La première saison qui suit une Coupe du Monde de Rugby est traditionnellement, pour les sélectionneurs des équipes nationales, l'occasion de tenter de nouvelles combinaisons, de tester de nouveaux joueurs. Et cette année 2020, bien qu'amputée par la crise sanitaire, a quand même pu remplir sa mission avec en ligne de mire la prochaine Coupe du Monde de Rugby en 2023 en France.

Le début du prochain cycle de Coupe du Monde de Rugby coïncide souvent avec le départ à la retraite d'anciens joueurs, ce qui signifie qu'il y a des places à prendre dans un groupe. L'occasion parfaite pour les entraîneurs pour remodeler les équipes et les emmener vers un nouveau projet de jeu.

Fabien Galthié, le sélectionneur du XV de France, l'a bien compris cette année. Et grâce à ses grosses lunettes, il a une vision claire sur comment construire une équipe de champions du monde dans les trois prochaines années. Sa stratégie intègre des joueurs de la « génération dorée », de celle qui a été sacrée championne du monde des U20 deux années de suite, en 2018 et 2019.

L'ancien demi de mêlée du XV de France a sélectionné plus de nouveaux joueurs (huit) que tout autre entraîneur des Six Nations avant d'en engager encore plus sur la Coupe d'Automne des Nations. A tel point que lors du dernier match de poule contre l'Italie, la France comptait dans son XV de départ 11 nouveaux joueurs.

Anthony Bouthier (France, 6 sélections)

Anthony Bouthier jouait pour le RC Vannes en Pro D2 il y a encore 18 mois, club dans lequel il avait signé en 2014 lorsqu'il évoluait encore en Fédérale 1. Depuis, Anthony a vite gravi les échelons jusqu'à signer à Montpellier en 2019. Vu comme un arrière de premier choix pour l'équipe de France, Anthony a gagné sa première sélection contre l'Angleterre au Stade de France en février 2020. Son habileté à passer le premier rideau en contre-attaque convient parfaitement à ce nouveau style de jeu français basé sur la vitesse et la course.

Gabin Villière (France, 2 sélections)

Son casque bien vissé sur la tête, Gabin a fait son apparition à l'aile pour la première fois contre l'Italie en Coupe d'Automne des Nations. A la 54e minute, ce qu'on attendait de lui s'est produit avec une percée impressionnante depuis le camp italien suivie d'une course seul en tête vers l'en-but adverse et un bisous sur le ballon au passage avant de plonger, comme il avait coutume de le faire lorsqu'il fréquentait le HSBC World Rugby Sevens Series.

Puis contre l'Angleterre le week-end suivant, en finale de la Coupe d'Automne des Nations, il a également montré des qualités défensives nécessaires à ce niveau, capable de sécuriser un ballon gratté tout en étant au fait des bombes aériennes qui lui arrivent dessus.

Jack Willis (Angleterre, 2 sélections)

Jack Willis a gagné sa toute première sélection pour l'Angleterre contre la Géorgie lors du premier tour de la Coupe d'Automne des Nations.

Avec l'Angleterre dominant la possession, le flanker des Wasps n'a pas eu beaucoup d'occasions de montrer ses prouesses avec le ballon, mais il a marqué un essai pour ses débuts et c'est déjà excellent. Après avoir manqué le match contre l'Irlande, Jack Willis est revenu pour 20 minutes lors de la victoire contre le Pays de Galles. Mais les fans anglais devraient le voir beaucoup plus dans les années à venir.

Max Malins (Angleterre, 3 sélections)

Trois sélections, à chaque fois comme remplaçant, et trois victoires pour l'arrière des Saracens, actuellement en prêt chez les Bristol Bears. Il met les défenses adverses en alerte chaque fois qu'il met la main sur le ballon du fait de sa vitesse et de son agilité à se faufiler dans le plus petit espace.

Avec lui, l'Angleterre a vu son système d'attaque évoluer en seconde période, soit au moment il est entré en jeu sur la Coupe d'Automne des Nations notamment lors de la finale gagnée contre la France.

