La victoire des Fidji au tournoi Sevens de Singapour le week-end dernier a été remarquable à plusieurs égards.

Les champions olympiques participaient à leur premier tournoi des World Series depuis Dubaï 2021 et ont connu un réveil brutal avec une défaite contre l'Irlande lors de leur match d'ouverture.

Ce n'était pas le début que le nouvel entraîneur Ben Gollings avait envisagé ou espéré, mais ils ont su rebondir avec éclat pour remporter le titre en battant la Nouvelle-Zélande 28-17 dans une finale palpitante.

Ben Gollings a été conforté par la persévérance dont son équipe a fait preuve après l'échec face à l'Irlande pour battre la France 26-19 puis le Japon 62-0 afin de se qualifier pour les quarts de finale de Cup.

Les Fidji ont dû élever leur niveau de jeu pour battre l'Afrique du Sud, leader des World Series, puis l'Australie dans les phases à élimination directe, avant que les All Blacks Sevens ne ressentent toute la force de leurs prouesses offensives dans la finale pour le titre, l'ailier débutant Vuiviawa Naduvalo inscrivant un doublé pour porter son total à 10 essais dans le tournoi.

« Après avoir perdu ce premier match, il aurait été très facile de se replier sur soi et de laisser cette défaite nous affaiblir. Mais ce ne fut pas le cas et ce fut une grande victoire d'aller battre la France qui est une très bonne équipe », explique Gollings, s'adressant en exclusivité à World Rugby depuis Vancouver, la prochaine destination du HSBC World Rugby Sevens Series.

« Le moment décisif pour moi a été le match contre le Japon, car c'était un match très important. Compte tenu de la configuration de notre poule, il y avait un gros différentiel de points que nous devions combler pour nous assurer une place en quart de finale et les joueurs ont vraiment relevé le défi et ce fut une grande victoire à la fin.

« Ce temps fort nous a permis de croire en ce que nous pouvions faire lors de la deuxième journée. C'était génial de voir les joueurs chevronnés travailler si bien avec les nouveaux joueurs pour créer cette connexion. Je pense juste que l'ambiance générale au sein de l'équipe était vraiment positive et la finale était fantastique.

« Vuiviawa, l'ailier, n'avait jamais quitté l'île ou pris l'avion, alors sa performance témoigne de la façon dont les garçons se sont appliqués. »

Le petit nouveau Naduvalo fait des débuts fracassants

En marquant 10 essais, Naduvalo détient désormais le record pour un tournoi à Singapour, conjointement avec Filimoni Bolavucu, qui avait atteint les deux chiffres en 2006.

« C'est incroyable de voir comment tout cela a fonctionné », ajoute Gollings. « L'ailier titulaire, Iowane Teba, s'est malheureusement blessé à la cheville, ce qui a mis un terme à son tournoi dès le premier match et a permis à Vuiviawa de saisir sa chance.

« Après avoir revu le match, les gens le voient marquer des essais, mais le travail qu'il a fait pour se mettre en position de marquer ces essais était vraiment constructif de mon point de vue.

« Ce qui était génial, c'est que toutes les nouvelles choses qu'il vivait et que beaucoup de joueurs vivaient, n'ont pas affecté ce qu'ils étaient censés faire sur le terrain. Ils se sont regroupés et ont joué comme s'ils jouaient chez eux, c'était fantastique. »

Les Fidji avaient prévu de revenir sur le World Series à temps pour les deux tournois en Espagne en janvier, mais ils ont été contraints de renoncer aux tournois de Málaga et de Séville.

Au lieu de quoi, les Fidji ont préparé leur retour sur le circuit avec des matchs de préparation contre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, à Lautoka, puis au Marist Sevens à Suva.

« D'un côté, nous avons été déçus de ne pas aller en Espagne, mais le bon côté des choses, c'est que ça nous a donné le temps de faire le point sur tout, de réévaluer, de me familiariser un peu mieux avec le programme et les joueurs et d'organiser les choses à partir de là », indique Ben Gollings après réflexion.

« Nous avons eu la chance de pouvoir faire venir la Nouvelle-Zélande et l'Australie pour jouer, ce qui a été très précieux de notre point de vue pour obtenir du temps de jeu de qualité, et je pense que nous nous sommes bien améliorés pendant le tournoi.

« Il faut tout donner pour gagner ces compétitions et la défaite contre l'Irlande au début était, je pense, décevante mais pas nécessairement une mauvaise chose.

« Je pense que nous avons très bien réagi, ce qui est important dans le rugby à sept, et que les joueurs ont pris de plus en plus confiance au fil du tournoi, ce qui est fantastique.

« Un élément clé sur lequel nous nous sommes concentrés était de profiter de leurs performances. C'était agréable de les voir jouer avec le sourire. »

Le cœur bien accroché

Pour Ben Gollings, la victoire à Singapour est un autre moment remarquable dans une carrière déjà bien remplie. Son record de 2 652 points sur le World Series est supérieur de 624 points à celui de son dauphin et ne sera pas facile à battre.

Depuis qu'il a pris sa retraite, l'Anglais est devenu un entraîneur de haut niveau dans différents environnements, notamment pour l'équipe nationale chinoise. Mais il n'y a rien de plus grand que le poste de coach des Fidji à sept, et suivre les traces des entraîneurs Ben Ryan et Gareth Baber, médaillés d'or olympique, ne pouvait pas être chose facile.

« C'est un début assez incroyable », admet-il. « De mon point de vue, je n'ai pas pensé à tout ça et je me suis concentré sur les matchs et sur ce qui se présentait à nous. C'était une expérience vraiment intéressante.

« J'ai eu le cœur bien accroché à plusieurs reprises, mais je pense qu'il est essentiel de ne pas le laisser paraître aux joueurs. Mais en même temps, j'ai confiance en eux, je sais qu'ils iront sur le terrain et qu'ils seront performants, ce qui m'a beaucoup aidé.

« En fin de compte, ce sont les joueurs qui jouent sur le terrain et ce sont eux qui l'ont fait. Du point de vue du management, j'étais juste très satisfait de la façon dont nous avons pu entourer l'équipe et accompagner cette performance. »

Le prochain défi de Ben Gollings et des Fidji est maintenant de réaliser une bonne performance à Vancouver, où ils sont tombés au stade des quarts de finale de Cup lors de leur dernière visite en mars 2020.

« C'est un nouvel endroit, un nouvel environnement, et aussi un nouveau climat. En ce qui nous concerne, nous voulons performer à nouveau.

« Ce jeu est basé sur la régularité et c'est ce que nous allons chercher encore - une autre performance solide.

« Nous avons littéralement joué deux matchs de rugby et nous étions dans l'avion 10 heures plus tard, donc il faut se concentrer sur la récupération et faire en sorte que l'équipe retrouve son niveau d'excitation et sa motivation. Je pense que c'est tout à fait possible ici. »