Gorata Kgathi est revenue de Nouvelle-Zélande en novembre avec plus de motivation que jamais pour multiplier les opportunités offertes aux femmes dans le rugby au Botswana.

Gorata s'était rendue à Auckland pour assister au Sommet international de Women in Rugby ainsi qu'à différents événements organisés par World Rugby et pour assister à la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2021.

Il s'agissait du troisième déplacement à l'étranger qu'elle avait effectué depuis qu'elle avait été invitée à rejoindre le programme Capgemini Women in Rugby Leadership en mars 2022, après des séjours d'études à Dubaï et en Malaisie.

Avant de s'inscrire au programme, Gorata n'avait jamais voyagé en dehors de l'Afrique, mais ces escapades lui ont permis de faire la connaissance des autres participantes et de partager ses expériences.

Pendant son mois en Malaisie, elle a ainsi participé à une semaine dédiée au programme ACTIVATE de World Rugby ainsi qu'à des cours où elle a suivi une formation d'éducatrice et rencontré ses camarades Ada Milby, Nahid Biyarjomandi et Karina Soerjanatamihardja.

Gorata a ensuite retrouvé Ada Milby à Auckland, où elle a également pu mettre des visages sur les noms d'autres participantes qu'elle n'avait rencontrées auparavant que lors de sessions en ligne ou de chats sur WhatsApp.

« J'ai pu rencontrer certaines des femmes que l'on lit habituellement ici et là », explique-t-elle à World Rugby.

« Tout le monde là-bas était vraiment gentil et très enthousiaste. Elles voulaient en savoir plus sur les expériences des unes et des autres dans les pays d'où nous venons et sur ce que nous faisons en termes de rugby.

« Elles offraient leur aide, tout simplement. Si vous aviez besoin d’échanger, vous pouviez simplement leur parler, donc c'était une expérience vraiment remarquable et interactive avec des possibilités de se créer des réseaux.

« De plus, les sujets que nous avons abordés, comme la participation des femmes, la formation et l'éducation et toutes les problématiques associées, faisaient partie des choses que, en tant que participante, vous vouliez ramener chez vous et partager avec d'autres pour voir comment vous pouviez les mettre en œuvre pour faire évoluer le rugby.

« La finale de la Coupe du Monde de Rugby, évidemment, a eu lieu à un moment parfait de l'histoire, dans un stade à guichets fermés. C'est fou, c'était un moment merveilleux, vraiment et oui, la Nouvelle-Zélande a été la meilleure expérience de ma vie. »

À propos de la victoire spectaculaire des Black Ferns sur l'Angleterre à l'Eden Park, Gorata ajoute : « C'était très émouvant et très inspirant.

« Quand vous avez vécu ça... vous vous sentez capable d'affronter le monde à n’importe quel moment. Vous n'avez pas peur parce que vous avez perçu les possibilités. »

DU NIVEAU AMATEUR AU NIVEAU INTERNATIONAL

De retour au Botswana, Gorata a mis son énergie à profit en organisant le programme Grassroots to Global de ChildFund Rugby.

Son objectif dans le cadre du programme Capgemini Women in Rugby Leadership est d'augmenter la participation que ce soit dans le jeu, à l'entraînement, à l'arbitrage et dans l'administration, en particulier en dehors de la capitale, Gaborone.

Grassroots to Global a donné à Gorata Kgathi l'occasion de rencontrer des femmes de différentes régions du Botswana.

« J'ai rencontré d'autres femmes qui ont également reçu la bourse en Afrique, et nous avons créé maintenant notre propre groupe. Nous sommes toujours en train de parler et de partager des idées », raconte Gorata.

« C'est ainsi qu'après la Nouvelle-Zélande, j'ai pu participer au programme ChildFund ici au Botswana. C'est grâce au réseau que j'ai construit, et un effort collectif du comité des femmes et de la fédération a fait de ce tournoi un véritable succès. »

Elle ajoute : « Nous avons eu 25 participantes, dont la plupart venaient de l'extérieur de la ville ; des filles âgées de 18 à 30 ans.

« Elles se sont réunies pendant deux jours et ont analysé les freins qu'elles rencontrent pour progresser dans le leadership du rugby ou dans leur parcours de rugby.

« Elles ont réfléchi aux obstacles et aux moteurs, ainsi qu'à leur parcours dans le rugby jusqu'à présent, et elles ont finalement dû présenter une proposition de projet qui pourrait être financée si elle est valable. »

Le travail de Gorata Kgathi vers cet objectif ultime a également été facilité par les opportunités et les formations offertes par Capgemini.

« Capgemini a offert une grande opportunité de leadership, pour notre carrière de cadre », dit-elle. « Je peux dire aujourd'hui que [ces cours] ont vraiment façonné ma façon de voir, la façon dont je veux diriger, et mon style de leadership. Ça a été très déterminant à cet égard. »

« UNE IMMENSE RESPONSABILITÉ »

Gorata Kgathi, qui jouait au tennis de table avant d'assister à une séance d'entraînement de rugby avec une amie, affirme que ce sport lui a appris à être courageuse et à se défendre.

Ce sont certainement des traits de caractère dont elle a eu besoin pendant son mandat de représentante des femmes au conseil d'administration de la Fédération de rugby du Botswana (BRU).

Bien qu'elle ait été capitaine de son club, qu'elle ait travaillé dur pour que la participation augmente et qu'elle ait fondé sa propre équipe, le Savage Rugby Club, elle a dû relever des défis depuis qu'elle a accepté ce rôle en 2019.

« C'est vrai que ça peut vite être épuisant », reconnaît-elle. « Mais ensuite, vous pensez aussi à toutes les personnes qui vous respectent.

« Vous pensez à ce qui vous a poussé à vous lancer au départ, et il y a une énorme responsabilité qui vient avec, et vous ne pouvez pas abandonner.

« C'est donc parfois plus facile lorsque vous appelez d'autres personnes et qu'elles vous disent : "Nous faisons la même chose ; garde la foi, tiens bon. Si tel truc se produit, fait ça". Vous savez, c'est dans ces moments-là que vous avez l'impression de ne pas être seule. »

Kgathi, la première femme du Botswana à devenir une entraîneure qualifiée par World Rugby, n'est certainement pas seule.

Elle a créé une voie pour que les femmes suivent ses traces, et le BRU a depuis accrédité 10 entraîneures.

Bien que Gorata Kgathi admette que les femmes sont encore en train de rattraper leur retard, elle a de grands projets pour sa dernière année au sein du comité féminin en 2023. Elle est donc déterminée à mettre à profit son expérience du Capgemini Women in Rugby Leadership Programme, un programme de bourses d'études destinées aux dirigeantes, pour proposer d'autres opportunités de ce genre.

« Je me suis retrouvée dans la même pièce que des femmes puissantes dans le rugby, des femmes qui ont brisé le plafond de verre et dépassé les attentes. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante », assure Gorata  Kgathi.

« Je suis prête à affronter cette année pour apporter le changement et aider les femmes à consolider leur place dans les structures du rugby. »