Sept entraîneures de rugby sont maintenant diplômées de la première promotion du programme de la Women’s Sport Leadership Academy for High Performance Coaching (WSLA HPC), malgré les défis présentés par le Covid-19.

Le programme pilote approuvé par le Comité international olympique (CIO) a reçu les éloges unanimes des entraîneures qui se sont lancées dans le projet en novembre 2019, lors d'un cours sur une semaine en présentiel dans le Hertfordshire en Angleterre avant de passer à des tutoriels et des ateliers en ligne. Parmi les participantes, l’Australienne Inge Visser a salué « l’expérience de toute une vie ».

Inge Visser, Berta García (Espagne), Rachel Taylor (Pays de Galles), Marithy Pienaar (Afrique du Sud), Filoi Eneliko (Samoa), Royce Chan Leong-Sze (Hongkong) et Victoria Grant (Nouvelle-Zélande) ont suivi le programme, engrangeant des connaissances non seulement des animateurs et des formateurs, mais aussi des autres participantes représentant cinq autres sports olympiques.

Des coachs du cyclisme, de l'aviron, de la lutte, du tennis et du triathlon ont rejoint celles du rugby dans un environnement collaboratif qui a également permis de renforcer le réseau des entraîneures, un autre aspect important de l'initiative qui, on l'espère, sera de nouveau déployé dans le futur.

« C'est un programme inspirant et novateur, et l'échange avec d'autres sports est inestimable pour essayer de regarder les choses différemment, au lieu d'être coincé dans sa propre petite bulle », a confié Carol Isherwood, ancienne capitaine et entraîneure de l'Angleterre, qui était l'une des quatre animatrices du cours.

Objectif Coupe du Monde de Rugby

L'implication de World Rugby dans le projet WSLA HPC fait partie de l'engagement de la fédération internationale de lutter contre les inégalités entre les sexes dans l'entraînement de haut niveau, un déséquilibre d’ailleurs constaté dans la plupart des sports olympiques.

L'objectif est que 40% des postes d'entraîneurs à la Coupe du Monde de Rugby 2025 soient occupés par des femmes, et des initiatives comme la WSLA HPC sont importantes pour donner aux entraîneures les compétences nécessaires pour y arriver, la confiance et les outils nécessaires pour surmonter les sempiternels préjugés.

À l'heure actuelle, Jo Hull (Hongkong), Annick Hayraud (France) et Lesley McKenzie (Japon) sont les seules entraîneures des principales équipes internationales de rugby féminin au monde.

« Alors que la participation ne cesse de progresser dans le rugby, il n’y a pas eu de croissance similaire au niveau des entraîneures de haut niveau », regrette Carol Isherwood, intronisée au World Rugby Hall of Fame.

« Et on ne parle pas que du rugby ! Si vous regardez les Jeux olympiques, le pourcentage d’entraîneures au sein des équipes olympiques n’était que de 11% en 2012 et il était encore de 11% en 2016. »

Réseau de soutien

Carol Isherwood assure qu’un réseau de soutien est essentiel pour qu'un plus grand nombre de femmes s'engagent dans le coaching de haute performance et y restent à long terme.

« Si elles arrivent au sommet, plusieurs études montrent qu’elles peuvent se sentir un peu isolées parce qu’elles sont toutes seules et tout dépend d’elles. Vous représentez les femmes dans leur ensemble et pas seulement vous-même. Vous n’avez pas droit à l’erreur et la pression qui en découle montre souvent que les femmes qui sont là ou qui y ont été, s'épuisent au bout de cinq ans.

« Avec Lesley, cette pression est encore plus forte parce qu'elle se trouve au Japon, avec en plus la barrière de la langue et le manque de réseau de soutien autour. C'est probablement l'une des entraîneures les plus courageuses que je connaisse.

« Souvent, les femmes ont été exclues des réseaux masculins et nous essayons de changer un peu cela et de les encourager à développer leur propre réseau également, à être compétitives sur le terrain et à collaborer en dehors. Les femmes sont vraiment douées pour le partage. »

Ce sentiment est repris par l'ancienne capitaine et numéro huit du Pays de Galles, Rachel Taylor. « La WSLA HPC m'a appris l'importance de travailler en réseau… non seulement nous avions des guides incroyables, mais aussi des coachs qui sont devenues des amies en cours de route. Elles ont été superbes et très inspirantes en m’accompagnant dans le le développement de mon leadership et dans mon coaching. »

De toute évidence, il reste encore beaucoup à faire, mais des initiatives comme celle-ci et le programme de stages d'entraîneures de la Coupe du Monde de Rugby 2021 aident le rugby à évoluer dans la bonne direction.

Apprendre sur le tas

Des formations comme le programme WSLA HPC permettent non seulement aux entraîneures d'avoir une meilleure compréhension technique du jeu, mais aussi de mieux présenter leurs idées, que ce soit à un groupe de joueuses ou à des membres du conseil d'administration.

Filoi Eneliko a déjà pu mettre à profit ce qu'elle a appris dans son Samoa natal. « En 2020, j’ai été nommée première entraîneure de l’une des quatre meilleures équipes masculines des Samoa. J'ai appliqué certains des outils que j'ai appris du programme WSLA pour planifier et préparer mon équipe tout au long de la compétition », raconte-t-elle.

L'Espagnole Berta García quant à elle a parcouru le monde au cours d'une riche carrière de joueuse qui a été marquée par des escales à Londres, Waikato, Perpignan et Toulouse.

Sur la scène internationale, elle a représenté son pays lors de trois Coupes du Monde de Rugby, de deux Coupes du Monde de Rugby à sept et lors du retour du rugby aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Depuis qu'elle a raccroché ses crampons après la RWC 2017, cette jeune femme de 38 ans s'est bâtie une réputation d'entraîneure. Mais, comme l'attestera toute personne impliquée dans le sport d'élite, on ne cesse jamais d’apprendre.

« La WSLA HPC a été un tournant dans mon processus [de coaching] », a-t-elle témoigné. « Vous devez avoir l'esprit ouvert ; vous devez pouvoir vous améliorer et évoluer personnellement. L'utilisation du référentiel de compétences s’est avéré être un excellent outil pour mon propre développement. Cela me rendra plus confiante pour atteindre mes objectifs. »

Le programme (WSLA HPC) est actuellement en phase de suivi et d'évaluation et un rapport complet devrait être présenté au CIO en mai.

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