La première rencontre était un samedi, le 22 janvier 1910 exactement. Ce jour-là, Paris était sous les eaux, des maisons s'écroulaient, les gares étaient paralysées. Et à plus d'un millier de kilomètres de là, tout en haut du Royaume-Uni, une rencontre sportive allait marquer le début d'une très longue histoire.

Sur le terrain d'Inverleith à Édimbourg, l’Écosse accueille le XV de France. C'est la toute première fois que ces deux équipes s'affrontent. C'est d'ailleurs la toute première édition du Tournoi des Cinq Nations qui se joue entre les quatre équipes du Home Nations – l'Angleterre, l'Irlande, le Pays de Galles et l’Écosse – et donc la France qui fait le déplacement.

Le match a lieu à 10h et ce jour-là, devant 5000 spectateurs, l’Écosse met une véritable raclée à la France : 27-0 avec un triplé du capitaine Jim Tennent, un doublé de Ian Robertson, puis des essais de Alexander Angus et Geoffrey Gowlland ; John MacCallum passant trois transformations.

Dans les rangs des Bleus on repère notamment le capitaine Marcel Communeau, membre du World Rugby Hall of Fame, le demi de mêlée André Theuriet (petit-fils du romancier éponyme) et Marcel Burgun. La France prendra sa revanche l'année suivante en remportant son duel 16-15 au Stade Yves-du-Manoir à Colombes.

Nette domination de la France

En tout, les deux équipes se sont retrouvées face à face à 97 reprises dont deux fois en 2020. C'est contre l’Écosse que la France a en effet connu sa seule défaite du Tournoi des Six Nations (17-28 à Édimbourg le 8 mars), puis contre cette même équipe qu'elle a finalement gagné quelques mois plus tard dans la Coupe d'Automne des Nations (22-15 le 22 novembre, à Murrayfield).

En attendant la prochaine rencontre dans le cadre du Tournoi des Six Nations prévue, si tout va bien, le 28 février 2021, la France domine avec 56 victoires à ce jour contre 38 victoires pour l’Écosse (trois matches nuls).

La bascule dans l'ère du professionnalisme semble d'ailleurs avoir été plus favorable à la France puisqu'avant la fin de la Coupe du Monde de Rugby en 1995, la France comptait 33 victoires contre 31 pour l’Écosse en 67 rencontres.

La plus longue série de victoires françaises est de dix entre le 17 mars 2007 et le 5 septembre 2015 tandis que la plus longue parenthèse enchantée de l’Écosse n'a pas dépassé les cinq victoires consécutives, entre le 21 février 1925 et le 19 janvier 1929.

L'Écosse a rencontré la France lors de son premier match en Coupe du Monde de Rugby en 1987 en décrochant le nul (20-20) mais n'a plus figuré dans une poule avec Les Bleus depuis 2003. En tout, les deux équipes, qui se rencontrent au moins une fois chaque année, ont disputé trois rencontres en Coupe du Monde, avec deux victoires françaises (1995 et 2003).

La Auld Alliance

Malgré ce passé, ce n'est que depuis 2018, dans le cadre du centenaire de l'armistice, que les deux équipes se disputent un trophée commun : la Auld Alliance, ou la « vieille alliance ».

L'histoire remonte loin, au XIIIe siècle, en 1295. ce qu'on a qualifié de « Auld Alliance » était alors un accord militaire et diplomatique entre la France et l'Écosse. Dans un discours qu'il prononça à Édimbourg en juin 1942, Charles de Gaulle décrivit l'alliance entre les deux nations comme « la plus ancienne alliance du monde ».

Il a également déclaré à cette occasion : « Dans chacun des combats où, pendant cinq siècles, le destin de la France fut en jeu, il y eut toujours des hommes d'Écosse pour combattre côte à côte avec les hommes de France. Et ce que les Français ressentent, c'est qu'aucun peuple n'a jamais été plus généreux que le vôtre avec son amitié. »

Dans cet état d'esprit, le trophée a été pensé pour honorer les victimes de la Première Guerre Mondiale issues des communautés du rugby écossais et français. Plus spécifiquement les capitaines des deux nations lors des derniers matchs joués avant la Première Guerre mondiale : Eric Milroy (demi de mêlée, 12 sélections pour l’Écosse) mort à 29 ans dans la Somme et Marcel Burgun (centre, 11 sélections pour la France) tué à l'été 1915, mais aussi 22 internationaux français et 30 écossais, ainsi que d’innombrables autres joueurs originaires des deux nations.

« C’est l’association Mémoire de Rugby Events qui est à l’initiative de ce Trophée », rappelle la fédération française de rugby. « Son but est d’honorer au travers d’événements sportifs, culturels, festifs, commémoratifs et touristiques la mémoire du rugby, les rugbymen ayant actuellement ou ayant eu une influence locale, nationale ou internationale et les rugbymen morts pour la France au champ d’honneur. »

Le trophée en argent, haut de 60 cm et qui a nécessité 110 heures de travail, est remis au vainqueur du match France v Écosse chaque année au Tournoi des Six Nations. Et l'actuel détenteur est l’Écosse.

Dans le détail

  • Points marqués : France 1 440 / Écosse 1 223
  • Score moyen : France 14-12 Écosse
  • Premier match : 22 janvier 1910 - Écosse 27-0 France – Inverleith, Édimbourg
  • Dernier match : 22 novembre 2020 - France 22-15 Écosse – Murrayfield, Édimbourg
  • Nombre d'essais : France 173 / Écosse 147
  • Transformations : France 92 / Écosse 79
  • Pénalités : France 147 / Écosse 154
  • Drop goals : France 29 / Écosse 15
  • Taux de victoire de la France : 57,73%

Records de la France contre l’Écosse

  • Essais : 7 (victoire 51-16 le 21 février 1998 à Murrayfield)
  • Drops : 3 (victoire 15-9 le 19 janvier 1991 au Parc des Princes)
  • Points : 51, par deux fois ( victoire 51-16 le 21 février 1998 à Murrayfield et victoire 51-9 à la RWC 2003 le 25 octobre 2003)
  • Plus large victoire : 42 points ( 51-9 à la RWC 2003 le 25 octobre 2003)
  • Plus large défaite : 28 points (31-3 le 20 janvier 1912 à Inverleith

Records de l'Écosse contre la France

  • Essais : 7 (victoire 27-0 le 22 janvier 1910 à Inverleith / victoire 25-4 le 24 janvier 1925 à Inverleith)
  • Pénalités : 6 (victoire 18-17 le 18 janvier 1986 à Murrayfield / victoire 32-26 le 11 février 1918 à Murrayfield)
  • Drop goals : 2 (défaite 19-15 le 5 février 1983 au Parc des Princes)
  • Points : 36 (victoire 36-22 le 10 février 1999 au Stade de France)