Viengsamai Souksavanh a accompli beaucoup de choses dans le rugby depuis son initiation à ce sport en 2007, alors qu'elle était encore une élève. Au début on lui a dit qu'elle était trop petite pour jouer, mais progressivement elle est devenue une influente joueuse au niveau national.

Deux sérieuses blessures au genou ont mis un terme à sa carrière internationale de joueuse, mais elle a su rediriger toute son énergie dans le coaching et l'administratif.

Viengsamai Souksavanh est devenue la première femme Lao à entraîneure d'une équipe nationale au Laos et a mené son pays à trois victoires dans le Asia Rugby U17 Girls Sevens à Dubaï en 2017. En juillet, elle a été nommée directrice générale de la Lao Rugby Federation (LRF).

« En tant que fille unique, je n'ai jamais pensé que je pourrais aider ma famille comme j'ai pu le faire avec ma carrière », dit-elle à World Rugby. « Avant, je ne me suis jamais vue comme un modèle, mais maintenant je peux voir combien les joueuses et les membres du staff travaillent dur. Elles apprennent beaucoup et son très douées dans ce qu'elles font avec les enfants. Ce sont deux des réalisations que je ne pensais pas possible de réaliser. »

Un sens inné de la communauté

Pour elle, le rugby était l'occasion de se faire des amis, de développer un vrai sens de la communauté et de créer une vraie famille lorsqu'elle a commencé en 2007.

Encore aujourd'hui elle ne comprend pas pourquoi un entraîneur lui a dit qu'elle était trop petite pour jouer au rugby, mais elle assure que cette remarque l'a au contraire rendue plus déterminée à réussir.

« C'était un moment vraiment important pour moi de décider que j'allais travailler dur et prouver que cette personne avait tort », se souvient Viengsamai Souksavanh.

« Après cela, j'ai pu jouer, et notamment pour l'équipe nationale, et développer mes compétences. J'ai pu en apprendre beaucoup sur le rugby, puis je me suis blessée une fois, puis une deuxième, toujours au genou, et je ne pouvais donc plus jouer avec autant de confiance qu'auparavant.

« Alors, à ce moment-là, j'ai vraiment décidé de consacrer mes efforts à l'entraînement parce que ça faisait une dizaine d'années que je jouais. Je voulais utiliser toutes mes connaissances et mon expérience pour être en mesure d’aider d’autres filles et d'autres femmes, ainsi que des personnes qui pensaient qu’elles étaient trop petites elles aussi et qu'elles ne pouvaient pas jouer.

« Je voulais m'assurer que tout le monde pouvait apprendre et en avait la chance. »

Cette détermination d’aider les autres reste pleinement en évidence grâce à sa participation à la Bourse de leadership pour dirigeantes par World Rugby.

La place de Souksavanh dans le programme a été confirmée en mai, bien que son intention de voyager dans le cadre de sa formation ait été suspendue en raison de la pandémie Covid-19.

La bourse a cependant permis à Souksavanh de s'inscrire à des cours d'anglais, tout en pouvant également suivre des cours de leadership au Laos.

« Je me suis sentie vraiment fière quand j'ai appris que je recevais la bourse et que j'étais capable d'être une leader ou un modèle pour d'autres filles au Laos et dans la région », admet-elle.

Une collecte de fonds

L’essor de Souksavanh dans le rugby laotien n’a pas été sans défis. Elle admet qu'elle a trouvé difficile le fait de passer du jeu au coaching, d'arriver dans un monde où elle a du affronter un certain sexisme.

« Ça m'a donné des maux de tête », sourit-elle aujourd'hui. « Mais je ne voulais pas m'arrêter à cause de ça. J'essayais de les surmonter. »

Car Souksavanh n'a certainement pas l'intention de ralentir. Elle est de retour à l'entraînement alors qu'elle vise un retour dans l'équipe nationale du Laos. Elle a aussi aidé sa fédération à lancer un nouveau plan stratégique et espère collecter des fonds afin de construire des terrains dédiés au rugby.

« Nous pouvons louer les terrains de football, mais nous ne disposons pas encore de notre propre espace. Mon grand rêve est de collecter suffisamment de fonds pour construire un terrain », assure-t-elle. « Je travaille très dur sur une stratégie de collecte de fonds en ce moment pour pouvoir construire un terrain.

« Le but n'est pas seulement de construire un terrain mais aussi de s'assurer que la fédération a assez d'argent pour continuer à fonctionner et ne pas avoir à arrêter son travail. C’est donc l’un de mes grands objectifs.

« Bien sûr, je me concentre vraiment sur le développement des entraîneurs, du staff et des arbitres, en particulier les femmes au niveau du club et des contacts. Parce qu'il n'y a jamais assez de femmes à ce niveau. Je travaille dur pour m'assurer qu'il y en a plus. Je veux vraiment voir que chaque pays de la région a plus d’équipes féminines, plus d’arbitres féminines, plus d’entraîneurs féminines.

« Elles peuvent constituer une base forte dans toute la région afin que les gens puissent voir que les filles et les femmes peuvent jouer au rugby et surmonter les stéréotypes que la communauté pourrait avoir sur qui peut être un joueur de rugby. »

POUR ALLER PLUS LOIN >>> KARINA SOERJANATAMIHARDJA STRUCTURE LE RUGBY FÉMININ EN INDONÉSIE