Sarah Chobot a découvert le rugby « par accident », résume-t-elle. L'ancienne membre de l'équipe féminine des États-Unis pratiquait l'heptathlon pour l'université de Central Michigan, mais n'allait jamais avoir la chance de se rendre aux Jeux olympiques.

« Je regardais par hasard le rugby à la télévision et j'ai commencé à chercher où je pouvais jouer », explique Sarah Chobot.

Comme sa passion grandissait, elle a déménagé pour trouver le meilleur endroit où pratiquait le rugby. Et en moins d'un an, elle a reçu sa première convocation en équipe nationale junior.

Son expérience du jeu lui sera utile dans sa future vie d'entraîneure, puisqu'elle a commencé au poste de trois-quarts centre, avant de passer centre, pilier et enfin pilier gauche, où elle a disputé ses sélections internationales.

« J'ai adoré ça. Tout ce que je voulais, c'était jouer et j'en ai toujours envie certains jours », dit-elle en souriant. Originaire de la ville de Glendale, dans le Colorado, elle a joué au rugby, comptant 32 sélections, dont deux en tant que capitaine.

« Avec la passion que j'avais, je n'ai jamais choisi de quitter l'équipe, mais un problème au genou a décidé pour moi. »

Le rugby était déjà un virus dont elle n'arrivait pas à se débarrasser, c'est donc tout naturellement que Chobot s'est tournée vers le coaching, grâce à de bons amis, parmi lesquels l'ancien membre des Eagles masculins Luke Gross.

« Je suis venue donner un coup de main, juste pour m'occuper, et très vite, j'ai entraîné plusieurs équipes », raconte-t-elle.

« Une fois que j'ai eu la tête à entraîner, c'était génial. J'aborde le métier d'entraîneure de la même manière que lorsque j'étais joueuse - il faut juste s'y mettre et faire le job. »

Il est intéressant de noter que Chobot n'a entraîné que des équipes masculines. « J'ai aidé mon équipe féminine, mais je n'ai entraîné que des hommes », dit-elle.

Une belle opportunité pour les Raptors

Le mois prochain, elle dirigera les American Raptors, l'équipe d'Amérique du Nord qui participera au Super Rugby Americas, dont le coup d'envoi sera donné le 18 février.

Seule équipe du nord de l'équateur parmi les sept franchises, elle jouera à domicile et à l'extérieur contre les six autres d'Amérique du Sud.

La Superliga Americana de Rugby élargie sera plus forte et permettra le développement des joueurs et du rugby en Argentine, au Chili, en Uruguay, au Brésil, au Paraguay et maintenant aux États-Unis.

L'objectif ultime étant de développer le Super Rugby Americas au cours des prochaines années, le rattachement des American Raptors en fait une authentique compétition américaine.

« Personnellement, je me réjouis vraiment, tout comme l'équipe, notre staff, la ville et la communauté de Glendale », affirme Sarah Chobot.

« Pour nous, c'est incontestablement un événement important, c'est merveilleux d'avoir le soutien de la ville de Glendale, et c'est une opportunité incroyable d'être la seule équipe à participer à la compétition. »

Des recrues d’exception

Avec encore de la neige sur le terrain d'entraînement, son équipe a déjà commencé à travailler dur et bientôt de nouvelles recrues vont rejoindre le groupe pour lui apporter l'expérience nécessaire.

L'ancien Puma Leonardo Senatore sera son entraîneur de la défense et avec les internationaux les plus capés du continent, Diego Magno (103 sélections pour l'Uruguay), Martín Landajo (84 sélections pour l'Argentine) et Ramiro Moyano (deux Coupes du Monde de Rugby avec Los Pumas), il y aura suffisamment de matière grise rugbystique pour aider les Raptors.

« Il y a un certain nombre de joueurs polyvalents issus de sports comme le football américain, le baseball, la lutte. Ils savent tous ce que ça implique d'être un professionnel et ont de très bonnes techniques de balle et de mental », explique Chobot.

« Bien qu'ils soient encore jeunes en rugby, ils seront très intéressants à voir.

« Nous sommes une équipe jeune et passionnante avec beaucoup de potentiel ; l'objectif est [d'associer] une tonne de talents internationaux avec des vétérans internationaux venus de toute l'Amérique qui feront augmenter le niveau d'expérience vers lequel nous nous dirigeons. »

Les recrutements seront importants pour les American Raptors.

« Les personnes ayant une expérience internationale seront utiles et précieuses. Ils ont une culture très particulière, ils pratiquent un rugby très visuel et agréable à regarder, ils sont capables de parler des subtilités, ils connaissent la ligue. Ils seront très utiles », estime la seule femme entraîneur de la compétition.

Un projet né pendant le Covid

Le projet des Raptors est né pendant le Covid-19 qui, selon Sarah Chobot, les a aidés, « parce que nous avions des joueurs d'autres sports ».

« Le rugby était la seule chose qui était autorisée », dit-elle. « Le Covid nous a aidés à décoller ; le rugby est si facile à apprécier que les joueurs se sont développés très rapidement. »

Le fait de venir d'environnements professionnels de haut niveau signifie que ses joueurs seront « bons mentalement et avec un QI sportif élevé ».

L'équipe sera prête au moment de son déplacement en Amérique du Sud. Les Raptors joueront leurs quatre premiers matchs à l'extérieur, à Santiago, Montevideo, Buenos Aires et Asunción.

Sarah Chobot et ses joueurs rentreront ensuite à la maison pour les six manches suivantes, avant de terminer le tournoi de 14 rounds à Córdoba et Sao Paulo, avec l'espoir de terminer dans le top 4 et de se qualifier pour les demi-finales.

Fixer des objectifs

« Notre staff doit faire son travail correctement, contrôler ce qui est contrôlable », souligne Chobot.

« Notre équipe sera très en forme et athlétique, ce qui nous permettra de tenir plus longtemps dans les matchs. Il faudra faire les choses simplement. »

En tant qu'ancienne joueuse d'élite, qui a représenté son pays en Coupe du Monde de Rugby, il est important de se fixer des objectifs.

« Nous allons vivre les semaines difficiles de la pré-saison, apprendre à nous connaître après quelques semaines et commencer à désigner les mini groupes de travail, à travailler sur les valeurs fondamentales et fixer les objectifs de la saison. Nous n'en sommes pas encore là car c'est une nouvelle équipe. »

Mais elle est sûre de son fait : « Nous y arriverons ! »