St John's, la capitale de Terre-Neuve, est un endroit où personne lié au rugby américain n'aurait été particulièrement pressé de retourner.

Mais qu'on le veuille ou non, le rugby international revient ce samedi 4 septembre au point le plus à l'est du Canada après 15 ans d'absence. Le pays hôte s'apprête à affronter les US Eagles dans le premier des deux matchs de qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 entre les deux équipes.

St John's est le siège du Swilers Rugby Club, l'endroit où ceux qui ont bonne mémoire se souviendront que les Eagles ont subi une défaite record de 56-7 contre le Canada en août 2006, un résultat qui avait permis à l'équipe en rouge de se qualifier comme Amérique 2 pour la Coupe du Monde de Rugby 2007.

Cette fois, l'enjeu pour le vainqueur de cette série de deux matchs de Rugby Americas North 1 (RAN 1) - le match retour aura lieu à Glendale une semaine plus tard - est la possibilité de concourir avec l'Uruguay pour la place d'Amerique 1 aux côtés de la Nouvelle-Zélande, de la France, de l'Italie et du vainqueur de la Coupe d'Afrique 2022 dans la poule A de la RWC 2023.

Los Teros sont parvenus à ce stade avancé du processus de qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 en tant que vainqueurs du tournoi Sudamérica 3 Nations après des victoires serrées contre le Chili et le Brésil en juillet.

Un autre rapport de force

Le rapport de force ayant évolué en faveur des Eagles ces dernières années, le Canada aborde le match de ce week-end en tant qu'outsider.

Mais ce n'était pas le cas en 2006, lorsque James Pritchard, le meilleur marqueur de points de l'histoire du Canada, a réalisé la performance de sa vie.

Titularisé à l'aile pour la quatrième fois seulement de sa jeune carrière internationale, l'arrière d'origine australienne a marqué 36 points - le plus grand nombre de points jamais marqués par un Canadien dans un test-match - et a inscrit trois essais.

« C'était l'un de ces matchs où toutes les planètes étaient alignées pour nous », a-t-il raconté à World Rugby.

« Je me souviens que pour l'un des essais que j'ai marqué, nous venions de marquer et les États-Unis ont relancé et ont tapé en profondeur le ballon. Morgan Williams l'a récupéré et a couru au milieu du terrain et je lui ai dit 'tiens bon, on est là' parce qu'ils s'étaient retournés pour revenir au centre pour une mêlée. Morgan m'a fait une passe à partir d'un rapide remise en jeu et j'ai marqué. »

Une destination redoutable

Bien qu'aucun membre de l'équipe américaine actuelle ou de l'encadrement n'ait été présent à l'époque, Pritchard estime que certains accents locaux pourraient donner aux visiteurs des cauchemars de leur récente défaite 71-10 face à l'Irlande.

« C'est un endroit assez intimidant ici, ce qui est l'une des raisons pour lesquelles je pense qu'ils ont choisi d'y jouer », a-t-il ajouté.

« C'est la partie la plus à l'est du Canada, la plus proche de l'Irlande et du Royaume-Uni que toute autre partie de l'Amérique du Nord.

« Pour un visiteur ou une oreille non avertie, c'est presque comme l'Irlande, d’ailleurs. Certains des accents que l'on entend à Terre-Neuve ressemblent beaucoup à ceux de l'Irlande, et il fait sacrément froid là-bas. Ce sont des gens durs. »

En 2006, une foule de 5 000 personnes avait acclamé le Canada pour sa victoire sans précédent.

« Pour nous, c'était comme avoir un ou deux hommes de plus sur le terrain. Avec le soutien que nous avions reçu toute la semaine, nous n’avons jamais pensé que nous pouvions perdre ce match. »

Avec une série de 12 matchs sans défaite dans cette compétition et un classement mondial World Rugby supérieur de six places à celui du Canada, les US Eagles espèrent prendre une bonne avance au match aller avant le match retour prévu le 11 septembre.

Jeunes talents

Le Canada aborde ce match après une série de 10 défaites et sans des joueurs expérimentés comme Tyler Ardron et Evan Olmstead.

Toutefois, Pritchard, qui a accumulé 607 points au cours de ses onze années de carrière, espère que le Canada pourra trouver l'inspiration ailleurs pour renverser la situation.

« En regardant leurs derniers matchs, on peut y voir des lueurs d'espoir », affirme-t-il.

« Dans les matchs contre l'Angleterre et le Pays de Galles, vous avez pu constater qu'il y avait de bons jeunes joueurs en devenir.

« Avec la progression de la MLR, beaucoup de ces gars ont pas mal de matchs à XV à leur actif, et nous n'avons pas à nous partager les joueurs entre les sélections à sept et à XV, comme c'était le cas dans le passé. »

LIRE AUSSI >>> ALLISTER COETZEE VA VEILLER À CE QUE LA NAMIBIE SE QUALIFIE POUR FRANCE 2023