Grâce à un retour remarquable sur la scène internationale après près de trois ans d'absence, Hongkong n'est plus qu'à une victoire de rejoindre le Chili pour faire ses premiers pas en Coupe du Monde de Rugby, en 2023 en France.

Une victoire in extremis 23-21 sur la Corée en finale de l'Asia Rugby Championship 2022 il y a quinze jours a permis de préparer un choc Asie/Pacifique 1 contre les Tonga sur la Sunshine Coast australienne ce samedi 23 juillet.

Des matchs contre l'Afrique du Sud, l'Irlande, l'Écosse et la Roumanie dans la poule B attendent le vainqueur. Les Tonga partent favoris, du fait de leurs cinq places au-dessus de Hongkong dans le classement mondial masculin de World Rugby et de leur riche expérience en Coupe du Monde de Rugby.

Cependant, Hongkong pense que tout est possible et rien ne peut les arrêter après ce qu'ils ont vécu.

Avant la victoire en Corée, la dernière fois que Hongkong avait disputé un test était contre l'Espagne en novembre 2019. A cette époque, l’équipe était entièrement professionnelle.

Mais pendant cette période d'absence des terrains, la Fédération de rugby de Hongkong (HKRU) a été contrainte d'adopter un modèle à temps partiel, ce qui a entraîné le départ d'un certain nombre de joueurs et d'entraîneurs de premier plan qui ont cherché à poursuivre leur carrière ailleurs.

La participation à l'Asia Rugby Championship a été annulée en conséquence, mais une fois que l'Asia Rugby Championship a été restructuré et que les rencontres ont été déplacées, la HKRU a décidé de revenir dans l'arène en mai.

Le nouvel entraîneur principal, le Gallois Lewis Evans, a donc été chargé de réunir au pied levé une équipe éclectique venant des quatre coins du monde, tout en étant entravé par des problèmes de quarantaine et de travail.

Les planètes s'alignent

Lewis Evans a fait appel à 10 débutants dans son nouveau groupe, notamment le capitaine Josh Hrstich et le vice-capitaine Glyn Hughes. Et, chose remarquable, avec seulement deux mois de préparation, ils se sont donné une chance d'entrer dans les annales du sport à Hongkong.

« Nous avions une équipe de joueurs à Hongkong et un groupe de joueurs évoluant à l'étranger et nous avons réussi à former une équipe assez forte. Mais nous sommes très éloignés de ce qu'aurait été une période de préparation normale pour un événement aussi important", raconte Glyn Hughes.

« Lors de certaines séances d'entraînement, nous n'avions peut-être que trois ou quatre arrières à l'entraînement. Cela a donc été un défi mais nous avons réussi à le relever.

« Certains joueurs sont enseignants et le moment a été bien choisi car ils ont pu travailler en fonction des vacances scolaires. Il y a aussi des gars comme moi qui travaillent à distance (en tant que banquier d'affaires).

« Quand vous prenez un peu de recul et que vous pensez à tout ce qui s'est passé, c'est assez vertigineux », ajoute-t-il.

« Si vous m'aviez dit que nous en serions là il y a deux mois, j'aurais rigolé. Cela aurait semblé impossible parce qu'il y avait tellement d'incertitudes et que la décision avait été prise de ne pas s'engager dans ces rencontres.

« Nous sommes en quelque sorte en train de prendre les choses en main, mais quelque chose de spécial est en train de se produire.

« Nous avons maintenant un groupe très soudé et nous sommes à un match de la qualification pour la Coupe du monde. »

Compte tenu de la composition de l'équipe, certains des héros de la victoire en Corée ne seront pas présents pour le match contre les Tonga. C’est notamment le cas pour Gregor McNeish.

C'est en effet sa pénalité sur la dernière action du match à Incheon qui a donné à Hongkong une nouvelle chance de participer à une première Coupe du Monde de Rugby.

« En tant que buteur, vous rêvez de ces moments, c'était un moment très spécial pour lui et l'équipe », indique Glyn Hughes.

« J'étais accroupi et je me cachais le visage dans les mains quand il se préparait à tirer, en priant pour que ça passe entre les poteaux.

« Les deux équipes étaient exactement au même niveau, et compte tenu de ce qui s’est passé, les Coréens ont été vraiment généreux et dignes de leur défaite après coup. »

Dans une bonne dynamique

Comme si ça ne suffisait pas aux scénaristes qu’un score soit marqué en dernière minute dans un match de qualification pour la Coupe du Monde de Rugby où tout se jouait, il faut aussi noter que Hongkong a dû gagner le match à 14 après seulement trente secondes de jeu, suite à un carton rouge infligé à Charlie Higson-Smith.

« Nous avons eu un carton rouge, un carton jaune (à Matt Worley), tous deux à des ailiers, donc pendant 10 minutes nous n'avions pas d'ailier sur le terrain », se rappelle Hughes.

« Nous étions évidemment très poussifs mais nous avons commencé fort et nous menions 15-0 à la mi-temps avant qu'ils ne reviennent à la charge.

« La victoire sur le dernier coup de pied n'était qu'un épisode de plus dans ce qui a été une aventure incroyable et folle. Je pense que Netflix pourrait en tirer un très bon scénario. »

Glyn Hughes et ses coéquipiers espèrent que la série a encore quelques épisodes à écrire, mais l'ancien demi d'ouverture de Premiership anglaise, qui a déménagé à Hongkong en 2017, reconnaît que les Tonga représentent un formidable défi.

« Il va falloir passer à la vitesse supérieure contre les Tonga, c'est certain. Ils vont être très physiques et assez agressifs j'imagine, mais nous sommes confiants et nous avons hâte d'y être.

« Nous sommes confiants, et maintenant que nous avons joué un match et que nous nous sommes entraînés davantage, notre équipe joue mieux ensemble et je pense que nous sommes dans une bonne dynamique.

« Il s'agit de 80 minutes de rugby et tout peut arriver pendant ce temps. »

Si Hongkong perd samedi 23 juillet, l’équipe rejoindra le Portugal, les États-Unis et le Kenya dans le tournoi final de qualification, où les équipes s'affronteront avant la fin de l'année pour le 20e et dernier billet pour France 2023.