La Grande-Bretagne a remporté sa toute première médaille en rugby fauteuil aux Jeux paralympiques après avoir tiré les enseignements de sa défaite en poule contre les États-Unis pour battre ces derniers en finale, dimanche 29 août, au Yoyogi National Stadium de Tokyo.

Bien qu'il se soit révélé moins spectaculaire que la victoire en prolongation de l'Australie contre les États-Unis à Rio 2016, le match a été riche en rebondissements et est resté sur le fil du rasoir tout au long de la rencontre, les États-Unis refusant de laisser la Grande-Bretagne leur échapper.

La Grande-Bretagne a toujours eu l'avantage au tableau d'affichage, mais ce n'est que dans les dernières minutes qu'elle a été assurée d'une victoire historique.

Pour les Etats-Unis, triples champions, c'est une nouvelle médaille d'argent qui vient s'ajouter à celle de Rio.

La Grande-Bretagne avait été tout aussi impressionnante en battant une équipe japonaise largement favorite en demi-finale, tandis que les États-Unis avaient battu l'Australie 49-42 dans l'autre demi-finale, privant ainsi les champions de 2012 et 2016 de la possibilité de remporter une troisième médaille d'or consécutive.

Les Steelers, comme on appelle l'équipe australienne, n'ont pas réussi à monter sur le podium, le Japon les ayant battus 60-52 en finale pour la médaille de bronze.

LA GRANDE-BRETAGNE REMPORTE UNE MÉDAILLE D'OR HISTORIQUE

Vendredi 27 août, les États-Unis avaient rattrapé un retard de cinq essais sur la Grande-Bretagne pour remporter un match époustouflant 50-48. Mais cette fois, la Grande-Bretagne a su garder son sang-froid en gérant au mieux son temps et son jeu tout au long du match, à l'exception d'une phase de nervosité au milieu de la deuxième période.

Une forte pression défensive a empêché leurs adversaires de prendre l'élan dont ils avaient besoin et la Grande-Bretagne a mené 15-12 à la fin du premier quart-temps.

Le capitaine et taulier américain Chuck Aoki et le marqueur vedette Josh Wheeler restaient cependant une menace constante, si bien que Aoki a ramené l'écart à deux essais à la mi-temps.

Certains supporters britanniques ont pu craindre que l'histoire ne se répète lorsque les États-Unis ont marqué un nouvel essai pour ne mener que d'un seul essai à la fin du troisième quart-temps (37-36).

Mais grâce à l'impact du vétéran de la RAF Stuart Robinson et du capitaine Jim Roberts, la Grande-Bretagne a pu garder le contrôle du score et s'est finalement détachée pour gagner par un écart de cinq essais alors que les Américains tentaient désespérément de rester dans la course.

« C'était un match incroyable », a déclaré Jim Roberts. « Je suis tellement heureux pour les gars, c'était un moment à retenir. »

Roberts a été le meilleur marqueur avec 24 essais, mais c'est un véritable effort d'équipe qui a permis à la Grande-Bretagne de surmonter ses déceptions passées.

En effet, la Grande-Bretagne n'avait pas réussi à remporter de médaille lors de ses cinq précédentes participations aux Jeux paralympiques, échouant dans le match pour le bronze en 2004 et 2008. De plus, elle affrontait l'équipe la plus titrée de ce sport.

« Je joue pour gagner tous les matchs auxquels je participe, et c'est pour cela que je voulais venir. Nous savions qu'il y aurait des équipes extraordinaires ici », a ajouté Jim Roberts.

« Les États-Unis sont une équipe de grande classe, et c'était tout simplement incroyable de les rencontrer en finale. »

LA MÉDAILLE DE BRONZE comme maigre CONSOLATION POUR LE JAPON

Plus tôt dans la journée, le Japon, champion du monde en titre, a renouvelé sa médaille de bronze d'il y a quatre ans à Rio en dominant l'Australie, championne en titre, 60-52 dans le match décisif pour la troisième place.

