Le président de World Rugby, lui-même ancien joueur, ancien capitaine de l'Angleterre, ancien président de la Rugby Football Union et père de Josh, joueur aux Sale Sharks, qui a aidé à redéfinir le paysage rugbystique mondial depuis 1995, rappelle les grandes avancées du sport et ses ambitions.

Par sa carrière et son implication, Bill a traversé toutes les époques du rugby et le passage au professionnalisme a sans doute été le moment le plus charnière.

Une année historique

« À bien des égards, 1995 a été une année historique pour le sport avec une Coupe du Monde de Rugby incroyable en Afrique du Sud et ce moment Mandela », raconte Bill Beaumont. « La décision de l'IRB de l'époque d'ouvrir le rugby a été tout aussi importante et a eu autant d'impact que la Coupe du Monde 95 et notre retour aux Jeux olympiques.

« C'est une décision qui a changé le sport. C’était nécessaire et cela a ouvert la voie au développement et à la croissance phénoménale du rugby. »

« Le rugby a changé à un rythme soutenu au cours des 25 dernières années – probablement à un rythme même plus rapide que d'autres sports majeurs.

« Nous sommes passés de 70 fédérations membres de World Rugby à 127, avec l’Afrique et l’Asie en tête de cette croissance. »

Une belle success-story

La Coupe du Monde de Rugby Hommes est désormais le troisième plus grand événement sportif au monde et Japan 2019, en particulier, a été l'édition qui a été la plus bénéfique à bien des égards.

De même, la Coupe du Monde de Rugby Femmes suit la même trajectoire, après une édition qui a battu des records en Irlande en 2017 et avant la prochaine en 2021 qui se tiendra en Nouvelle-Zélande.

« Les Coupes du Monde de Rugby Hommes et Femmes ont été de grandes réussites », assure Bill Beaumont. « Elles constituent une vitrine mondiale pour présenter le meilleur du rugby et pour générer d'importantes retombées économiques, sportives et sociales pour le sport.

« Si 1995 a marqué un tournant historique, la RWC 2019 au Japon a littéralement changé la donne, a stimulé la participation et suscité un intérêt grandissant en Asie. Si vous comparez cela à 1995, l'audience est passée d'environ 50/100 millions de téléspectateurs à 2,04 milliards grâce à la révolution numérique.

« Bien sûr, pour développer votre base de fans, vous avez besoin de grands événements et de stars, et nous en avons beaucoup, que ce soit dans les matches à XV et à 7 chez les filles et les garçons. Mais le rugby en lui-même doit également être brillant et séduisant. C'est pourquoi nous conduisons en permanence un processus de révision des règles, nous nous efforçons toujours de rendre le rugby plus simple, plus sûr et plus accessible pour tous. »

Bill Beaumont lui-même avait mené l'Angleterre vers un Grand Chelem en 1980 dans le Tournoi des Cinq Nations à l'époque et, depuis, le rugby n'a jamais cessé d'évoluer. Mais depuis 1995, l'accélération a été plus soutenue.

« La forme du rugby a radicalement changé au cours de cette période », affirme Bill. « Le temps de jeu effectif est par exemple passé de 27 minutes à près de 40 minutes, il y a 10 mêlées de moins en moyenne par match aujourd'hui qu'en 1995 et il y a plus d'essais. Mais nous continuons à faire des progrès en matière de simplicité et de sécurité, comme avec la nouvelle directive sur la phase post-plaquage ou encore le cadre de sanctions pour plaquage haut qui réduit les taux de commotions cérébrales et qui a été testé aux Fidji et en Australie.

« Rien de ce monde en pleine croissance ne serait possible sans l'armée de bénévoles passionnés, de formateurs et d'entraîneurs qualifiés qui jouent un rôle si essentiel dans le monde entier. Nous savons compter sur une main-d'œuvre de près de 1 000 éducateurs et formateurs au sein de nos fédérations et nous sommes en voie de terminer de dispenser cette année plus de 140 000 cours sur le coaching, la médecine et le juridique, ce qui sera un record.

La santé des joueurs au centre de tout

Avec 41 sélections, le deuxième-ligne de l'Angleterre et des British & Irish Lions sait de quoi il parle quand il s'agit de bien-être et de santé des joueurs.

« L'avancée de ces 25 dernières années qui me passionne le plus réside dans le domaine du bien-être des joueurs », admet-il. « Le rugby est un sport physique, c'est indéniable. Mais nous travaillons sans relâche en nous basant sur ce que préconisent la recherche et les experts pour réduire les taux de blessures, en particulier les commotions cérébrales – un domaine dans lequel nous faisons d'importants progrès - et nous nous engageons à assurer le meilleur environnement de jeu possible pour les joueurs, à tous les niveaux. 

« Le rugby doit continuer à être pertinent pour les jeunes et par conséquent, nous devons restés focalisés sur le fait de le rendre sûr, simple, accessible et agréable à jouer et regarder pour tous.

« Nous devons écouter et placer les joueurs au cœur du débat et des décisions, adopter les nouvelles technologies pour faire progresser le bien-être des joueurs en nous basant sur des preuves. »

Des ambitions pour l'avenir

« Nous devons transformer l'opportunité offerte par le processus de sélection des hôtes des futures Coupes du Monde de Rugby pour proposer une stratégie d'accueil à dix ans qui permettra au rugby de toucher et de séduire de nouveaux publics, de nouveaux fans et de nouveaux participants.

« Nous devons continuer à impressionner lors des Jeux olympiques - la plus grande scène sportive au monde - et permettre à ces incroyables hommes et femmes d’inspirer la prochaine génération de fans et de joueurs de rugby grâce à leurs étonnantes compétences.

« Nous avons besoin d’un calendrier de compétitions internationales solide et équitable qui reconnaisse à la fois les besoins des clubs professionnels, ceux du rugby international et qui permette au rugby féminin de grandir au même rythme que les compétitions masculines.

« En fin de compte, pour que notre sport se développe, nous devons pénétrer de nouveaux marchés, élever le niveau de compétition et amener nos événements dans de nouveaux territoires.

« Le nombre de joueurs est passé de moins d'un million à plus de neuf millions, grâce notamment à la poussée des jeunes femmes dans les pays émergents du rugby.

« La base de fans de rugby est importante et en croissance constante. Elle a augmenté de plus de 30% à plus de 400 millions depuis 2013, grâce au succès des Coupes du Monde de Rugby Hommes et Femmes ainsi que des Jeux olympiques.

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