D'aussi loin qu'elle se souvienne, Zenay Jordaan a toujours baigné dans le rugby. Née dans une famille de sportifs à Cap oriental, en Afrique du Sud, c'est son père qui l'a initiée au rugby, parfois très tôt le matin, pour regarder des matches de rugby à la télévision.

Et lorsque le match était terminé, elle courait dans la rue le refaire avec les garçons du quartier. Une expérience enrichissante qui lui a donné le goût de continuer.

« Pour eux, tout était naturel, tout était dans la compétition », raconte-t-elle à World Rugby. « Et ça m'a poussée à être compétitive aussi. Voir comment ils faisaient, le niveau qu'ils avaient, comment ils se débrouillaient sur le terrain. Tout ça m'a donné envie de jouer contre les garçons. Ça m'a tellement appris. »

La fois où elle est devenue pro

C'est dans ces matches dans la rue que Zenay Jordaan a appris la rigueur du rugby, qu'elle aussi pourrait être douée pour y jouer. Elle a d'abord joué dans l'équipe des garçons de son école, puis plus tard dans une équipe féminine.

En 2009, elle fait ses débuts internationaux à la fois à 7 et à XV. Cinq ans plus tard, elle faisait partie des joueuses sud-africaines à qui on proposait un contrat pro.

Zenay Jordaan voulait être pompier lorsque le contrat lui a été proposé. Mais après une discussion avec ses parents, elle a décidé de s'engager dans le rugby. « La seule chose qui était difficile à admettre, c'est qu'on ne joue pas au rugby jusqu'à la fin de sa vie », reconnaît-elle.

« On savait dès le début ce qu'on voulait et c'était poser les bases mais aussi qu'un jour les joueuses puissent devenir professionnelles et décrocher un contrat. Donc quand cette opportunité s'est présentée, je n'avais pas d'autre choix que de la saisir et d'aider à faire grandir le rugby. »

Il s'est révélé que la décision fut la bonne. Zenay Jordaan se prépare actuellement à représenter l'Afrique du Sud pour son sixième événement mondial après avoir participé à deux Coupes du Monde de Rugby et à trois Coupes du Monde de Rugby à 7.

La demi d'ouverture serait tellement fière de revêtir à nouveau le maillot des Springboks Women pour New Zealand 2021. Et même si elle ne peut pas, elle sera quand même fière, fière d'avoir disputé les trois matches de qualification pour permettre à l'Afrique du Sud de revenir sur la grande scène internationale.

« J'ai pas mal pensé à tout ce qui s'était passé avant », confie-t-elle. « Si j'avais la chance de participer à une sixième Coupe du Monde, ce serait extraordinaire. Mais si ça n'arrive pas, je saurais aussi que j'aurais fait ce que j'avais à faire, c'est à dire qualifier l'équipe pour la Coupe du Monde. Donc dans les deux cas, je serais fière. »

New Zealand 2021

Ceci dit, l'occasion de jouer dans la première édition de la Coupe du Monde de Rugby qui se déroule dans l'hémisphère Sud est une occasion à ne pas manquer pour cette jeune fille de 29 ans.

« Je suis tellement excitée ! La Nouvelle-Zélande est sans doute le pays où j'ai le plus envie d'aller pour jouer. C'est un pays de rugby. J'ai joué dans beaucoup de pays avant, mais j'aimerais aussi beaucoup connaître l'ambiance et la culture dans cette autre partie du monde. »

Et cette excitation n'a pas été douchée par le tirage au sort des poules qui a placé l'Afrique du Sud dans la même Poule C que l'Angleterre, la France et les Fidji.

« Les filles sont très excitées ; on sait qu'on est probablement dans la poule la plus difficile », reconnaît Zenay Jordaan. « Maintenant il va falloir qu'on voit ce qu'on peut faire pour être compétitives contre ces équipes. »

Si les filles cherchent l'inspiration, elles n'auront qu'à la puiser de la Coupe du Monde de Rugby à 7 en 2009 lorsque l'Afrique du Sud avait battu l'Italie, l'Ouganda et l'Espagne pour se qualifier en demi-finale. Ce tournoi à Dubaï était également la première Coupe du Monde de Jordaan. « Et ça restera toujours le meilleur moment de ma carrière de rugby sous le maillot vert et or », sourit-elle.

Onze ans plus tard et alors qu'elle se prépare à une éventuelle sixième Coupe du Monde, Zenay Jordaan garde quand même un œil sur l'après. Quoiqu'il arrive, elle aimerait bien rester dans le rugby, même si pour l'instant c'est dans la finance qu'elle travaille.

« Ça ne m'intéresse pas trop de rester assise dans un bureau et de bosser de 9h à 17h », murmure-t-elle. « En fait, je préférerais être mon propre patron. »

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