Dans son enfance à Waikouaiti, dans l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande, Rowena Davenport ne pensait pas qu'il était possible de jouer au rugby, même si elle le voulait.
Elle passait ses samedis sur la ligne de touche avec ses frères et sœurs au Eastern RFC, aux côtés de leur père passionné de rugby, ne serait-ce que pour avoir droit à une portion de frites et à un soda après le match.
Elle a finalement eu la chance de chausser une paire de crampons lorsqu'elle est entrée à l'université à Dunedin, et le rugby a pris une importance encore plus grande dans sa vie.
Demie d'ouverture à l'esprit offensif et douée pour les appuis, Davenport a joué dans plusieurs clubs de la ville. « Je n'étais pas la meilleure joueuse, mais j'aimais tellement ça ! », raconte-t-elle à World Rugby.
« C'est à ce moment-là que j'ai vraiment compris pourquoi les gens aiment tant ce sport dans ce pays. En ce qui me concerne, ce que j’aimais, c’était le côté physique du jeu mais également la culture d'équipe qui était très importante. Je pense que le rugby offre une très bonne culture d'équipe. »
« JE SUIS DANS UNE POSITION PRIVILÉGIÉE »
En dehors du terrain, Davenport a bâti une carrière brillante dans la finance et les qualités qu'elle a développées dans sa vie professionnelle lui ont permis d'être nommée au conseil d'administration de l'Otago Rugby Football Union (ORFU) en 2014.
Cinq ans plus tard, elle est devenue la première femme à devenir présidente d'une grande fédération provinciale en Nouvelle-Zélande, après la démission de Keith Cooper.
Rowena Davenport a été présidente de l'ORFU jusqu'en mars, date à laquelle elle a quitté ses fonctions deux semaines après avoir été choisie parmi les 12 bénéficiaires de la Bourse World Rugby à destination des dirigeantes pour 2022.
We would like to acknowledge Rowena Davenport who has been appointed chairwoman of the Otago Rugby Football Union. She becomes the first female to lead a Mitre 10 Cup union.#TryAndStopUs #WomenInRugby pic.twitter.com/MKswTwjNIe
— Black Ferns (@BlackFerns) May 23, 2019
Ses qualités ne seront pas perdues pour le sport qu'elle affectionne. Le mois dernier, Davenport est entrée au conseil d'administration de New Zealand Rugby (NZR) pour un mandat de trois ans aux côtés de l'ancienne gouverneure générale du pays, Dame Patsy Reddy.
« C'est vraiment excitant », dit-elle. « Maintenant que j'ai un siège au conseil, je suis dans une position privilégiée pour plaider en faveur du changement et aider le rugby néo-zélandais à démontrer comment il peut soutenir des environnements plus diversifiés et inclusifs pour les femmes et d'autres groupes sous-représentés.
« J'ai eu beaucoup d'opportunités merveilleuses grâce à mon implication dans le rugby et je suis ravie de la reconnaissance qui accompagne la Bourse World Rugby à destination des dirigeantes, parmi des femmes très impressionnantes du monde entier.
« C'est une expérience pleine d'humilité, et une opportunité fantastique pour moi d'investir dans mon propre développement professionnel sur la base de toutes les opportunités que j'ai pu avoir dans le rugby jusqu'à présent. »
CRÉER DE NOUVELLES VOIES D'ACCÈS
Elle tient à faire usage de la bourse et de sa place au conseil d'administration de NZR pour aider d'autres femmes à suivre ses traces.
« Il est important pour moi de renforcer mon statut pour montrer aux autres ce qui est possible et leur donner l'occasion d'apprendre de mes expériences dans le rugby », explique Rowena Davenport.
« C'est en grande partie la raison pour laquelle j'étais intéressée par la bourse.
« J'ai toujours été étonnée par l'attention qu'on me porte pour le rôle que j'ai joué dans le rugby, juste parce que je suis une femme. Je comprends que c'est parce qu'il y a eu si peu de femmes impliquées jusqu'à présent, mais c'est encourageant de voir que cela est en train de changer.
« Je prends mon rôle de femme dans la gouvernance très au sérieux, je veux démontrer qu'il existe des moyens de rendre le système plus transparent, comprendre les obstacles à l'implication de plus de femmes dans la gouvernance du rugby et donner une autre perspective sur toutes les autres questions relatives au rugby.
« J'ai eu une expérience vraiment positive et encourageante dans le rugby, mais j'ai également pu constater que certains des obstacles à une plus grande diversité existent.
« Je pense qu'il s'agit en partie d'une question de transparence et de compréhension des possibilités qui s'offrent aux gens.
« J'ai maintenant l'occasion de plaider et de changer certaines des barrières structurelles qui permettront à davantage de femmes d'accéder à des rôles de gouvernance. Je suis donc très enthousiaste à l'idée de saisir cette opportunité. »
AUGMENTER LA PARTICIPATION
Cette année est une année importante pour le sport féminin en Nouvelle-Zélande, qui a récemment accueilli la Coupe du Monde de Cricket Féminin de l'ICC et s'apprête à organiser en octobre la Coupe du Monde de Rugby 2021, qui se jouera en 2022.
La Coupe du Monde de Rugby 2021 donnera à Rowena Davenport l'occasion de rencontrer en personne les autres bénéficiaires de la bourse, et elle pense qu'elle peut également servir de tremplin à la popularité du rugby féminin dans le monde.
« La Coupe du Monde qui se déroulera en Nouvelle-Zélande cette année nous offre une excellente occasion de mettre en valeur les talents et les capacités du rugby féminin et de montrer à quel point le rugby féminin a progressé », souligne-t-elle.
« Nous avons des équipes fantastiques en compétition. Nous les avons vues en préparation, et c'est un style de rugby vraiment passionnant qui, je l'espère, sera bien mis en valeur pour que les autres puissent le voir.
« Ce faisant, je pense que ce sera une excellente occasion d'accroître la participation au rugby féminin ici et dans le monde entier. »
Rowena Davenport a bon espoir que l'avenir soit prometteur pour les femmes dans le rugby, mais bien que beaucoup de progrès aient été réalisés, elle sait qu'il y a encore beaucoup à faire.
« J'aimerais voir plus de femmes impliquées à tous les niveaux du rugby », indique-t-elle. « C’est évident que nous avons besoin de plus de femmes dans le domaine de la haute performance, notamment dans les domaines de l’entraînement et de la gestion.
« Évidemment, j'aimerais aussi voir le taux de participation des jeunes filles et des femmes progresser, car je pense que si nous avons plus de personnes engagées dans notre sport, nous verrons plus personnes s’investir dans beaucoup d'autres rôles dans et autour du rugby.
« C'est pourquoi j'ai développé mon amour du jeu et que j'ai suivi la voie de l'administration dans le rugby. Mais il y a de nombreuses voies possibles et j'aimerais voir plus de diversité dans toutes sortes de rôles au sein du rugby. »