Amy Perrett a pris les choses avec philosophie lorsqu'il s'est agi de revenir en tant qu'arbitre sur le terrain de rugby au début de l'année 2019. Et le fait qu'elle soit intervenue sur le Super Rugby AU ne change rien à sa façon de voir les choses.

« J'ai cette attitude qui consiste à se dire que, même si c'est mon dernier match, je serais satisfaite de ce que j'ai fait », confie Amy Perrett à World Rugby. « Je ne serais jamais déçue. »

C'est l'attrait d'arbitrer pour les deuxièmes Jeux Olympiques qui a motivé Amy à revenir au jeu après la naissance de son fils, Liam en 2018. Elle avait arbitré la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2014 ainsi que plusieurs matches des Jeux de Rio 2016 avant de se consacrer quasi exclusivement au HSBC World Rugby Sevens Series.

Mais l'impact du Covid-19 et l'apparition du Super rugby AU ont agi comme une opportunité pour elle. Le 28 août, l'Australienne est en effet devenue la première femme à arbitrer un match de Super Rugby lors de la rencontre entre les Brumbies et la Western Force.

La sélection de Perrett a été gardée secrète dans les jours qui ont précédé la rencontre de la neuvième journée, en partie à cause des réactions suite à son premier match en tant qu'arbitre assistante sur le Super Rugby. Alors qu'elle se rendait au stade de Canberra avec les autres membres de son équipe le mois dernier, elle a coupé son téléphone.

« Lorsque j'ai été arbitre assistante en Super Rugby pour la première fois, ça a vraiment fait du bruit dans la presse », se souvient-elle. « Suite à ça, je voulais vraiment que ce soit plus discret par la suite et laisser mon arbitrage parler pour moi, éviter le côté qu'est-ce que ça fait d'être une femme au centre du terrain. Laissez-moi montrer ce que je peux faire et prouver que je mérite ma place sur le terrain plutôt que de palabrer pendant une semaine. »

Un déluge d'encouragements

Ayant ainsi pu se concentrer sur le match, Amy Perrett a pleinement profité de sa soirée au centre du terrain ; soirée au cours de laquelle les futurs champions du Super AU, les Brumbies, ont gagné 31-14.

« Je me sentais bien d'être à la tête de l'équipe et d'être pleinement en contrôle », dit-elle. « En tant qu'arbitre assistante, j'ai parfois du mal parce que je n'aime pas laisser tomber le capitaine [des officiels de match]. Au moins, là, j'étais au centre, je pouvais me détendre et y aller à fond, prendre mes propres décisions, les assumer et ne pas me soucier de laisser tomber qui que ce soit ou même moi-même parce que j'avais la confiance nécessaire, j'étais convaincue que je pouvais y arriver. »

Après la rencontre, Amy a redémarré son téléphone et un déluge de félicitations a inondé son appareil. Et comme elle devait revenir sur la touche en tant qu'arbitre assistante à Melbourne le lendemain, il lui a fallu jusqu'au milieu de la semaine suivante pour lire et répondre à tous les messages qu'elle avait reçus.

« Je crois que ce qui a compté pour moi ce jour-là a été de rester concentrée et de profiter ce que je faisais », observe-t-elle. « J'ai mis du temps à lire tous les messages, j'ai reçu beaucoup de soutien après le match et en fait j'étais satisfaite de la manière dont les choses se sont déroulées.

« C'était encore mieux de lire tout ça à tête reposée. C'était même assez surprenant de voir tous les encouragements que j'ai reçus, en particulier en provenance de l'étranger. Je ne pensais pas qu'autant de gens regardaient notre rugby, le Super Rugby AU.

« C'était plutôt cool d'avoir ce genre de soutien et de savoir que beaucoup ont regardé ; et des gens du rugby en général, pas seulement des arbitres. C'est vraiment positif pour le rugby. »

Une fierté personnelle

Amy admet cependant qu'elle ne s'attendait pas à vivre des émotions aussi fortes sur ce match. Mais suite à cette expérience inédite, elle espère bien que ce ne sera pas la dernière du genre.

« C'est clair que maintenant que j'y ai goûté, je veux le refaire ! », rigole-t-elle. « Je ne veux pas que ce soit juste pour une fois, j'aimerais bien y retourner et montrer que j'appartiens à ce monde-là, travailler pour arriver à mon meilleur niveau et, si possible, inciter d'autres personnes, d'autres femmes, à faire de même, à se tourner vers l'arbitrage. »

Mais pour Amy Perrett, le moment le plus mémorable de cette journée historique n'était finalement pas le match en lui-même, ni même les encouragements qu'elle a reçus ensuite, mais la réaction de son fils Liam qui l'a regardé à la maison.

« Malheureusement, il n'avait pas pu venir, mais ils ont tous regardé le match à la télé. On a des images magnifiques de lui qui me voit à la télé et qui crie 'c'est maman, c'est maman !'. C'est trop mignon. C'est sans doute mon meilleur souvenir. »

Liam devrait avoir d'autres occasions d'encourager sa mère l'année prochaine puisque celle-ci ambitionne d'arbitrer à la fois sur les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de Rugby 2021.

« Je pense qu'avec le Covid j'ai du revoir mes priorités », reconnaît-elle. « Avant, j'étais entièrement branchée Sevens et je ne voulais faire que ça. Mais maintenant que j'ai goûté à autre chose et que j'ai pris du recul, je suis prête à prendre toutes les opportunités qui se présentent.

« Ça veut dire que si j'ai la chance de pouvoir enchaîner les JO et la Coupe du Monde je vais me porter volontaire et faire tout ce qu'il est possible de faire pour y arriver. »

La Coupe du Monde de Rugby 2021 sera la première édition du genre à se dérouler dans l'hémisphère sud et Amy Perrett est persuadée que la Nouvelle-Zélande sera une édition qu'on n'oubliera pas.

« Je pense que ce sera une super occasion de promouvoir le rugby féminin ici », explique-t-elle. « Se retrouver en Nouvelle-Zélande, avec celles qui sont multiples championnes du monde, je pense qu'elles vont mettre les petits plats dans les grands pour que le reste du monde du rugby apprécie le spectacle et qu'elles voudront montrer pourquoi elles sont championnes et pourquoi elles sont les meilleures. On l'a vu en 2011 avec les mecs. C'était un tournoi époustouflant. »

POUR ALLER PLUS LOIN >>> MARIA GALLO, FERVENTE AMBASSADRICE DU RUGBY FÉMININ