Lorsque la France a accueilli la Coupe du Monde de Rugby en 2007, l'impact s'est fait sentir de l'autre côté de la frontière belge, où le nombre de joueurs a augmenté de 11,8% l'année suivante.

Il n’est donc pas surprenant que Belgium Rugby veuille profiter pleinement du retour de la RWC en Europe de l'ouest en 2023.

« Pour nous, c'est crucial car ce sera juste à notre porte », souligne Salvatore Zandona, le président de Belgium Rugby. « Ça va énormément nous aider à développer le rugby, car la dernière fois que nous avons eu une forte augmentation du nombre de joueurs, c'était en 2007. »

Ne pas uniquement profiter de la vitrine

Salvatore Zandona siège au conseil d'administration de Belgium Rugby depuis 2017 et rappelle que les objectifs de la fédération sont de concourir de manière cohérente – que ce soit à XV avec les hommes ou à 7 avec les filles - à un bon niveau, tout en poursuivant une croissance stable et en garantissant la pérennité de la fédération.

Par conséquent, il compte bâtir des fondations solides sur lesquelles une nation de rugby peut prospérer pour continuer à se construire.

Cependant, Salvatore admet que les performances sur le terrain restent « la vitrine » et qu'il y a donc une volonté de faire plus que profiter des retombées potentielles de France 2023. L'ambition est clairement de se positionner pour remporter la qualification pour la Coupe du Monde de Rugby.

Frédéric Cocqu, sélectionneur des Diables Noirs et Directeur Technique nommé en août dernier, a commencé à préparer son staff à relever le défi de qualifier l'équipe nationale à la Coupe du Monde de Rugby pour la toute première fois.

« Pour le moment, je pense que c'est un objectif réalisable », confie-t-il. « Bien sûr, c'est ambitieux, et nous avons encore beaucoup, beaucoup de choses à faire pour atteindre cet objectif. »

La première chose à faire sur la route de la RWC 2023 consiste à maintenir la place de la Belgique sur le Rugby Europe Championship 2021-2022, qui servira de voie de qualification pour la zone Europe.

La Belgique occupe actuellement la cinquième place (sur six) du classement du Rugby Europe Championship 2020 et la dernière journée est prévue pour le 7 février 2021.

Avant ces dernières rencontres, trois équipes - la Belgique, la Roumanie et la Russie – sont en concurrence pour finir en queue de classement. Celle qui terminera dernière devra alors en passer par un match de barrage contre les Pays-Bas, vainqueur du Rugby Europe Trophy 2020, pour éviter la relégation.

L’équipe de Frédéric Cocqu se rendra à Craiova le mois prochain pour affronter la Roumanie, actuellement dernière, sachant qu'une victoire lui permettrait de se maintenir dans le Championship. Ne pas oublier en revanche que la Belgique a perdu chacun de ses huit duels contre la Roumanie depuis 1957...

Au cas où la Belgique perde une fois de plus contre la Roumanie, alors un point bonus serait suffisant pour leur épargner ce rendez-vous avec les Pays-Bas, à la condition que la Russie parte vaincue de Géorgie. Frédéric Cocqu et Salvatore Zandona reconnaissent qu'il est « dangereux » de tout miser sur un tel point en de telles circonstances.

« Pour le moment, notre seul but et notre seul objectif est de battre la Roumanie », insiste le sélectionneur.

Une préparation dans des circonstances difficiles

Y parvenir au cours d'une saison normale serait déjà assez difficile, comme cela a été prouvé au cours des 64 années d'histoire commune entre les deux pays. Mais la pandémie de Covid-19 en cours a encore un peu plus compliqué les choses.

Le championnat national en Belgique est suspendu depuis la mi-octobre et Frédéric Cocqu n'a pu organiser qu'un seul stage d'entraînement depuis son entrée en fonction, soit au total seulement deux jours et demi de contact avec ses joueurs.

Il espère pouvoir faire appel aux services des joueurs français et espagnols de son équipe à Craiova - seuls neuf des 34 joueurs appelés en septembre jouent au niveau national - mais devra se passer de Craig Dowsett et de Ervin Muric.

Les deux ailiers évoluent actuellement en Angleterre, respectivement pour Blackheath et Hartpury, et il a été estimé que ce serait un trop grand risque pour eux et l'équipe de les inclure dans le groupe.

De plus, la majeure partie de l'équipe est soit semi-professionnelle soit amateur, ce qui complique encore plus les conditions de mise en quarantaine pour les joueurs qui ne peuvent pas se permettre de s'absenter de leur travail trop longtemps.

« Ce n'est pas seulement pour un match, c'est ça le problème, car nous souhaitons et nous espérons pouvoir battre la Roumanie. Mais, si nous perdons, deux semaines après, nous devrons jouer les barrages », rappelle Frédéric Cocqu.

« Bien entendu, ils sont impliqués dans le projet mais six ou sept semaines sans travail, ce n'est pas possible ni pour eux, ni pour les autres joueurs. C'est pour nous un grand, grand défi. »

Heureusement pour lui, il connaît bien un certain nombre de joueurs pour avoir travaillé comme entraîneur des arrières de l’équipe il y a plus de dix ans, sous la direction de Richard McClintock. Il est également le père du demi de mêlée Tom Cocqu.

Un autre joueur qui a déjà travaillé avec Cocqu senior est le meilleur marqueur de points de tous les temps des Diables Noirs, Alan Williams. Ce dernier joue actuellement pour le RC Soignies dans l'élite belge après être rentré au pays en 2017, suite à une décennie passée en France.

« Nous avons déjà battu le Portugal, nous avons battu la Russie et on doit gagner contre de grandes équipes pour progresser et monter d'un niveau », insiste Alan Williams. « Nous allons en Roumanie pour essayer de gagner. La Roumanie n'a pas eu un très bon championnat car sinon elle ne serait pas là où elle est. Donc, c'est peut-être la plus grande opportunité que nous ayons jamais eue de les battre. »

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