Jusqu’où bout il y a eu ce risque de ne pas pouvoir se rendre à Monaco. Ce n’était pas tant de quitter cette île en longueur de l’Océan Indien qui posait problème, mais surtout de pouvoir y revenir une fois la compétition terminée. Les Ladies Makis 7s ont l’habitude de s’adapter aux aléas et de se concentrer malgré un environnement difficile. C’est ce qui fait leur force et ce qui leur donne cette motivation de réussir.

« Les équipes sont habituées aux problèmes de transport de dernière minute », souffle Frédéric Dumant, ancien joueur du Racing 92 avec les moins de 20 ans et qui s'est recyclé aujourd'hui comme consultant marketing pour la fédération de rugby de Madagascar. Il a tout mis en œuvre avec World Rugby et les autorités pour permettre aux filles de se rendre au tournoi olympique de qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020.

Se confronter aux meilleurs

Ce sera la deuxième fois que les Makis participent à un repêchage. La précédente étant à Dublin en juillet 2016 où elles s’étaient défendues. « Par rapport aux équipes européennes, océaniennes et asiatiques, on joue très peu ; on a une compétition que sur un week-end », explique Frédéric Dumant.

« Ce n’est pas simple de jouer en Afrique. L’idéal serait de jouer aux USA ou en Océanie, mais financièrement et logistiquement, c’est très compliqué. »

Madagascar avait réussi à organiser un stage de dix jours au Japon en septembre 2019 avec l’équipe de Colombie. Une préparation très formatrice pour l’avenir de l’équipe créée en 2012. C’est justement contre la Colombie que Madagascar jouera dans la Poule C, avec la France et Hongkong. Trois gros adversaires.

« Les Makis n’ont pas un gabarit exceptionnel mais elles compensent avec un jeu rapide, un jeu de mouvement. On a encore de marge dans le jeu au pied et dans la défense », rappelle Dumant.

L’équipe reste consciente de ses forces et faiblesses et se veut réaliste pour Monaco. « Là, on fera moins de figuration qu’à Dublin », lâche le consultant de la fédération. « On ira faire une belle chose à Monaco. C’est une nouvelle génération de joueuses et c’est bien pour la croissance du groupe, c’est ce qui compte.

« Personne n’attend rien des JO sauf de jouer contre des équipes plus fortes. Tout le monde est conscient qu’il faut progresser. »

2020, une année blanche bénéfique

Le staff et la fédération visent plus loin, plus haut. Avant de manquer de se qualifier pour le Challenger Series, Madagascar n’avait pas pu se qualifier non plus pour la Coupe du Monde Rugby à sept 2018 mais est encore en course pour participer à la prochaine édition chez les voisins d’Afrique du Sud en 2022.

Le fait d’avoir organisé un stage de préparation en commun, le Rugby Africa Solidarity Sevens, avec le Kenya et la Tunisie à Tunis du 29 avril au 9 mai, a été bénéfique pour l’équipe. « Sans ça, on n’aurait pas beaucoup joué puisque le championnat à XV n’a pas commencé non plus », regrette Frédéric Dumant.

L’équipe s’est retrouvée très tôt en mars après une très nette amélioration de la situation sanitaire fin janvier. Des entraînements par petits groupes de deux ou trois ont pu être organisés pour se remettre progressivement, puis deux mini tournois avec les clubs. Après une année blanche, les Makis ont su tenir sur la longueur.

« 2020 a été une année blanche mais ça nous a permis de nous parler pour mettre le sept en avant. Tout le monde a compris que c’était la discipline qui pouvait nous apporter une reconnaissance internationale. Monaco sera ainsi le point de départ pour aller plus loin, à commencer par la Coupe du Monde de Rugby à Sept », insiste Frédéric Dumant.

En 2020, Madagascar aurait dû fêter ses 115 ans de rugby. Si la fête a quelque peu été gâchée par la pandémie de Covid 19, l’ambition de faire briller le sport est plus grande que jamais. Si le XV est la locomotive, le Sevens ne cesse de progresser chaque mois et est un moteur de développement en dehors de la capitale Antananarivo.

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