En tant qu'arbitre, Kuini Vuli a participé à certains des tournois les plus prestigieux du monde. Mais, avec le temps, elle espère que d'autres Fidjiennes suivront ses traces et atteindront des sommets encore plus élevés.

Kuini Vuli a été la deuxième Fidjienne, après Elenoa Kunatuba, à officier dans des matchs de haut niveau lorsqu'elle a entamé, en 2009, un parcours inspirant qui l'a menée dans des endroits aussi variés que Moscou et Dubaï.

À l'époque, les matchs féminins se faisaient rares et malgré tout, elle a choisi d’arbitrer plutôt que de continuer à jouer pour assouvir son amour du rugby de façon plus régulière.

La jeune femme, de 40 ans aujourd’hui, a commencé par arbitrer les matchs de clubs masculins à Suva, avant de passer rapidement sur la scène internationale du rugby à sept.

En 2012, elle a officié lors du tout premier tournoi du World Rugby Women’s Sevens Series à Dubaï, avant de participer à la Coupe du Monde de Rugby à Sept à Moscou l'année suivante.

Elle a continué à arbitrer dans de nombreux tournois de la zone Océanie avant de faire une pause lorsqu'un cancer du sein de stade 2 lui a été diagnostiqué en 2016.

Une fois rétablie, Kuini a repris le sifflet et le drapeau et a recommencé à arbitrer à la fois dans le sevens et dans le XV.

Au cours des deux dernières années, Kuini a plutôt consacré son temps auprès de la Fiji Rugby Union pour donner naissance à la prochaine génération d'officielles de match dans son nouvelle mission de formatrice d'arbitres.

« Il y a beaucoup plus de filles qui se lancent dans l'arbitrage maintenant car tout le monde ne veut pas jouer ou ne peut pas jouer », remarque-t-elle.

« Nous avons six ou sept officielles qui arbitrent activement, mais beaucoup d'autres sont en cours de formation, ce qui leur permet d'acquérir de l'expérience sur des matchs provinciaux.

« Avoir du temps de jeu est crucial car plus elles en ont, plus elles engrangent de l'expérience, ce qui est important si vous voulez qu’elles se perfectionnent techniquement et tactiquement en tant qu'arbitre. »

Des modèles d'inspiration

Avant même que les Fidji ne décrochent la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo, le rugby féminin se développait déjà rapidement dans les îles.

Avant les Jeux, plus de 40 équipes ont par exemple participé au Championnat national provincial de rugby à sept en 2019 et la dynamique ne peut que se poursuivre maintenant que les femmes ont de véritables héroïnes de retour dans leur pays.

Pour répondre à cette demande, il faut par conséquent davantage d'entraîneurs et d'arbitres.

En plus du travail remarquable que mène la fédération fidjienne de rugby pour promouvoir l'égalité des sexes, la visibilité au niveau local et mondial contribue à encourager davantage de femmes à devenir arbitres.

« Lorsque les filles regardent les matchs au bord du terrain, elles commencent à remarquer que des femmes arbitrent les matchs », constate Kuini Vuli.

« Il faut aussi donner du crédit aux performances des filles. Lorsqu'elles sont performantes sur le terrain, elles encouragent les autres filles à se lancer et à essayer elles-mêmes. »

Les personnalités que sont devenues Amy Perrett et Joy Neville sont des modèles à suivre pour les futures officielles de match.

Joy Neville est en effet devenue la première femme arbitre à diriger un match de PRO14 masculin en 2018, tandis que l'Australienne Amy Perrett a fait de même en Super Rugby en août 2020, lorsqu'elle a donné le coup d’envoi du match des Brumbies contre la Western Force.

En juillet, la Texane Kat Roche, 26 ans, a à son tour rejoint l’élite en devenant la première femme à arbitrer un match de la Major League Rugby (MLR).

« Je suis sûre que ces femmes qui ouvrent la voie ont dû surmonter de nombreux obstacles et nous sommes très reconnaissantes qu'elles fassent tomber les barrières », assure l’arbitre fidjienne. « J’ai toujours pensé que rien n’était impossible.

« Je pense aussi que la performance des Fidjiennes a fait beaucoup pour ça. Si elles sont capables de le faire, d'atteindre le sommet, alors les arbitres féminines devraient y arriver aussi. Il s'agit juste de comprendre comment y arriver et de travailler avec des personnes qui savent vraiment comment vous y amener. »

Les échanges avec son frère

Habituellement, c'est elle qui donne de sages conseils, mais Kuini Vuli dit qu'elle est heureuse de pouvoir discuter des questions de rugby avec son frère aîné, Sunia, l'ancien talonneur de l'équipe nationale fidjienne.

« Il est devenu entraîneur et il regarde le rugby avec le point de vue de l'entraîneur, tandis que je le regarde avec le point de vue de l'arbitre. J'ai un an de moins que lui, donc il y a une limite au débat », sourit-elle.

« C'est un très bon frère et j'aime son expérience car il a joué beaucoup de matchs internationaux avec des équipes du tier 1. Il imagine tous les scénarios et je les intègre dans mon jeu ou je vois comment je peux les intégrer en fonction des règles.

« Il est en France en ce moment donc nous sommes très reconnaissants envers la technologie qui nous permet de discuter et de nous voir une ou deux fois par mois. J'adore quand on discute de choses et d'autres. »

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