La première série de résultats du Tournoi des Six Nations 2021 laisse entendre qu'il y a un match à sens unique (Italie v France) et deux plus serrés (Angleterre v Écosse et Pays de Galles v Irlande). Mais comme toujours dans le sport, la vérité des chiffres ne reflète pas toujours la réalité de l'action.

L'Italie n'a pas démérité

Personne en revanche ne peut prétendre que la France n'a pas dominé de bout en bout son match face à l'Italie qui était la première rencontre de cette première journée. Pour autant, les stats des Azzurri, en attaque notamment, sont en réalité assez impressionnants.

Certes la France a passé sept essais dans cette victoire 50-10 à Rome et, à la fin de la journée, c'est tout ce qui compte. Cependant, les Italiens ont quand même gagné 957 mètres (avec 150 ballons portés), soit le deuxième meilleur résultat des six équipes qui ont participé à cette première journée.

De plus, ils ont effectué au moins autant de franchissements que les Français (sept contre huit), réalisé presque deux fois plus de passes (198 contre 104), ont gagné deux fois plus de rucks (113 contre 54) et en ont éjecté la balle presque aussi vite que les Tricolores (63%).

Mais malheureusement pour l'Italie, les joueurs de Franco Smith ont été incapables de convertir ces stats – la possession et l'occupation penchent également en leur faveur – pour obtenir plus de 10 points.

Une touche perfectible (79% de réussite) les a empêchés de tirer le meilleur parti de leurs lancements de jeu. Mais, sans doute plus que tout, c'est leur faible propension à réussir les plaquages qui lui a fait chuter.

Les Italiens ont manqué un quart de leurs 115 tentatives de plaquage et face à une équipe aussi menaçante que la France, ils l'ont payé cash. A l'inverse, la France a réussi 161 de ses 180 plaquages, soit 89% de réussite.

Comment l’Écosse s'en est sortie

Juste après, les stats côté écossais, dans leur victoire 11-6 sur l'Angleterre – ce qui en fait le résultat le moins important en ouverture de toute l'histoire du Tournoi – sont encore plus impressionnants que la faible victoire par cinq points ne laisse supposer.

Dès le début, l'équipe de Gregor Townsend a imposé son jeu et ce, jusqu'à la fin de cette première victoire contre l'Angleterre à Twickenham depuis 1983. Le nombre de ballons portés de l’Écosse a été presque le double que celui de l'Angleterre (134 contre 70) avec 43% de plus en mètres parcourus (665 contre 384).

Sept pénalités ont été concédées dans le premier quart – soit quasi la moitié de ce qui est tombé durant tout le match – ce qui a empêché les Anglais de prendre le contrôle et par conséquent a permis aux Écossais de maîtriser leur match.

L’Écosse a compté 62% de possession et 58% d'occupation tandis que l'Angleterre a réalisé 163 plaquages. Cela montre combien les Anglais ont été contraints de se défendre pendant toute la rencontre.

Pour une fois, Jonny Gray, le serial plaqueur de l’Écosse, n'a pas été si impressionnant. Ses 12 plaquages sont moins que ceux de son coéquipier des Exeter Chiefs et vis-à-vis sur ce match, Jonny Hill. Mais c'est plus sa faculté à porter le ballon qui a été mise en avant, le deuxième-ligne portant le ballon dans l'opposition à 16 reprises.

La seule chose qui n'a pas fonctionné chez les hommes de Townsend, c'est de ne pas avoir pu marquer plus de points après leurs six franchissements alors qu'en face les Anglais n'en ont réalisé aucun.

Le mur rouge gallois

La première journée s'est terminée par le choc entre l'Irlande et le Pays de Galles dimanche 7 février à Cardiff avec un quinze du Trèfle ramené à 14 joueurs pendant plus d'une heure et ne s'inclinant que 21-16, empochant par ailleurs un point de bonus défensif.

L'équipe d'Andy Farrell a bien maîtrisé le ballon après avoir perdu Peter O'Mahony sur carton rouge à la 14e minute : 61% de possession, forçant les Gallois à procédé à 245 plaquages, l'un des taux les plus élevés de toute l'histoire du Tournoi. A lui seul, Justin Tipuric en a effectué 29.

L'Irlande a même été la seule équipe de cette première journée à avancer près de 1 000 mètres ballon en main et a cassé cinq fois la ligne, contre trois fois pour le Pays de Galles. Même sans la présence de O'Mahony, les Irlandais ont réussi à volé trois touches galloises et a gratté quatre ballons au sol.

Mais les trois-quarts des ballons portés du Pays de Galles leur ont été bénéfiques, l'Irlande s'épuisant dans les plaquages et les courses. Le jeu est allé de pair avec trois périodes clairement définies par le décompte des pénalités. Après avoir concédé les cinq premières pénalités au cours du premier quart, l'Irlande a été menée 6-0 après deux coups de pied de Leigh Halfpenny. Mais dans le deuxième quart, le vent a tourné et Wayne Barnes a pénalisé le Pays de Galles six fois de suite. Forts de la situation, les 14 joueurs irlandais ont marqué 13 points sans riposte pour prendre une avance improbable de 13-6 à la pause.

Mais une fois que les mauvaises habitudes irlandaises sont revenues, avec six pénalités consécutives, de la 46e minute à la 65e, le Pays de Galles a capitalisé à hauteur de 15 points pour mettre fin aux espoirs des visiteurs de réussir une belle victoire au vu du contexte.

LIRE AUSSI >>> L'ANGLETERRE DÉTRÔNÉE DE SA 2E PLACE