Deux ans après avoir été contraint de prendre sa retraite en raison d'une blessure chronique à l'épaule, Travis Ismaiel est prêt à faire ses débuts avec les Blitzboks dans le cadre des HSBC World Rugby Sevens Series.

Le sélectionneur des Blitzboks, Sandile Ngcobo, a nommé Ismaiel dans son équipe pour les deux manches nord-américaines des Series 2023, qui auront lieu à Los Angeles et Vancouver au cours des deux prochains week-ends.

À propos de sa convocation à l'âge déjà avancé de 30 ans, Ismaiel confie qu'il a reçu la nouvelle avec un mélange d'excitation et de soulagement.

« Je reviens de loin et j'ai dû faire beaucoup d'efforts pour en arriver là. Il a fallu beaucoup de travail », dit-il.

« Avec le rugby à sept, comme nous le savons tous, il faut mettre les bouchées doubles et ce que tu mets dedans, tu le récupères au centuple.

« Pouvoir faire partie d'une équipe du calibre des Blitzboks est quelque chose de particulier pour moi.

« C'est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, alors le faire maintenant, après avoir été hors du rugby pendant un certain temps, est une grande fierté pour moi. »

Un triplé rare

Travis Ismaiel faisait partie de l'équipe des Springboks Junior qui a remporté le Championnat du Monde des Moins de 20 ans 2012, mais il n’était pas rentré en jeu lors de la finale contre la Nouvelle-Zélande.

Si cette compétition a servi de tremplin à ses coéquipiers Handré Pollard, Pieter-Steph du Toit et Steven Kitshoff pour devenir des superstars du rugby que l'on connaît, Ismaiel a dû attendre six ans de plus pour obtenir ce qui s'est avéré être sa seule et unique cape chez les seniors, contre le Pays de Galles à Washington.

Comme pour beaucoup de joueurs des deux équipes ce jour de juin 2018, ce match amical a été à la fois le début et la fin de leur carrière internationale.

Mais aujourd'hui, il est de retour aux États-Unis et prêt à concrétiser la troisième partie de son triptyque rugbystique peu commun.

Ismaiel avait pris sa retraite depuis 18 mois, après avoir été prié de raccrocher les crampons au début de l'année 2021, lorsqu'il a enfin été libéré de ses douleurs et que la perspective d'un retour a commencé à lui traverser l'esprit.

Cette seconde chance lui a été offerte lorsque Marius Schoeman, responsable de la haute performance dans le rugby à sept en Afrique du Sud, lui a demandé de venir s'entraîner avec les Blitzboks en vue des Series de cette saison.

Compte tenu de ce qu'il a traversé, Ismaiel affirme que le fait de participer aux Series aura autant d'importance pour lui que son premier essai avec les Springboks en 2018.

« Le fait que je me sois retrouvé à Stellenbosch, à m'entraîner avec les septistes, est un miracle en soi - je n'ai jamais pensé que mon épaule se remettrait si bien que je pourrais simplement être fonctionnel à nouveau et même plus, recommencer à jouer au rugby », raconte-t-il.

« Ces deux derniers mois ont été très motivants et le fait de savoir que je suis sur le point de jouer pour cette équipe sur la scène mondiale est une expérience très forte. »

Ngcobo a également inclus Ronald Brown et Mfundo Ndhlovu dans son groupe, car les Blitzboks cherchent à consolider leur place parmi les quatre premiers dans les Series, ce qui leur garantirait une qualification pour les Jeux olympiques de 2024.  

Le trio remplace Darren Adonis et Dalvon Blood, qui se sont blessés à Sydney, et Shaun Williams, qui s'est blessé au genou à l'entraînement cette semaine.

L'Afrique du Sud a un bilan mitigé à Los Angeles : elle a remporté le tournoi en 2020, mais n'a pas réussi à lutter en terminant 13e l'an dernier. Ils sont associés à l'Irlande, à l'Uruguay et au Canada dans la poule B.

