Avec les Jeux Paralympiques reportés à 2021, 2020 pourrait être considérée comme une année de transition pour la Fédération internationale de rugby fauteuil, la IWRF. Au contraire, ses dirigeants ont souhaité profiter de ce repos forcé pour relever certains défis qui devraient rendre la discipline plus forte à la fois financièrement et médiatiquement.

Quatre domaines clés - la gouvernance, les relations avec World Rugby, le financement et l'inclusion - sont au cœur du plan stratégique actuel jusqu'en 2023.

« Si vous êtes dans une organisation, en particulier une organisation qui manque de ressources, vous êtes toujours obligés de réagir aux situations, de subir, et chaque fois que c'est le cas, il est vraiment difficile de faire croître une entreprise, de la développer et de vous concentrer sur ce que vous voulez faire », confie le président de la IWRF, Richard Allcroft.

« J'ai toujours été convaincu qu'avec une bonne gouvernance en place on pourrait être plus proactif dans notre façon de faire notre travail. Je pense que c'est un domaine important que nous devons étudier et nous y consacrons beaucoup de temps. »

Une relation forte avec World Rugby

Depuis 2009, une relation de collaboration avec World Rugby a aidé l'IWRF à faire croître son effectif de 50%, passant de 20 à 30 fédérations membres dans le monde. Le quartier général de l'IWRF est situé à Sheffield, dans le nord de l'Angleterre, et est d'ailleurs en partie financé par World Rugby.

"Having World Rugby as an organisation we can go to and speak to for support is massive. They have helped us financially, with training and education, support around WADA compliance and with our communications."

Richard Allcroft, IWRF President

« Notre partenariat avec Word Rugby existe depuis 10 ans, peut-être un peu plus, et s'est développé d'année en année », rappelle le président. « Avoir World Rugby en tant qu'organisation à laquelle nous pouvons nous adresser et à qui parler pour obtenir un soutien est énorme. Ils nous ont aidés financièrement, mais aussi avec les formations, la communication et la mise en conformité des normes anti-dopage. »

À l’heure actuelle, les revenus de l’IWRF proviennent en grande partie des frais d’adhésion, des athlètes et des tournois. Mais alors que le nombre de membres augmente, la pression financière sur l'organisation augmente également.

« Nous avons connu une croissance au cours des 10 dernières années, passant de 20 pays membres à 30. Cette croissance importante a entraîné une forte demande sur les compétitions. Mais on ne va pas s'en plaindre car l'objectif est d'avoir encore plus de membres. »

Diversifier le rugby

Le quatrième volet du plan stratégique est de devenir plus inclusif et d'encourager le développement de la discipline dans le monde entier. Ainsi, le rugby fauteuil à cinq est en cours de développement en Grande-Bretagne. Le rugby fauteuil à 7 est aussi une réalité à la différence près que le ballon est ovale et non rond et que des essais et des transformations procurent les points.

« Notre sport s'est développé pour les personnes ayant un niveau élevé de déficience. Nous nous sommes toujours considérés comme un sport inclusif, mais au fur et à mesure nous nous sommes demandés si nous étions réellement ouverts à toute personne ayant une déficience », reconnaît le président Allcroft.

« Nous nous sommes penchés sur la question et nous nous sommes demandés comment faire pour être encore plus inclusifs. C'est pour cela que nous avons tenté d'autres formats du rugby. Mais le défi aujourd'hui est de pouvoir les placer au niveau international. »

Les Jeux Paralympiques sont le summum

Un quart de siècle après l'invention du rugby fauteuil au Canada, ce sport est devenu une des disciplines majeures des Jeux paralympiques de 2000 à Sydney.

Et ce n’est pas par hasard si tous les billets avaient été vendus avant même que les Jeux de Londres ne soient lancés en 2012.

« Je me trouvais au milieu de la foule, au milieu de gens qui, peut-être, regardaient un match de rugby fauteuil pour la première fois et ne savaient pas à quoi s'attendre », se souvient Richard Allcroft. « Lorsque le match commence, que vous ressentez tout de suite la puissance physique, que vous entendez les fauteuils qui s'entrechoquent, le bruit du métal, ça vous met dans l'ambiance !

« C'était énorme non seulement pour les huit nations qui s'y sont qualifiées (Japon, Australie, Danemark, Grande-Bretagne, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Canada et France) mais aussi pour le sport en général. Ça nous a procuré des opportunités de financement pour promouvoir notre sport.

« Faire partie du mouvement paralympique est essentiel car cela signifie que nous pouvons nous engager avec le Comité international paralympique et travailler avec d'autres sports qui travaillent dans le même but. 2021 pourrait être une année intéressante. »

Traverser les frontières

Augmenter la portée du jeu afin qu'aucune équipe ne puisse monopoliser la discipline, comme l'Australie l'a fait dans le passé, est une autre tâche à accomplir pour l'IWRF.

Ainsi, grâce aux Jeux Paralympiques de Rio 2016, l'Amérique du Sud a connu un regain d'intérêt au cours de la dernière décennie. Le sport est aujourd'hui pratiqué en Colombie, en Argentine, au Brésil, au Chili et au Paraguay. En Asie, le programme des Para-Games a intégré pour la première fois le rugby fauteuil et a tout de suite séduit.

Richard Allcroft a cependant conscience qu'il reste beaucoup à faire. L’Afrique, en tant que continent, par exemple, ne compte qu’un seul pays membre - l’Afrique du Sud - et ils sont 31e et dernier au classement mondial. Soit à l'opposé de leurs alter-ego du rugby à XV.

« L'Afrique est un domaine sur lequel nous allons nous pencher au cours de ce prochain cycle stratégique ; il y a un certain intérêt là-bas », insiste le président. « Mais comme en Amérique du Sud, la fourniture de fauteuils roulants est un énorme problème. Les fauteuils les moins chers peuvent encore coûter jusqu'à 2 000$ ! »

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