Le gouvernement belge n’ayant pas autorisé son équipe nationale de rugby à quitter le pays pour disputer le match de dimanche au stade Ion Oblemenco de Craiova, le leur et le sort de la Roumanie dans le Rugby Europe Championship sont toujours en jeu.

Il s'agit là d'un nouveau retard dans une compétition qui n'en manque plus et qui devait déjà s'achever en mars de l'année dernière. Elle a ensuite été suspendue jusqu'en novembre. Mais le mois de novembre venu, aucun match n'a pu se jouer, entraînant le report de la dernière journée pour ce week-end. Maintenant, Rugby Europe doit décider de la meilleure façon de procéder.

Les joueurs roumains n’ont pas joué ensemble depuis près d’un an, bien que le championnat national, la Super Liga, ait eu lieu à la fin du mois de novembre et ait été de nouveau remporté par Baia Mare.

Depuis lors, les Chênes ont bénéficié de deux stages de préparation, un en Turquie en décembre et un autre en vue de leur dernier match contre la Belgique, qui devait décider qui terminerait en bas du classement et jouer un barrage pour éviter la relégation contre les Pays-Bas, vainqueurs du Rugby Europe Trophy.

L’ancien entraîneur adjoint de l’Écosse, Stevie Scott, le plus récent membre de l’équipe d’entraîneurs des Chênes, était présent sur les deux stages.

« J'apprécie vraiment de m'impliquer à nouveau dans le rugby international parce que vous avez pas mal de temps pour travailler avec les joueurs, puis vous avez quelques semaines de repos pour récupérer », reconnaît l'ancien international aux 11 sélections.

« Lorsque la Roumanie m'a contacté, ils m'ont dit que le jeu au pied était un domaine dans lequel ils devaient progresser. Ils ont la taille, mais le travail technique est le plus important pour eux, et c’est ce que j’aime faire. Ce qui me frappe le plus, c'est que les joueurs veulent vraiment apprendre et s'améliorer. C'est d'ailleurs ce que vous souhaitez en tant qu'entraîneur. »

De vieux amis réunis

Travailler avec la Roumanie permet à Stevie Scott, 46 ans, de retrouver son ancien patron écossais, actuel entraîneur des Chênes, Andy Robinson.

« J'ai apprécié le temps passé avec Andy en Écosse, et même si ça fait déjà quelques années, il est bon de se retrouver et de partager nos idées », sourit-il. « Nous sommes tous les deux des entraîneurs très méticuleux et nous avons des conversations très profondes sur le jeu des avants. Andy est un excellent entraîneur des avants, c'est quelqu'un de très ouvert et toujours prêt à discuter. L'essentiel est d'améliorer le jeu des joueurs et de gagner. »

Gagner est quelque chose que les Chênes n’ont pas réussi à faire très souvent ces derniers temps. Une victoire 24-7 sur l'Espagne a été leur seul succès lors des quatre premières manches du Rugby Europe Championship 2020, les laissant craindre pour leur avenir à ce niveau.

Depuis 2000, la Roumanie a remporté le Rugby Europe Championship à quatre reprises et n'a terminé qu'une seule fois en dehors des trois premiers (en 2009). Le plus récent de ces titres a été remporté en 2017 et, à ce moment-là, les Chênes avaient toujours été présents à la Coupe du Monde de Rugby.

Cependant, l'incapacité de se qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby 2019 et l'impact du Covid-19 ont conduit à quelques années difficiles pour un pays qui était autrefois classé au sixième rang des meilleures équipes européennes, devant l'Italie.

La perspective d'une relégation en Rugby Europe Trophy est quelque chose qu'ils n'avaient jamais connu auparavant. De fait, cela rendrait la qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 presque mathématiquement impossible.

Mais le président de la Fédération roumaine de rugby et ancien joueur des Chênes, Alin Petrache, est convaincu que l'équipe d'entraîneurs enrichie et la venue de jeunes joueurs passionnés annoncent un avenir meilleur.

« L'objectif principal de la Roumanie est de se qualifier pour la Coupe du Monde 2023 en France et pour cela, nous devons augmenter notre niveau du jeu », maintient Alin Petrache.

« Stevie a travaillé avec les Chênes dans leur stage de préparation à Antalya, et les retours ont été excellents. N'oublions pas qu'il était un joueur de première-ligne et qu'il connaît de l'intérieur la pression exercée sur la première-ligne.

« Je fais confiance au staff que nous avons - Andy Robinson, Stevie Scott et Sosene Anesi – car il est capable de faire briller à nouveau le rugby roumain. »

Redorer l'Arcul de Triumf

Sans se laisser décourager par la pandémie de coronavirus, Alin Petrache a poursuivi les projets ambitieux pour la Roumanie de réaménager le stade Arcul de Triumf. La modernisation du siège du rugby roumain a été achevée en décembre, mais le projet doit encore être approuvé par les autorités compétentes avant que les matches puissent y être joués.

« Ils ont construit un stade de 20 millions de livres sterling pour l’équipe avec une piscine, un hôtel, un restaurant… tout est dans un même domaine. Quand j'ai vu le stade, on pouvait comprendre que l'objectif était de ramener le rugby au niveau où il était par le passé », explique Stevie Scott.

C'est effectivement un passé qui mérite d'être rappelé. Chaque décennie, la Roumanie a battu la France, depuis les années 60 jusqu'aux années 90, avec des victoires contre l’Écosse et le Pays de Galles en cours de route. Mais la révolution roumaine et le renversement du régime de Ceausescu ont déclenché un cycle inverse.

La révolution a conduit au retrait du soutien financier de l'État pour le sport et a également coûté la vie à six joueurs de l'équipe nationale. La Roumanie a touché le fond en 2001 lorsque les Chênes ont été battus 134-0 par l'Angleterre. Alin Petrache était au mitan de sa carrière de 31 sélections lorsqu'il a joué numéro 8 ce jour gris de novembre à Twickenham.

Si cette lourde défaite a fait mal, la détermination de Petrache à rendre sa superbe à la Roumanie n’a jamais faibli, que ce soit en tant que joueur, que président ou membre du Conseil de World Rugby.

« Chaque défaite est une leçon. Je pense que l'on peut trouver la motivation pour l'avenir dans ce genre d'expérience. Après tout, nous avons eu notre part de victoires entre-temps », dit-il. « Je me suis juré d'aider le rugby roumain simplement parce que j'aime ce sport et que ça me passionne énormément. »

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