Au sens propre comme au figuré, plusieurs clubs de rugby féminin français vont mettre l'accent cette saison sur le Québec. En cette fin août, plusieurs joueuses du Québec ont en effet traversé l'Atlantique pour s'installer provisoirement dans plusieurs régions de France.

On en compte une vingtaine réparties entre le Stade Bordelais, le Stade Rennais, le Stade Rochelais, Lille et Lons. Du jamais vu. La saison précédente, on ne comptait que quatre Canadiennes, dont trois Québécoises en France.

On doit cette initiative originale et pleine de promesses pour l'avenir au duo François Ratier, directeur général de Rugby Québec, et Kevin Rouet, l'entraîneur de l’équipe du Québec et de l'Université Laval.

« On devait initialement partir en tournée avec l'équipe du Québec en mai et jouer contre Clermont à Vichy, chez notre sponsor », explique François Ratier. Mais la pandémie a changé les plans et a littéralement mis le rugby sous une chape de plomb insoulevable au Canada.

« C'est au ralenti total. Et comme notre saison est entre mai et novembre, on n'a même pas pu commencer. Pas de matches internationaux, pas de championnat universitaire à l'automne, rien... On va avoir une année entière sans jouer », regrette le DG de Rugby Québec.

Une affaire de contacts et d'opportunités

Grâce à la détermination de ces hommes et l'envie de jouer des filles, la frustration a vite été balayée par cette idée de génie : importer le rugby québécois chez les cousins français. C'est Bordeaux qui, le premier, a frappé à la porte du Québec pour lui proposer le deal au mois de mai.

« Entre le rugby, l'université, le projet sportif et tout ce qui tourne autour, c'était un beau package », apprécie Ratier, trop heureux d'exporter la valeur et l'image du rugby québécois. Il faut dire aussi que l'équipe qu'il chapeaute est championne des provinces et championne universitaire.

"Entre le rugby, l'université, le projet sportif et tout ce qui tourne autour, c'était un beau package."

François Ratier

Kevin Rouet a activé ses contacts avec les autres clubs et l'affaire était jouée. Bordeaux, comme les autres clubs qui se sont greffés au projet, ne peuvent que bénéficier du potentiel des joueuses et sortir gagnants de cette opération qui ne demande qu'à être pérennisée.

Avantages divers, logement, emploi à temps partiel, études... Les Canadiennes découvrent le confort de jouer dans une ligue dite professionnelle, d'autant que certains clubs offrent aussi une prime mensuelle.

Les entraînements ont déjà commencé et, si tout va bien, la saison devrait reprendre en septembre en France. Les filles y resteront jusqu'au mois de mai 2021 maximum, moment où le rugby devrait finalement reprendre au Canada. L'année blanche se transforme en année d'opportunités.

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