Le partenariat de ChildFund Rugby avec World Rugby dans la préparation et pendant la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon a généré un impact exceptionnel tel pour la région que des milliers de filles et de femmes asiatiques supplémentaires participent désormais activement à ce sport dans un environnement plus sûr et plus inclusif.

Près de 35 000 joueurs ont été inscrits au programme Pass it Back, qui vise à s'assurer que les enfants en situation de précarité soient armés pour surmonter les défis grâce à la fraternité du rugby, et plus de la moitié d'entre eux sont des participantes.

Parallèlement, l'initiative Reconnect de ChildFund Rugby continue de jouer un rôle essentiel dans l'amélioration de l'accès au sport et aux perspectives d'apprentissage. Elle apporte une multitude de bénéfices alors que le monde continue de lutter contre les effets de la pandémie mondiale de Covid-19. Là encore, la majorité des personnes concernées sont des filles et des femmes.

En tant que principal partenaire caritatif de la Coupe du Monde de Rugby 2021, qui se jouera en 2022, la branche rugby de l'agence de développement internationale s'efforce désormais d'avoir un impact positif similaire dans la région de l'Océanie, où l'inégalité entre les sexes et la violence à l'encontre des femmes et des enfants sont deux problèmes persistants qu'elle prévoit d'aider à résoudre grâce à des programmes soigneusement élaborés, quantifiables et collaboratifs en partenariat avec Oceania Rugby.

« Nous sommes très enthousiastes à l'idée de la Coupe du Monde de Rugby 2021, qui se jouera l'année prochaine en Nouvelle-Zélande, et de la façon dont nous pouvons reproduire ce succès (en Asie) mais en nous concentrant sur la région de l'Océanie », explique Chris Mastaglio, ancien international de rugby du Laos et l'une des principales forces motrices de ChildFund Rugby.

« Les questions essentielles que nous chercherons à soulever sont celles relatives à l'égalité des sexes et certains des défis liés à la violence envers les filles et les femmes dans la région de l'Océanie.

« Nos partenaires veulent vraiment tirer parti de la puissance du rugby pour s'attaquer à ce problème social crucial. »

PROMOUVOIR UN COMPORTEMENT POSITIF

L'impact d'un partenariat entre ChildFund Rugby, Oceania Rugby, l'instance dirigeante du rugby dans la région, la Fédération de rugby de Fidji, ONU Femmes et Team Up du gouvernement australien, se fait déjà sentir aux Fidji, à travers Get into Rugby PLUS, une adaptation du programme de participation de masse de World Rugby.

Get into Rugby PLUS a débuté aux Fidji en 2018 avec 20 entraîneurs qui ont sensibilisé plus de 300 filles et garçons. En 2020, plus de 500 joueurs en ont bénéficié sous la direction de 32 entraîneurs formés. Depuis, le programme continue de s'étendre et de se renforcer.

Adapté pour le Pacifique, Get into Rugby PLUS intègre l'apprentissage du savoir-vivre associé à la fédération de rugby pour promouvoir un comportement positif, pour le bien des individus et de la communauté au sens large.

« Nous avons travaillé avec Oceania Rugby pour créer le programme de formation et avons formé le premier groupe d'entraîneurs et de formateurs à cette méthodologie particulière et au programme », ajoute Caroline Pinney.

Responsable des programmes et partenariats de sport pour le développement de ChildFund Rugby pour l'Océanie, Caroline Pinney affirme que l'impact de la médaille de bronze remportée par les Fidji aux Jeux olympiques de Tokyo a été immédiat.

« Apparemment, des parents ont contacté la Fédération fidjienne de rugby immédiatement après les Jeux olympiques pour inscrire leur fille à des programmes de rugby, ce qui est extraordinaire à voir dans un pays où le rugby est encore un sport dominé par les hommes », révèle-t-elle.

Des parcours clairement définis dans le rugby et un environnement sûr pour les filles sont essentiels pour capitaliser sur l'intérêt que l’« effet olympique » peut susciter. De tels partenariats de collaboration ont aidé la Fédération fidjienne de rugby à mettre en place des moyens importants pour capter cet intérêt et le traduire par une augmentation des taux de participation et de fidélisation.

La version samoane de Get into Rugby PLUS vient de démarrer et il est à espérer qu'elle pourra être déployée dans d'autres pays de la région.

« Notre objectif est de travailler avec les fédérations nationales de rugby. Nous ne mettons pas en œuvre les programmes nous-mêmes, mais nous travaillons avec elles pour développer des outils pédagogiques qui s'articulent autour du programme Get into Rugby de World Rugby »", commente Chris Mastaglio.

« Nous avons intégré dans ce programme un module sur le savoir-vivre qui concerne particulièrement les questions d'égalité des sexes et de lutte contre la violence faite aux femmes et aux enfants.  Et nous travaillons avec les instances dirigeantes nationales pour renforcer leurs méthodes et politiques de prévention.

« Oceania Rugby a développé sa propre politique et ses pratiques de prévention et soutient maintenant les fédérations nationales pour leur permettre de contextualiser la prévention dans chacun de leurs pays. »

DES EXPÉRIENCES QUI CHANGENT LA VIE AU LAOS

Si les Fidji sont un exemple de ce qui peut être réalisé grâce à la mise en place de partenariats et de programmes adaptés, il suffit de se tourner vers le Laos, pays d'Asie du Sud-Est, pour constater la capacité du rugby à changer la vie.