Les voisins africains du Kenya devraient également aligner un débutant en la personne du footballeur devenu rugbyman, Brunson Madigu.

A 24 ans, il est le seul nouveau visage de l'équipe du sélectionneur Damian McGrath.

« Madigu est un joueur très talentueux et passionnant... il apporte le facteur x dont l'équipe a besoin en ce moment. Il comprend la discipline et l'énorme responsabilité de jouer à un haut niveau », explique McGrath.

« Nous sommes en train de nous reconstruire, d'où la décision d'intégrer au moins un nouveau joueur à chaque tournée. »

Le Kenya, menacé de relégation, tentera d'obtenir sa première participation aux quarts de finale des Series 2023 contre l'Australie, championne en titre des Series, dans la poule C, avant de rencontrer les doubles champions olympiques fidjiens et le Japon.

Le retour de JP Barraque

Pour la Nouvelle-Zélande, leader des Series, Dylan Collier participera à son 50e tournoi, alors que les All Blacks Sevens cherchent à remporter deux tournois consécutifs après leur victoire à Sydney lors de la cinquième étape.

Moses Leo est de retour et la venue de Fehi Fineanganofo, qui n'a jamais été sélectionné, est le seul autre changement dans l'équipe de Clark Laidlaw.

De son côté, la France sera d'autant plus forte que Jean-Pascal Barraque est de retour dans ses rangs pour la première fois depuis la Coupe du Monde de Rugby à Sept au Cap en septembre où les Bleus avaient terminé 5e.

L'Australie a décroché son premier titre dans les Series l'année dernière en remportant la médaille de bronze à Los Angeles, mais elle devra se passer de son capitaine Henry Hutchison, blessé, pour rattraper son retard au classement.

Forfait pour le reste de la saison, Hutchison souffre en effet de blessures aux deux genoux et se remet également d'une entorse du poignet et de côtes cassées contractées lors des deux précédents tournois.

L'Australie est huitième au classement, juste derrière une poignée d'équipes très proches les unes des autres, dont les Fidji, leurs adversaires de la Poule C.

Deux points seulement séparent les Samoa, troisièmes, des États-Unis, septièmes. Les résultats des deux prochaines manches auront donc des répercussions importantes sur la course à la qualification olympique automatique et aux quatre premières places des Series.

Les Fidji, qui sont actuellement cinquièmes, se rendent à Los Angeles avec quatre nouveaux venus dans leur équipe de 13 joueurs : Anasa Qaranivalu, Rokoua Rasaku, Alusio Vakadranu et Ponipate Loganimasi.

Après sa victoire en Cup à Hamilton, l'Argentine n'a pas pu rivaliser à Sydney, mais Santiago Gomez Cora a conservé la même équipe pour les deux prochaines étapes, dans l'espoir d'améliorer sa sixième place.

Espérant reproduire leur belle victoire chez eux à Las Vegas en 2019, les États-Unis se retrouvent dans une poule redoutable avec les Samoa, la Nouvelle-Zélande et le Chili.

« Nous arrivons à LA avec une décevante septième place », reconnaît Mike Friday, l'entraîneur des États-Unis.

« L'écart de points entre la troisième et la septième place étant de deux points, neuf équipes courent furieusement après les quatre places automatiques de qualification olympique, tandis que les six autres équipes des Series cherchent désespérément à éviter les quatre places de relégation.

« Je n'ai jamais connu de World Series comme celles-ci depuis plus de 20 ans qu'elles existent. Ce n'est rien d'autre qu'un coupe-gorge ! »

À la neuvième place, l'Irlande a toujours l'ambition de figurer parmi les quatre premiers, mais les équipes qui la suivent sont loin d'être en reste et leur principale préoccupation est d'éviter la relégation.

L'équipe irlandaise a l'air bien établie pour le premier des tournois consécutifs de Los Angeles et de Vancouver, l'ancien international irlandais U20 Dylan O'Grady étant le seul joueur encore non sélectionné dans le groupe de 13 joueurs.