Après le report du Tournoi des Six Nations féminin de 2021 la semaine dernière, un certain nombre de personnes n’ont pas manqué de réagir sur les réseaux sociaux, prétextant que « tout le monde s’en moque ».

C’est en réponse que le mouvement #icare a commencé, comme un appel lancé aux fans de rugby féminin et aux joueuses à montrer leur soutien au sport. Derrière ce mouvement se trouve Stef Evans, pilier des Bristol Bears.

Dans une publication sur Instagram, Evans a expliqué que, selon elle, si certains prétendent que « tout le monde s’en moque », c’est que ces mêmes personnes ne se doutent pas de ce que représente le rugby féminin aujourd’hui.

« Si vous vous souciez des Six Nations féminin, des problèmes inhérents au jeu, du rugby féminin en général, dites-le. Publiez une photo de vous-même en train de jouer, ou de votre joueuse ou de votre équipe féminine préférée. Parlez de ce que cette photo signifie pour vous, de ce qu'elle représente. Et utilisez le hashtag #ICare. »

La campagne a vie entraîné le soutien des fans de rugby dans le monde entier, mais aussi des joueurs, des écrivains et des fédérations et a depuis été partagée des milliers de fois.

« Tous les commentaires qui disaient que « tout le monde s’en moque », étaient simplement et factuellement inexacts. Mis à part vos opinions, ce n’est tout simplement pas exact », assure Stef Evans.

« Puis j’ai commencé à me demander : pourquoi pensent-ils cela ? Peut-être que c’est à cause de la façon dont fonctionnent les réseaux sociaux, est-ce qu’ils vivent dans une bulle avec d’autres personnes qui partageant les mêmes opinions et qui n’ont aucune idée de ce qu’est le rugby féminin ? Peut-être que c’est ça, car sinon ils n'auraient pas la confiance nécessaire pour aller sur un forum public et publier ça. »

Tous les commentaires ne sont pas malveillants, et Stef Evans voit cette campagne comme un moyen d’interagir avec ceux qui ont formulé ces commentaires et de les informer sur la réalité et la croissance du rugby féminin. « Peut-être qu'il y a des gens qui sont conscients de harceler et de polluer les débats et qui s’expriment avec cette intention. Mais il y a aussi peut-être des gens qui ne le font pas intentionnellement, pensant que ce qu'ils disent est normal et acceptable, mais aussi que c’est ce que pense la majorité. »

Comment elle a créé sa propre marque de vêtements de sport

En 2018, après être revenue au rugby après s’en être éloignée, Stef Evans a remarqué que de nombreux shorts de rugby pour femmes n’avaient pas été conçus spécifiquement pour des joueuses de rugby. Forte de son expérience dans la confection, elle a alors conçu des shorts de rugby pour les joueuses, de toutes formes et de toutes tailles, prenant les mesures de centaines de joueuses de rugby, et c’est ainsi que sa marque Ruggette RFC est née.

Son entreprise, en plus de son activité avec les Bristol Bears, font qu’elle est la première témoin du soutien apporté au rugby féminin. Pourtant, l’ampleur et la tournure que la campagne #icare a pris l’a surpris.

« En quelques heures, je me souviens d'avoir regardé mon téléphone et d'avoir été presque un peu dépassée par le nombre de personnes qui interagissaient. Je pensais que c'était encore mieux que je ne le pensais. C'était un peu partout sur Twitter. Ça venait de tous les pays et je devais toujours traduire des articles en anglais pour pouvoir les lire ! »

Une année importante pour le rugby féminin

Stef Evans pense que le report des Six Nations féminin 2021 offre une opportunité pour les fans de rugby masculin de s’intéresser au rugby féminin, car ça n’arrivera pas en doublon des matches masculins du Tournoi.

« Il y a tellement de bonnes choses qui pourraient découler de cette campagne », dit-elle. « Beaucoup de gens affirment à quel point ils se soucient du rugby féminin, et ils en parlent autour d’eux. J'espère que nous pourrons utiliser cet élan et le convertir en engagement avec le Six Nations féminin et la Coupe du Monde de Rugby plus tard cette année.

« J'ai vraiment l'impression que cette Coupe du Monde va être un point de basculement. Tout s’est construit au cours des dernières années, et il y a ce dicton qui dit que ‘si vous prenez suffisamment d’élan, vous volerez’. J'ai l'impression que le rugby féminin en est là. C'est maintenant qu'il y a assez d'élan, qu’il y a assez de gens qui en parlent, qui interagissent, qui regardent et qui s'intéressent.

« J'ai le sentiment que dans 10 ans, lorsque nous regarderons en arrière, nous lirons cette page Wikipédia sur la façon dont 2021 a été l'année où le rugby féminin a vraiment décollé. Surtout compte tenu du taux de croissance dans le monde pour les joueuses. Je pense que ça va être énorme ! »

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