Daisuke Ikezaki a ouvert la voie avec 23 essais dans ce qu'il a décrit comme un résultat doux-amer pour les hôtes.

« Je pense que c'est le meilleur résultat que l'équipe puisse obtenir en ce moment, mais personnellement, c'est un résultat décevant et désolant », a confié Ikezaki.

Le Japon avait confirmé son statut de favori avant le tournoi en traversant impitoyablement les phases de poule avec des victoires sur la France, le Danemark et l'Australie. Mais une défaite cruelle 55-49 en demi-finale contre la Grande-Bretagne a mis fin à leurs espoirs de médaille d'or.

De son côté, l'Australie était venue aux Jeux dans l'espoir de décrocher une troisième médaille d'or consécutive, mais malgré les efforts de la superstar et capitaine Ryley Batt, qui a marqué 27 buts, elle a été battue.

Selon Ryley Batt, le fait que les Steelers n'aient pas pu s'entraîner ensemble pendant 18 mois en raison des restrictions imposées par le Covid-19 a entravé leur capacité à tirer parti des victoires de Londres et de Rio.

« Nous savions que nous allions devoir relever des défis parce que nous n'avons pas été ensemble en tant qu'équipe pendant si longtemps et cela a vraiment nui à notre préparation », a expliqué le capitaine des Steelers, Ryley Batt.

« Je sais que tout le monde a été affecté, certains à des degrés divers, mais chez nous en Australie c’était particulièrement important.

« Quoiqu’il en soit, regardez, nous avons eu un très bon parcours, nous avons gagné deux médailles d'or et nous avons gagné une médaille d'argent .... On ne peut pas être indéfiniment ! »

LE CANADA PREND LA CINQUIÈME PLACE

En terminant à la troisième place de la poule B, le Canada était assuré de terminer en dehors des quatre premiers pour la première fois depuis que le rugby fauteuil a été intégré aux Jeux paralympiques en tant que sport de démonstration en 1996.

Des défaites serrées contre les futurs finalistes, la Grande-Bretagne et les États-Unis, ont été suivies d'une victoire éclatante 51-36 contre la Nouvelle-Zélande, ce qui a permis au Canada de se préparer à un match décisif pour la cinquième place contre la France.

La France n'a remporté qu'une seule victoire lors de la phase de poule, contre les nouveaux venus, le Danemark, même si, dans un jour meilleur, elle aurait pu se battre pour une place sur le podium, car ses matchs précédents contre le Japon et l'Australie n'ont été soldés que par un écart de deux essais.

L'incapacité de la France à conserver la possession du ballon lui a coûté cher dans le match et le Canada a impitoyablement puni ses trop nombreux turnovers pour s'imposer 57-49.

LES NOUVEAUX VENUS TERMINENT EN BEAUTÉ

Le Danemark a terminé sa première campagne comme il l'avait commencée : par une victoire contre des adversaires de l'Océanie.

Après avoir créé la surprise face aux champions olympiques en titre australiens le premier jour, les Danois ont battu les Wheel Blacks de Nouvelle-Zélande 56-53 lors d'un match de barrage serré pour la septième place, où il n'y a jamais eu plus de quatre ou cinq essais entre les équipes qui ont terminé dernières de leur poule respective.

Le retour de la Nouvelle-Zélande aux Jeux paralympiques, pour la première fois depuis 2008, s'est conclu par une défaite malgré la remarquable contribution de la star Barney Koneferenisi, qui a promis que son équipe en sortirait grandie.

« C'est un tremplin pour les Wheel Blacks, c'est là que tout commence », a déclaré Koneferenisi.

« Maintenant, nous savons où nous pouvons nous améliorer. Nous avons donné du fil à retordre à ces équipes et nous sommes heureux de la façon dont cette campagne s'est déroulée. Nous sommes prêts pour Paris. »

Photo: Megumi Masuda/World Wheelchair Rugby