Le rugby était inconnu dans ce pays montagneux traversé par le Mékong jusqu'à ce qu'il soit l'un des quatre sports que ChildFund a présenté aux enfants en partenariat avec la Fédération laotienne de rugby. Sans aucun doute, ceux-ci étaient d'abord perplexes devant cet objet de forme ovale qu'ils avaient entre les mains.

Chris Mastaglio, qui vit et travaille au Laos depuis 18 ans, explique comment la Fédération lao de rugby s'est approprié le ballon et en a fait son cheval de bataille.

« Quatre sports différents - le volley-ball, le football, le ratanball (une version du volley-ball mais avec des pieds) et le rugby - ont été proposés dans cinq villages du nord du Laos », explique-t-il.

« À l'époque, nous avons mis en place le volet rugby en partenariat avec la Fédération laotienne de rugby, ce qui a ajouté un niveau de qualité à l'expérience sportive des enfants participant à ce projet.

« Dans les autres sports, il s'agissait généralement d'enseignants masculins plus âgés qui connaissaient le sport mais ne savaient pas comment l'entraîner, ce qui rendait l'expérience moins agréable. La Fédération laotienne de rugby s'est montrée très active en affectant un nombre égal d'entraîneures au projet, ce qui a eu pour effet d'inciter naturellement les filles à pratiquer ce sport dans la mesure où il y avait des entraîneures, et le projet s'est développé à partir de là. »

Le parcours personnel de Lao Khang montre ce qu'il est possible d’accomplir quand on a la bonne direction et les bonnes opportunités.

Élevée dans un petit village du district de Nonghet, dans le nord rural du Laos, Lao Khang a dû quitter l'école au début de son adolescence pour s'occuper de la ferme familiale et de son père malade.

Mais en 2012, à l'âge de 20 ans, sa vie a basculé lorsqu'elle a été initiée au monde du sport grâce à des activités sportives de développement menées par la Fédération laotienne de rugby en partenariat avec ChildFund. Elle a pris part au premier programme pilote de ce qui allait devenir Pass It Back.

Deux ans plus tard, Lao Khang représentait l'équipe nationale féminine du Laos lors de tournois internationaux en Thaïlande, à Hongkong, en Corée du Sud et à Singapour, notamment aux Jeux asiatiques de 2014 et aux Jeux d'Asie du Sud-Est de 2015.

Pour quelqu'un dont les frontières étaient auparavant si petites, c'était quelque chose de considérable.

« Quand j'étais petite, j'ai toujours été très timide. Maintenant, je suis une jeune femme courageuse et confiante », dit-elle.

« Avant de commencer à jouer au rugby, je ne connaissais que les gens de mon petit village. Maintenant, j'ai des amis dans le monde entier. »

Lao Khang est également formatrice d'entraîneurs de World Rugby et aide maintenant à diriger les stages de World Rugby au Laos et contribuent aux formations d'entraîneurs au Vietnam.

En 2018, Lao Khang a été désignée par la BBC comme l'une de ses 100 femmes les plus influentes et inspirantes du monde entier, retenues en raison de leur influence sur leur communauté.

Elle reste fermement convaincue du pouvoir du sport pour changer des vies, en particulier celle des enfants dans les communautés en développement.

« Le rugby est un outil pédagogique formidable pour les enfants. Lorsque nous jouons, nous enseignons aux enfants des choses telles que l'importance du lavage des mains, les bonnes manières, le respect des aînés et l'amitié. »

Et elle est déterminée à voir d'autres personnes en bénéficier de la même manière qu'elle : « Je veux aider à faire participer au rugby autant de filles et de femmes laotiennes des communautés rurales et éloignées que possible, afin qu'elles puissent elles aussi se sentir fortes et courageuses. »

LE POUVOIR DES PARTENARIATS

Lao Khang est loin d'être seule.

« Nous avons beaucoup de joueurs qui achèvent notre programme et passent à l'entraînement, dans une position de responsable, et c'est ce que les parents aiment voir », souligne Chris Mastaglio.

« Quand on parle des valeurs du rugby que sont le respect, l'intégrité et la discipline, tous les parents veulent que leur enfant montre ces valeurs à la maison, à l'école et au travail, et ces valeurs sont un facteur vraiment fédérateur pour le rugby. »

Caroline Pinney ajoute : « Il est clair que cela permet de développer le rugby et de renforcer la réputation positive du jeu. Les familles se rendent compte que le rugby ne se limite pas à la simple pratique de ce sport. »

Le rugby est un jeu basé sur les partenariats - que ce soit un pilier qui soulève un sauteur ou une charnière qui travaille en tandem - et Chris Mastaglio est impatient de voir quels avantages le statut de ChildFund Rugby en tant que tout premier sponsor caritatif principal d'une Coupe du Monde de Rugby féminin peut apporter.

« La possibilité de travailler avec l'équipe chargée de la mise en œuvre de cet événement pour amener plus de filles et de femmes à pratiquer ce sport et à en bénéficier d'une manière vraiment structurée, est vraiment excitante. Chapeau à World Rugby pour avoir organisé cela », dit-il.

« Avec World Rugby, nous croyons au pouvoir des filles dans le sport. À l'occasion de la Journée internationale de la fille, nous honorons toutes les filles qui font du sport dans le monde. Nous sommes vraiment convaincus que ce partenariat va produire des résultats vraiment positifs chez les filles de la région Océanie ainsi que, bien sûr, dans le pays hôte, la Nouvelle-Zélande. »

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