Le week-end du 22 février 2020 n'est pas un super souvenir pour les fans de l'Italie. Il avait commencé par une défaite des garçons 17-0 face à l’Écosse et, le lendemain, les filles avaient vu leur match contre l’Écosse à Rome annulé en dernière minute par les autorités alors que le Covid-19 commençait à faire des ravages. En quelques jours, le pays tout entier avait été mis sous cloche.

Sept mois plus tard, alors que l'Italie tente de revenir timidement à une impression de normalité, la vie semble revenir dans les rues et le sport commence progressivement à reprendre.

Le plus difficile : reprendre le rythme

La période qui s'ouvre est importante. Les Azzurri doivent dans un premier temps boucler leur campagne des Six Nations avec des matches contre l'Irlande puis l'Angleterre avant de disputer la Autumn Nations Cup contre l’Écosse, les Fidji et la France.

Quant eux filles, il leur reste trois matches à disputer pour le Tournoi avant de se concentrer sur le tournoi européen de qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2021 en décembre.

Autant dire que les enjeux sont énormes après une période aussi longue dépourvue de la moindre action sur les terrains.

« Le plus dur, ça va être le rythme », concède Braam Steyn, le troisième-ligne de l'Italie et de Benetton. « Reprendre avec une telle intensité, prendre des coups, en donner, aller vite et jouer avec un rythme soutenu. Ce sera ça le plus difficile. »

L'international aux 39 sélections, qui était titulaire lors de la défaite contre l’Écosse en février, veut vite tourner la page d'une année difficile à vivre.

« Bon, c'est vrai que la période de repos a été salutaire pour beaucoup de joueurs, surtout les troisième-lignes », dit-il. « Ces gars-là sollicitent beaucoup leur dos, leurs genoux, leur cou et tout ça. Et là, ça leur a fait du bien de se poser. Nos saisons sont assez longues : on passe direct du Pro 14 et des championnats d'Europe aux tests et on n'a jamais le temps de souffler. »

Giada, avide de rejouer

Chez les filles, la troisième-ligne Giada Franco n'a plus joué un match de rugby depuis la défaite en Six Nations contre la France le 8 février 2020. Elle a quitté les Harlequins cet été pour revenir à Colorno et se prépare à revenir en forme à Dublin à la fin du mois d'octobre. A 24 ans, elle ne cache pas son excitation de replonger dans le grand bain après une si longue absence.

« Ça a été très frustrant les premiers mois sans jouer au rugby », explique-t-elle. « On s'attend à attaquer dans le dur, mais en même temps, ces mois de repos n'ont fait que renforcer notre volonté de jouer ensemble, de rester en forme et de disputer des matches internationaux.

« Ça ne va pas être facile et on ne sait pas trop où on va, mais le désir de rejouer est plus fort et revoir l'équipe qu'on a laissé il y a plusieurs mois. Ce sera la clé pour qu'on performe du mieux possible. »

Un peu de jeunesse en plus

Les deux équipes, hommes et femmes, ont d'importants enjeux face à elles pour 2020. Pour Braam Steyn et ses coéquipiers, il s'agira de mettre fin à une série de Tournois sans victoire en espérant battre l'Irlande ou l'Angleterre avant de s'offrir quelques équipes sur la Autumn Nations Cup.

Pour cela, l'entraîneur d'origine sud-africaine Franco Smith a appelé 11 joueurs âgés de moins de 23 ans pour son stage de reprise à Parme en septembre. Steyn est convaincu que ça ne pourra que rebooster l'ensemble de l'équipe.

« Ça va être trop bien, ce sera comme une autre Coupe du Monde », dit-il. « D'avoir pas mal de jeunes qui arrivent va vous laisser le temps de nous construire tous ensemble, de rester ensemble pendant un bon bout de temps et d'essayer d'aller plus loin.

« C'est le moment idéal pour que le rugby italien puisse se développer. Tous ces jeunes talents viennent pour ça. Ces gars-là sont très bons et ils veulent travailler dur. C'est ça qui me motive même si ça nous met nous, les anciens joueurs, en concurrence. Mais au moins ça permet d'élever notre niveau. « Il y a encore de la marge entre nous et les autres équipes et les entraîneurs sont déterminés à la réduire. »

Un billet pour la Nouvelle-Zélande en jeu

La situation est un peu différente pour Giada Franco et les Azzurre. En 2019, elles vivaient leur meilleure campagne des Six Nations avec trois victoires dont un mémorable 31-12 sur la France, pour finir deuxième derrière l'Angleterre. Giada a été élue Joueuse du match de la première journée, une victoire sur le Pays de Galles, mais les Italiennes se sont ensuite cassé les dents face à la France. Néanmoins, elles peuvent encore maintenir leur niveau de l'an passé.

« On n'a jamais parlé de finir premières, deuxièmes ou troisièmes », raconte-t-elle. « On a en revanche toujours parlé de grandir ensemble pendant le Tournoi, de jouer du mieux possible à chaque match et de construire à chaque rencontre. C'est ce qu'on se disait il y a encore quelques mois et on n'a pas changé de discours. »

Sauf qu'un nouvel enjeu s'est ajouté avec le tournoi européen de qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2021 qui aura lieu en décembre. Les Azzurre joueront l'Irlande, l’Écosse et le vainqueur du Rugby Europe Women's Championship sur trois week-ends.

Le vainqueur gagnera son billet pour la Nouvelle-Zélande tandis que le finaliste aura une ultime chance de se repêcher face à trois autres équipes pour un dernier mini tournoi.

Dans cette optique, la dernière rencontre comptant pour le Six Nations, face à l’Écosse le 5 décembre, comptera également pour le tournoi européen de qualification pour 2021.

« Ça va nous faire bizarre de jouer le Six Nations en octobre, mais la qualification viendra juste après en décembre et on pourra vraiment se servir de ces matches pour bien nous préparer », assure Giada Franco.

« Notre principal objectif sera la qualification pour la Coupe du Monde parce qu'il n'y a qu'une place pour quatre équipes. On travaille dur depuis deux ans pour ça, toute l'équipe, et nous sommes prêtes. »

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