Michaela Blyde s’est imaginée médaillée d'or olympique pendant une grande partie des cinq années qui ont précédé Tokyo 2020.

Après avoir assisté à Rio 2016 en tant que réserviste, logée dans un hôtel à l'extérieur du village olympique alors que la Nouvelle-Zélande s'inclinait en finale, Michaela Blyde s'est donné pour mission non seulement de participer à une nouvelle édition des Jeux olympiques, mais aussi de les gagner.

Pendant les huit mois qui ont précédé son départ pour le Japon, elle a médité tous les jours et s'est vue dans le tunnel menant à la pelouse du Tokyo Stadium, avant d'entrer en courant pour le match de la médaille d'or du tournoi féminin de rugby à sept.

« On ne sait jamais quelle équipe on va rencontrer en finale », explique Michaela Blyde à World Rugby. « Vous devez battre les meilleurs pour évidemment aller en finale. Et très franchement, je ne me souciais pas vraiment de l'adversaire, du moment que nous étions en finale. 

« Je pense qu'en étant dans cet environnement et en tant qu’athlète de haut niveau, vous devez apprendre à vous préparer mentalement à ce genre de choses. 

« Pour ma part, j'étais tellement confiante, prête et extrêmement sereine au moment d'aborder cette finale. Pas à cause de l'adversaire, mais simplement parce que nous avions confiance en nous. 

« Nous savions que nous avions la capacité de gagner, nous avions toutes les raisons de gagner. Il fallait juste le faire. Nous avions juste besoin de jouer notre jeu, de garder le ballon et d'être patientes. »

« Nous avions enfin réussi »

La preuve du sang-froid de Michaela Blyde est apparue moins d'une minute après le début du match pour la médaille d'or contre la France. L’ailière a parcouru 40 mètres en quelques secondes pour recevoir une passe de Sarah Hirini et filer sous les poteaux pour marquer le premier essai.

Il s'agissait de son septième essai en seulement cinq matchs à Tokyo et elle a mis les Black Ferns Sevens sur la voie d'une victoire 26-12 contre les Bleues et d'une médaille d'or olympique.

« Je pense que la première émotion que nous avons toutes ressenties au début c’était de la joie. Mais pour moi, c'était plutôt du soulagement », reconnaît-elle. 

« Le fait que nous avions cet objectif depuis si longtemps et que nous l'ayons enfin atteint, c'était comme si nous pouvions nous détendre maintenant. Nous avions enfin réussi.

« C'est bizarre, c'est un sentiment que vous ne pouvez pas vraiment décrire. On ne peut pas vraiment comprendre ce qu'on ressent à moins d’être pleinement dans le moment présent. 

« Recevoir la médaille d'or des mains de Sarah, être entourée de mes coéquipières et chanter l'hymne national a été un moment de grande fierté. Ça nous a rendu très fières d’être Néo-Zélandaises. »

Michaela Blyde et ses coéquipières ont dû rester en isolement strict depuis leur retour de Tokyo en Nouvelle-Zélande, et n'ont pas vu leur famille et leurs amis depuis près de deux mois.

L'équipe pourra enfin rentrer chez elle lundi 16 août et Michaela, qui admet dormir avec sa médaille d’or, a hâte de fêter le succès de l'équipe.

« Je veux serrer dans mes bras les personnes que j'aime et qui me sont chères, retrouver ce lien humain. Ça va être tellement cool de pouvoir partager cet exploit avec tant de personnes que nous aimons », dit-elle.

« Sans notre famille, nos amis et le soutien que nous avons autour de nous, nous n'aurions certainement pas été en mesure d'aller réaliser cet objectif massif alors que nous sommes loin de nos familles maintenant depuis exactement huit semaines. 

« Donc, pouvoir les revoir et prendre des photos avec eux et la médaille d'or et célébrer cette incroyable réussite est quelque chose que nous avons hâte de faire. »

Devenir les meilleures

Michaela se souvient des incertitudes et des doutes qui planaient sur son avenir ces dernières années et de son travail pour les surmonter. À la fin de 2016, elle s’était rendue à Dubaï avec les Black Ferns Sevens, mais sans contrat pour l'année suivante.

Elle y a marqué 10 essais en six matchs et la Nouvelle-Zélande a remporté le tournoi. Onze mois plus tard, elle a été nommée joueuse féminine de rugby à sept de l'année aux World Rugby Awards, un prix qu'elle a de nouveau remporté en 2018.

« J'avais beaucoup de monde autour de moi qui était sûr que je pouvais réussir et je pense que c’est ce qui m’a aidée ; j’ai cru en moi », dit-elle.

« J'ai pris confiance en moi et après le tournoi de Dubaï et 2016, j'ai eu l'impression que je pouvais être cette joueuse de rugby que j’avais toujours voulu être. Et je n'ai fait que progresser à partir de là. 

« Ma confiance a gonflé, mon temps sur le terrain a augmenté et je pense que ma maturité et mon expérience en tant que joueuse de rugby ont également pris corps. »

Une joueuse que Blyde continue d'admirer est sa capitaine des Black Ferns Sevens, Sarah Hirini, qui a mené la Nouvelle-Zélande au titre olympique moins de six mois après le décès de sa mère, Ronnie Goss.

« Le fait de l'avoir comme capitaine est une grande leçon d'humilité et je suis très honorée de faire partie de son équipe », assure Michaela.

« C'était tellement triste lorsque sa mère est décédée. Nous étions toutes sur les dents et on se demandait si Sarah reviendrait. Et pour être honnête, si elle ne l'avait pas fait, nous ne lui en aurions pas voulu. 

« Je ne pouvais pas imaginer ce qu'elle traversait. Le fait qu'elle ait été capable de faire ce qu'elle devait faire pour se concentrer sur sa santé, pour ensuite revenir auprès de nous, jouer quelques tournois et ensuite être loin de sa famille pendant deux mois, il faut être une personne incroyablement forte pour être capable de faire ça. 

« Mais, honnêtement... c'est fou de penser qu'elle soit revenue et qu'elle ait joué le meilleur rugby qu'elle ait joué depuis très, très longtemps, tout en étant la capitaine que nous avions besoin qu'elle soit aux Jeux olympiques."

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