L'année prochaine marquera le 100e anniversaire de l’implantation du rugby à Trinité-et-Tobago. Comme un symbole marquant cette évolution, la fédération du pays passera ce palier avec sa première femme présidente.

Maria Thomas a battu le président sortant Colin Peters au mois de mai pour être élue à la tête de la Trinité-et-Tobago Rugby Football Union pour un premier mandat d'un an, remportant près des deux tiers des voix.

« J’ai éprouvé un sentiment incroyable », confie la nouvelle femme forte du rugby des Caraïbes à World Rugby. « Je dirais que ce dont je suis le plus fier, c'est la communauté que je représente et la façon dont la direction et l'ensemble de la communauté se sont engagés dans ce processus électoral.

« Je suis heureuse d’avoir bénéficié d’un soutien aussi important ; le résultat final nous l’a montré.

« En plus, parce que je suis restée en contact avec tous les clubs, je pense que même ceux qui ont voté pour le président sortant, Colin Peters, tout le monde veut aider à améliorer le rugby.

« A mon avis, l’une des choses positives que l’on puisse tirer de cette élection, c’est qu’on peut la comparer presque à la constitution d'une équipe où tout le monde ferait de son mieux et d’où il en résulterait que la meilleure équipe a été sélectionnée. »

Une voie vers le sommet

Maria Thomas n'aurait pas pu imaginer avoir un tel impact sur la communauté du rugby de son pays dès le jour où elle a accompagné ses cousins à un entraînement de rugby. Elle venait de déménager du Canada dans ce pays des Caraïbes après la fin de ses études universitaires.

À l'époque, elle raconte que sa mère avait appelé sa tante et l'avait suppliée de ne pas laisser sa fille se blesser. Mais, les graines d'une passion qui a d'abord pris racine à l'Université de Western Ontario étaient déjà en bonne voie de fleurir.

Maria a représenté Trinité-et-Tobago au niveau international à la fois à sept et à 10. Elle est devenue une ardente défenseure du jeu en dehors, comme sur le terrain.

En 2018, elle a été l'une des premières récipiendaires de la bourse pour les femmes dirigeantes octroyée par World Rugby. Elle assure que ce programme lui a permis d'acquérir les compétences nécessaires pour mener à bien sa campagne électorale et continue de lui apporter un précieux réseau de soutien.

« J'aime faire campagne », reconnaît-elle. « Ça me permet de poursuivre le travail que j'ai pu faire grâce à la bourse de leadership de World Rugby. À chaque fois, le réseau est le fil rouge. C'est la famille que nous avons bâtie et que nous continuons de bâtir.

« C'est tellement bien quand le réseau se gonfle de personnalités. Cette base de soutien est tellement importante ; c'est le filet de sécurité que nous pouvons avoir pour savoir que tout le soutien nécessaire sera là.

« Lorsque l’annonce a été rendue publique, la réponse a été incroyable à travers Trinité-et-Tobago, dans toute la région des Caraïbes, dans toute la région Rugby Americas North et dans le monde entier.

« Tant de gens se sont mobilisés, m’ont témoigné leur soutien, m’ont demandé comment ils pouvaient m’aider… ça me remplit de motivation pour toutes les choses que nous allons réaliser cette année, même s'il semble qu'il y ait une crainte que nous ne puissions pas mettre un pied sur le terrain. »

Contrer les dommages du Covid par les valeurs du rugby

Le plus grand défi auquel est confrontée Maria Thomas au début de son mandat est effectivement la crise sanitaire liée au Covid-19.

Même si elle ne peut pas garantir que le rugby pourra être joué dans ce pays des Caraïbes cette année, la nouvelle présidente reste convaincue que les valeurs du jeu peuvent l'aider à combler le fossé que la pandémie a créé.

« Nous allons pouvoir faire tellement plus de choses », se persuade Maria Thomas. « J'ai eu une conversation avec une de mes coéquipières qui m’a raconté qu’un jour on lui a demandé pourquoi le rugby était le meilleur sport.

« Et elle lui a répondu que c’est parce que c’est un sport qui se joue sur le terrain, mais qu’il se joue aussi en dehors du terrain. J’étais heureuse qu’elle partage cette anecdote avec moi parce que c’est vrai. Notre sport est bien plus que ça, c’est un style de vie.

« C’est dans cet esprit que nous allons pouvoir traverser la pandémie – même si on n’aura sans doute pas le droit de jouer au rugby sur le terrain - parce que nous pouvons toujours appliquer les valeurs du rugby dans nos vies en dehors du terrain. »

Maria Thomas souhaite utiliser une plate-forme virtuelle pour aider à piloter les initiatives d'éducation et encourager la participation physique. Elle souhaite également que soit diffusé plus de rugby à la télévision locale, afin d’inciter des personnes qui n'auraient peut-être jamais tenu un ballon entre les mains auparavant à venir rejoindre la communauté.

« Nous constatons de plus en plus comment les gens qui vivent le rugby ne se limitent pas à jouer au rugby », explique la présidente. « En diffusant le rugby à la télévision, on peut toucher la population de Trinité-et-Tobago, toucher la population des Caraïbes et impliquer des personnes qui n’auraient peut-être jamais eu l’idée de jouer et qui ne joueront même jamais.

« Ils peuvent être intéressés, ils peuvent essayer de jouer, ils peuvent vouloir entrer dans un environnement qui ne soit pas obligatoirement celui du terrain. »

Maria Thomas tient à rendre hommage aux administrateurs et aux anciens présidents qui ont aidé le rugby à prospérer à Trinité-et-Tobago depuis que le premier match reconnu a été joué officiellement sur les îles en 1922.

« L'année prochaine, on fêtera le centenaire du rugby à Trinité-et-Tobago », annonce-t-elle. « Nous avons un héritage important sur lequel construire, et il est important de réfléchir et de se souvenir de tout le travail que les gens ont fait pour nous amener là où nous en sommes aujourd'hui. »

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