Ça ne fait que cinq ans que Bárbara Pichot a commencé à parcourir l'Argentine dans l'espoir de promouvoir l'image des joueuses du pays.

C'est à la suite d'une conversation avec l'un de ses trois frères cadets, Agustín, ancien vice-président de World Rugby et capitaine de l'équipe d'Argentine, que Bárbara Pichot s'est lancée dans cette aventure.

Sa fille avait récemment quitté la maison pour aller à l'université et elle lui avait demandé comment elle pouvait contribuer au mieux au rugby. « Peux-tu faire connaître le rugby féminin ? », lui avait demandé son frère.

Depuis, Bárbara Pichot s'est consacrée à cette mission. En moins d'un an, elle a créé une équipe, les Barbirians, et une compétition pour les femmes en Argentine.

Trois ans plus tard, en août 2020, elle a rejoint Sudamérica Rugby en tant que première coordinatrice du rugby féminin, assumant la responsabilité de cette discipline dans 16 pays.

C'est un travail qui prend beaucoup de temps - Bárbara Pichot pense qu'elle participe à environ 120 appels Zoom chaque semaine - mais sa charge de travail a augmenté en mars lorsqu'elle s'est inscrite au Capgemini Women in Rugby Leadership Programme, un programme de bourses d'études destinées aux dirigeantes.

« C'est une très grande responsabilité », explique Bárbara Pichot à World Rugby. « J'ai commencé il y a cinq ans avec le rugby féminin et ça fait maintenant deux ans que j'occupe ce poste.

« Je mène par l'exemple parce que pour moi, c'est une responsabilité, une très grande responsabilité et deuxièmement, c'est un très grand engagement et un très grand effort.

« Je travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec le rugby. Ce n'est pas seulement un travail à temps partiel. »

Bárbara admet qu'elle a une forte personnalité. « Quand je fais quelque chose, je veux le faire bien », dit-elle.

« Grâce à cette force, je voyage, je travaille, je discute avec les femmes qui sont tout autant engagées dans le rugby, avec les présidents des fédérations. »

Cependant, sa participation au Capgemini Women in Rugby Leadership Programme l'a obligée à « mettre un frein » car elle s'est inscrite au Programme international FIFA/CIES de management sportif.

Bárbara Pichot s'est également rendue en Nouvelle-Zélande le mois dernier pour assister à la Coupe du Monde de Rugby 2021 et au Sommet et aux tournois internationaux des Femmes dans le Rugby, tout en participant à des réunions dans le cadre de Sudamérica Rugby.

Pendant son séjour, elle a également trouvé le temps de s'envoler pour les Fidji, où elle a assisté à des séances d'entraînement et demandé des conseils sur la meilleure façon de faire croître les chiffres de participation dans le XV.

« Je suis allée aux Fidji parce que j'étais invitée par le directeur général et je voulais voir comment elles s'entraînaient aux Fidji et les problèmes [qu'elles rencontraient pour] passer au XV », indique Bárbara Pichot.

« C'était là ma problématique, comment passer du rugby à sept au rugby à quinze (en Amérique du Sud)... Je ne veux pas me précipiter. »

Elle a relaté ses expériences au sein du programme sur son compte Instagram, ce qui, espère-t-elle, incitera d'autres femmes à suivre ses traces.

« Je veux donner un exemple, si je peux, pour ces femmes qui sont derrière pour savoir qu'il y a une perspective, que vous avez une carotte au bout », ajoute-t-elle.

« Pour moi, il y a toujours quelque chose de nouveau dans le rugby. Chaque jour, j'acquiers de nouvelles connaissances, de nouvelles expériences. Sinon, on crève. Si je n'ai pas quelque chose de nouveau chaque jour et quelque chose qui me touche, me met au défi ou me donne envie d'y arriver, c'est comme.... Je ne bouge plus.

« Les filles [d'Amérique du Sud] ont donc une grande opportunité... Ici, dans la région, la plupart des femmes qui jouent au rugby ont de faibles ressources, elles ne viennent pas de l'élite du rugby.

« Elles ont très peu de ressources, alors tout ce que vous pouvez leur donner, c'est un petit coup de pouce, oui. Mais un coup de pouce qui leur donne des connaissances. »

Bien qu'elle se sente privilégiée d'avoir grandi dans une famille de rugbymen, Bárbara Pichot n'a pas eu la chance de jouer au rugby - à part au toucher avec ses frères - quand elle était petite.

Elle n'a pas réalisé que les femmes aussi pouvaient jouer au rugby jusqu'à ce qu'elle aille voir Agustín jouer pour Richmond en Angleterre à la fin des années 1990.

« Mon père m'a dit : "Regarde, Barbie, il y a des filles qui jouent au rugby" », se souvient-elle. « Je n'arrivais pas à y croire ! »

Bárbara est maintenant déterminée à faire en sorte que davantage de jeunes femmes et de jeunes filles aient accès aux opportunités de jouer qu'elle n'a pas eues, car elle tente d’« inverser la pyramide » des effectifs féminins en Amérique du Sud.

« Dans cinq ans, j'aimerais voir plus de filles jouer au niveau amateur. J'aimerais voir de plus en plus de jeunes de 6 à 14 ans jouer », affirme-t-elle.

« Ce dont j'ai besoin, c'est que les clubs commencent à développer leur base. C'est la seule chose que j'attends. »