park, le terrain des World Series, en marge de l’étape californienne du circuit mondial.

L’objectif étant de mettre de la profondeur dans le groupe France 7 dans l’optique des Jeux olympiques de 2024 à Paris où la France a comme ambition de terminer sur le podium. « On a le gros de l’équipe, mais il se peut qu’il y ait un ou deux transfuges du rugby à XV qui pourraient venir », estime Thierry. « On a de supers joueurs de rugby à sept qui sont dans le Top 14. Mais avoir une ou deux pointures du rugby français pourrait donner encore plus de possibilité et de visibilité à France 7. On fait une performance mondiale mais peu de personnes le sait. »

LE FACTEUR X

Même s’ils ne cachent pas que le XV reste leur priorité, le sept permet de révéler des joueurs qui n’ont pas encore eu le temps de montrer leur plein potentiel sur le terrain de leur club. « France Développement permet de faire ça car derrière, l’objectif est d’alimenter la grande équipe. Tu as confirmation de l’impression que te donne un joueur quand tu l’as en compétition. C’est vraiment une compétition qui révèle les talents », insiste Janeczek.

« Varian, je ne doutais pas de son potentiel. Il est en progression constante. Je connaissais Théo Forner, mais là où j’ai vraiment été surpris, peut-être était-il dans un contexte favorable, mais ce qu’il a fait en général en plus de marquer des essais est vraiment un pas de plus que ce que je lui connaissais. Et ça, c’est tout l’apport qu’amène l’équipe de France. Quand tu joues avec le Développement, c’est pour montrer ce que tu sais faire. Quand tu passes en équipe de France avec des joueurs renommés, c’est pour aller au-delà de ce que tu sais faire. Et quand tu y arrives, tu marques un signe de progression et, vraiment, tu justifies tout l’intérêt que l’on a eu de te sélectionner.

« Quand tu tombes avec les grands, il y a le savoir-faire du coach Jérôme Daret et l’expérience des joueurs autour qui permettent à ces personnalités de s’exprimer dans une situation favorable. C’est une situation dans laquelle les joueurs peuvent s’exprimer avec leurs moyens, en toute liberté, bien sûr en respectant les schémas de jeu. »

A Vancouver, l’équipe a réalisé une performance majuscule qui l’a fait passer de la 7e à la 3e place du classement général provisoire en l’espace d’une semaine seulement avant de se stabiliser à la quatrième place après la tournée en Asie.

« Être quatrième mondial aujourd’hui, quand on sait ce que sont capables de faire toutes les nations, quand on voit par exemple ce dont est capable l’Uruguay contre l’Afrique du Sud, ça montre bien que les petites équipes qui existent dans la parole, sur le terrain c’est différent et tout le monde est à prendre au sérieux », estime Janeczek.

« Même notre équipe de France qui est en pleine progression a su trouver les ressources pour arriver au meilleur niveau. A Vancouver, on manque la finale de deux minutes. Arriver à faire une telle performance après un long voyage et un second tournoi, c’est preuve qu’il y a des ressources ! »