Caelan Doris (Irlande, 7 sélections)

Il est de cette lignée de puissants troisième-lignes pas prêts à lâcher le ballon facilement. Caelan Doris (photo principale) a été une pièce maîtresse chez les U20 et s'est tout de suite fondu dans la masse des seniors dès le premier jour.

Sa carrière internationale a commencé par un coup – sur la tête malheureusement – contre l’Écosse en février. Après voir été laissé de côté contre le Pays de Galles sur la deuxième journée, il a disputé tous les autres matches, sauf celui contre la Géorgie en Coupe d'Automne des Nations. Ses 38 ballons portés sont le 4e plus grand total du tournoi.

Hugo Keenan (Irlande, 6 sélections)

Keenan a gagné sa première sélection pour l'Irlande contre l'Italie dans le Tournoi des Six Nations après une saison 2019-2020 éclatante avec la province du Leinster ; et il a fêté ça avec une paire d'essais. Et il aurait même pu en marquer un troisième, d'ailleurs. Avec Jacob Stockdale que l'on considère désormais comme un arrière et Keith Earls qui est sans doute proche de passer la main, Hugo Keenan semble certain d'avoir une place régulière dans l'équipe.

James Botham (Pays de Galles, 3 sélections)

Le Pays de Galles a l'embarras du choix quand il s'agit de choisir parmi ses troisième-lignes. L'arrivée de James Botham a ajouté à la difficulté et pas seulement du fait de son patronyme. Le troisième-ligne des Cardiff Blues a en effet suivi les pas de son père Liam et de son grand-père Sir Ian en devenant sportif professionnel. Et force est de constater qu'il a surpassé les attentes.

C'est important de rappeler ici qu'il n'avait disputé que 13 matches pro avant de gagner sa première cap contre la Géorgie. Connu comme « le Duc » dans le groupe gallois, James Botham devrait garder la troisième-ligne pour les années à venir grâce à sa faculté de plaquer et porter. Il est décrit par le coach Wayne Pivac comme « un joueur très équilibré ».

Johnny Williams (Pays de Galles, 2 sélections)

Le Pays de Galles cherchait à combler le vide laissé par Jamie Roberts et Hadleigh Parkes au centre et semble avoir trouvé la solution avec les deux anciens joueurs des U20 Nick Tompkins et Johnny Williams. Les deux ont déjà impressionné, mais la présence de Johnny avec le n°12 est plus symbolique lorsque l'on sait qu'il a été traité pour un cancer des testicules il y a près de 18 mois seulement.

Il s'est parfaitement bien débrouillé malgré des conditions difficiles pour son premier test contre la Géorgie et a même marqué un essai contre l'Angleterre. Seule une légère blessure contractée en préparant le match pour la cinquième place contre l'Italie l'a empêché de finir la Coupe d'Automne des Nations avec son équipe. Il ne devrait pas attendre très longtemps pour avoir sa troisième sélection. Il n'a que 24 ans.

Paolo Garbisi (Italie, 5 sélections)

Il pourrait être ce demi d'ouverture dont l'Italie a cruellement besoin depuis que Diego Dominguez a raccroché les crampons il y a 17 ans. L'ancien capitaine des U20 italiens a inscrit un magnifique essai pour ses débuts contre l'Irlande dans le Six Nations. Il a même été préféré à l'ouvreur pourtant plus expérimenté Carlo Canna, qui a été repositionné au centre durant la Coupe d'Automne des Nations. Paolo Garbisi a trouvé de belles touches durant le tournoi et est capable de jouer au pied sur les longues distances pour gagner de l'occupation.

Mesulame Kunavula (Fidji, 1 sélection)

Le flanker fidjien d’Édimbourg a cassé trois plaquages et marqué un essai à la 41e minute dans le match pour la septième place de la Coupe d'Automne des Nations contre la Géorgie. Mesulame Kunavula a joué pour les Fidji sur le HSBC World Rugby Sevens Series, ce qu'ont bien compris les observateurs à Murrayfield, surpris par son jeu rapide et ses skills.

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