En 2011, Jean-Marc Doussain ne sortait pas de nulle part. Deux ans auparavant, il avait été sacré champion d'Europe avec les moins de 18 ans. La même année, il intégrait le Stade Toulousain où il évolue toujours à la mêlée. Toulouse, sa ville natale, un club qui l'a vu grandir, se former, prendre confiance.

1re coupe du monde avec les U20 à 19 ans

Sa première Coupe du Monde de Rugby il l'a connaît en 2010 en Argentine... pour les moins de 20 ans. Il n'a alors que 19 ans et est surclassé.

La deuxième Coupe du Monde arrive un an plus tard. L'événement se déroule du 20 au 26 juin en Italie. Jean-Marc Doussain est alors titulaire au Stade Toulousain, club qui vient de remporter le titre de champion de France. Jean-Marc fait partie des révélations mais n'est pas encore totalement installé. Malgré tout, le joueur né en février 1991 appréhende l'échéance tout en confiance.

« Tout le monde se prépare à ça, c'est très motivant. J'avais choisi de la vivre à fond », raconte-t-il aujourd'hui. Avec les Bleuets, il est à la fois capitaine et leader technique. « C'était une fierté. En même temps, il y avait de très bons joueurs dans l'équipe. Il y avait une ligne de trois-quarts avec beaucoup de talents. » Ses qualités, sa vaillance le font sortir du lot. Il vit cette première expérience mondiale « sans prétention » malgré un groupe difficile ; Australie, Fidji, Tonga.

Dernière étape avant le monde professionnel

« Forcément il y avait un peu de pression car nous venions de faire un bon tournoi (des VI Nations, ndlr) et on savait qu'on avait une poule difficile. » Tous les ingrédients d'un tournoi international sont réunis. Avec la pression médiatique en moins.

Malgré tout, l'équipe de France termine à la quatrième place derrière les champions du monde néo-zélandais, l'Angleterre et l'Australie.

« Il faut pouvoir vivre cette expérience à fond. Car après, c'est le monde professionnel, c'est une autre étape très riche et différente », argue-t-il. D'autant que les talents d'aujourd'hui seront les grands joueurs de demain.

A ce moment de sa carrière, Doussain ne sait pas encore qu'il figure sur la liste cachée de Marc Liévremont, alors sélectionneur du XV de France. La Coupe du Monde de Rugby en Nouvelle-Zélande avance à grand pas et Doussain n'a que 20 ans.

Un coup de fil de Jo Maso

Intégrer le XV de France est une option à laquelle il n'ose croire. En tout cas certainement pas dans l'immédiat. Jusqu'à ce coup de fil de Jo Maso, le manager du XV de France, qui l'appelle à rejoindre l'effectif au plus vite pour remplacer David Skrela, forfait après une sale blessure à l'épaule en match de poule contre le Japon.

Doussain convoqué quatre mois seulement après s'être distingué avec les U20 ! Personne n'ose y croire, même pas le principal intéressé. « Jo Maso n'a pas eu à me convaincre », sourit aujourd'hui le demi de mêlée. « Tous ses entraîneurs ne tarissent pas d’éloges sur son investissement. C’est un joueur de tempérament, étonnamment mature pour son âge. Sur un terrain, il a beaucoup de punch et c’est un bon technicien. J’ai confiance. Il est capable de disputer des matchs de haut niveau », dit de lui Marc Lièvremont lors de la conférence de presse qui officialise sa sélection.

« C'était évidemment une surprise car je ne m'attendais pas à intégrer l'équipe de France aussi rapidement. Dans ces moments-là, au début, on est un peu pris de panique. Il y avait beaucoup de Toulousains dans l'équipe. Je suis arrivé sur la pointe des pieds, avec les yeux grands ouverts », ajoute Jean-Marc Doussain

Première cape contre les Blacks

C'est parti pour la Nouvelle-Zélande, en urgence, où Doussain, ouvreur de formation, croit vivre « un rêve ». Doussain n'a que que quatre matches avec le Stade Toulousain dans les jambes. « Si on a la chance et l'opportunité, c'est toujours du bonus. Dans ces cas-là, mieux vaut être bien entouré. C'est vraiment quelque chose à vivre, à vivre à fond ! Mais encore aujourd'hui, je crois que je n'ai pas encore réalisé ce qui s'est passé en 2011 », s'étonne-t-il.

Pour Lièvremont, c'est un pari, pas un risque. Le sélectionneur décide de lui faire confiance. Il lui offre sa première cape à un moment clé : lors de la finale de la Coupe du Monde contre les All-Blacks le 23 octobre. Un match remporté par la Nouvelle-Zélande 8 à 7.

Au total, Jean-Marc Doussain aura été sélectionné dix fois en équipe de France. « Mon objectif est, comme tous les joueurs du Top 14, de retourner en équipe de France, même si ça fait un moment que je n'ai pas été appelé », admet-il. « On a tous envie d'y être mais il y a beaucoup de monde à la porte. Les places sont chères. »

Jean-Marc est patient. Sa priorité reste son club.