USA Rugby rendra hommage à l'une de ses plus grandes figures lundi 1er novembre lorsque la regrettée Kathy Flores sera honorée avant et pendant le match du World Rugby Pacific Four Series contre le Canada.

Kathy Flores, qui est décédée d'un cancer au début du mois, a été capitaine de l'équipe féminine des États-Unis lors du tout premier match international de l'équipe, contre le Canada en 1987, et a fait partie de celle qui a remporté la première Coupe du Monde de Rugby féminine au Pays de Galles quatre ans plus tard.

Après avoir raccroché les crampons au lendemain de la Coupe du Monde de Rugby 1994, elle a entamé une carrière d'entraîneure tout aussi brillante et a mené son pays à deux autres Coupes du Monde de Rugby, au Canada en 2006 et en Angleterre en 2010.

Les contributions de Kathy Flores au rugby aux États-Unis ont été rappelées avant la rencontre des Eagles masculins avec la Nouvelle-Zélande le week-end dernier. Lundi à Glendale, les joueuses de l'équipe hôte porteront des brassards noirs et des maillots spéciaux sur lesquels seront brodées les initiales de la célèbre numéro huit.

Une minute de silence sera également observée avant les hymnes à l'Infinity Park, tandis qu'une vidéo commémorative spéciale sera diffusée sur l’écran géant du stade et via les réseaux sociaux à la mi-temps.

« Kathy était synonyme de rugby aux États-Unis et notamment du développement du rugby », explique Jamie Burke, entraîneure adjointe des Women's Eagles, à World Rugby.

« Quand vous vous penchez sur son rôle au sein de la première équipe nationale et dans une Coupe du Monde, puis par la suite en jouant et en entraînant Berkeley à travers de multiples championnats nationaux, puis en allant à Brown et en devenant l'un des premiers entraîneurs universitaires, vous vous rendez compte qu’elle a toujours été une pionnière. »

UN NIVEAU D'EXIGENCE TRÈS ÉLEVÉ

Jamie Burke a rencontré Kathy Flores pour la première fois alors qu'elle ambitionnait de devenir numéro huit au début de la vingtaine. Kathy avait repéré le talent incontestable de Burke, mais lui avait conseillé de changer de position, pour jouer en première-ligne, si elle voulait représenter les États-Unis au niveau international.

« Elle s'est approchée de moi lors d'un match amical et m'a demandé quelles étaient mes aspirations. Elle m'a dit : "As-tu déjà pensé à jouer pour l'équipe nationale ?".

« J'ai répondu oui, et sans même sourciller, sans changer d'expression, elle m'a simplement dit : "Tu ferais mieux d'apprendre à jouer pilier" », raconte Burke en riant de ce souvenir.

« C'est à ce moment-là que j'ai commencé à essayer de comprendre ce qu'était être pilier, et on connaît la suite. »

Cette transition s'est avérée très fructueuse puisque Jamie Burke a joué sous la direction de Kathy Flores à la fois pour Cal Berkeley et pour les Women's Eagles, jouant pour sa marraine lors de deux Coupes du Monde de Rugby.

« En tant qu'entraîneure, c'était quelqu'un de très directe », ajoute Jamie. « Elle avait un équilibre intéressant entre l'humour pince-sans-rire et l'exigence.

« Vous saviez ce qu’elle attendait de vous et lorsque vous faisiez bien les choses et que vous receviez des félicitations ou une marque de sympathie, vous saviez que vous aviez fait quelque chose de vraiment bien.

« Elle n'était pas hypercritique, c'est vrai, mais elle n'était pas non plus hyper effacée et donc dans ces moments où les choses allaient vraiment bien, vous le saviez. »

« UNE PERSONNE MERVEILLEUSE »

Le point culminant de la carrière de Kathy Flores a été atteint à Cardiff en avril 1991 lorsqu'elle a fait partie d'une troisième-ligne mobile aux côtés de Clare Godwin et Morgan Whitehead qui a sorti l'Angleterre de sa zone de confort et a aidé les Etats-Unis à remporter la première finale de la Coupe du Monde de Rugby féminine.

Selon Jamie Burke, Kathy Flores était « modeste à bien des égards quant à son rôle dans l'équipe de la Coupe du Monde 91 » et l'entraîneure-assistante de l'équipe des États-Unis ne sait pas comment son ancienne coach aurait réagi aux hommages qui lui ont été rendus au cours des dix derniers jours.

« C'est drôle, je pense qu'elle aurait probablement eu deux avis », estime Burke. « Elle a toujours été une personne relativement discrète, alors je pense que dans certains cas, elle se serait dit : "Oh, pourquoi en font-ils toute une histoire ?".

« Mais d'un autre côté, je pense qu'elle se serait sentie honorée d'entendre à quel point sa contribution au rugby a eu un impact sur ce pays, sur le rugby dans son ensemble et sur le rugby féminin en particulier.

« Je pense que l'une des choses pour lesquelles nous ne sommes peut-être pas doués collectivement en tant qu'êtres humains, c'est de faire connaître l'impact que les gens ont sur nos vies ou sur nos communautés pendant que nous pouvons encore le leur exprimer.

« C'est souvent après coup que nous nous disons : "Oh, si seulement nous avions dit ça". Je pense donc qu'elle serait probablement honorée d'entendre tous ces compliments, mais aussi, pour ma part, j'aurais aimé qu'elle puisse en entendre davantage lorsqu'elle était encore parmi nous. »

Il est logique que le Canada soit l'adversaire à Glendale, presque exactement 34 ans après que Kathy Flores ait été capitaine des États-Unis lors de la toute première rencontre Can-Am féminine.

« Kathy était une merveilleuse leader », affirme Rob Cain, l'actuel entraîneur des Women's Eagles. « C'était une personne merveilleuse et elle va beaucoup manquer à tout le monde au sein de la communauté du rugby américain. »

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