Quel que soit leur niveau, qu'il s'agisse de l'élite ou du niveau amateur, créer un environnement où les joueurs peuvent s'épanouir est essentiel pour créer un groupe à la fois passionné par ce qu'ils font et par ce qu'ils sont prêts à faire pour leurs coéquipiers.

Les plus grands leaders disent toujours que challenger les individus est la clé pour tirer le meilleur parti d’une équipe - une philosophie adoptée par les plus grands du rugby, de l’Angleterre de Clive Woodward en 2003 aux champions du Monde de rugby de Richie McCaw.

Alors que l’accent est souvent mis sur les joueurs internationaux, leur montée en puissance est souvent élaborée de nombreuses années avant d’atteindre le summum du sport.

C’est là que le Hartpury College en Angleterre entre en jeu. Selon une étude de NextGenXV, cette université, qui héberge également l'équipe de deuxième division du championnat anglais de Hartpury, est l’une des meilleures au monde en ce qui concerne le développement des joueurs de rugby internationaux des moins de 20 ans. Certains ont d’ailleurs montré qu’ils avaient le niveau international.

« Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous avons connu un tel succès », explique John Barnes, le directeur du rugby de Hartpury. « Vu nos bons résultats sur le terrain et à mesure que nous continuons de développer les talents, le recrutement ne devient plus facile qu'une fois que vous réussissez.

« Une chose que nous essayons vraiment de faire, en tant qu'entraîneurs et avec l'équipe pédagogique, c’est de créer un environnement où les joueurs peuvent apprendre. Les jeunes joueurs vont certainement faire beaucoup d’erreurs au cours de leur formation, et c’est d’autant plus important de mettre en place les conditions dans lesquelles ils vont se sentir libres de faire des erreurs et donc de se concentrer pour mieux les éviter à l’avenir.

« Nous parlons beaucoup de la façon dont nous améliorons les performances des joueurs car, en fin de compte, cela rendra l'équipe meilleure. Le rugby est un jeu simple et, si vous avez de bons joueurs et de bonnes personnes, votre équipe ne s'en portera que mieux. »

Parmi ses anciens, Hartpury a vu certains des plus illustres joueurs de rugby se révéler sur le campus du Gloucestershire. Chez les hommes, c'est le cas de l’Anglais Jonny May, mais aussi de l'ailier de Gloucester Louis Rees-Zammit. Le Gallois a marqué quatre fois lors de sa première campagne du Six Nations début 2021 et sera aux côtés de Jonny Hill, lui aussi un ancien élève de Hartpury, lors de la tournée des British & Irish Lions cet été en Afrique du Sud.

Cependant, John Barnes assure que le collège n'est pas exclusivement axé sur l'élite du rugby et que son programme de rugby à XV est d'abord construit sur une philosophie conçue non seulement pour détecter les futures stars du rugby, mais aussi pour donner aux anciens élèves une carrière au-delà du rugby, et finalement trouver de bonnes personnes pour contribuer à l'avenir et au développement du sport.

« C'est quelque chose que nous essayons de souligner », insiste John Barnes. « Ceux qui passent par Hartpury ne deviennent pas tous des stars du rugby. Nous travaillons avec des gars qui jouent dans leur école locale et pour leur comté et, dans certains cas, ils deviennent des joueurs internationaux. C’est ce dont nous sommes le plus fiers.

« Il y a des joueurs comme Billy Burns (Irlande), Stephen Varney (Italie) et Jonny Hill (Angleterre), sans véritable historique de rugby derrière eux, mais qui se sont révélés d'un coup. C’est la même chose avec Ross Moriarty (Pays de Galles), qui est arrivé en tant qu’arrière des Ospreys, et quelques années plus tard il est devenu un Lions, jouant troisième-ligne. Chaque individu est différent.

« Comment ils peuvent apprendre et comment ils progressent est quelque chose de vraiment primordial pour nous. Les meilleurs entraîneurs du monde le comprennent et c'est quelque chose sur lequel nous travaillons à Hartpury. Contrairement à une académie de rugby très axée sur le rugby, nous avons la formation nécessaire pour donner aux joueurs cet équilibre.

« Vous créez une situation où un Rees-Zammit joue pour Gloucester le samedi et peut passer un examen le lendemain avec d'autres jeunes de 18 ans. Ce système permet de fidéliser les joueurs et d'adapter leur développement à leurs propres besoins. Tant que vous pouvez vous adapter en tant que coach, avec le soutien de l'équipe pédagogique, ça renforce l'environnement. »

Tout en gagnant en popularité, John Barnes estime que le rugby féminin peut également s’épanouir dans le même état d’esprit. Pour ne nommer que deux joueuses, les Anglaises Alex Matthews et Kelly Smith sont de purs produits du programme de développement du rugby féminin de Hartpury, qui accueille également l'équipe du Premier 15s de Gloucester-Hartpury depuis sa création en 2014.

« Je pense que l’amélioration du rugby féminin sur le terrain a été considérable ces dernières années », confie Barnes. « Notre programme pour les femmes s’est développé et nous avons maintenant une équipe de Premiership avec un programme complet. Nous avons investi dans des entraîneurs à temps plein et nous aidons à faire progresser le rugby féminin.

« Après avoir regardé la plupart du Six Nations ces dernières semaines, on constate que le jeu sur le terrain a connu une nette amélioration et est de mieux en mieux couvert médiatiquement, à juste titre. Je pense que nous verrons plus d'investissements dans les années à venir et, lorsque le public pourra revenir, les gens viendront le regarder parce que le niveau ne cesse de monter.

« A Hartpury, nous voulons promouvoir le rugby féminin pour l’améliorer parallèlement au rugby masculin. Je ne peux que le voir devenir plus fort. »

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